Chapitre 40

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Amalie LeBlanc

     Josh entre et la porte se ferme derrière lui, laissant Thomas s'éloigner. Je n'ai pas envie d'y passer la soirée, alors je ne perds pas une minute pour connaître la raison de sa venue, pour pouvoir le renvoyer chez lui le plus rapidement possible.

     - Qu'est-ce que tu veux Josh ?

     - Ecoute Li, je suis tellement désolé si tu savais. Je regrette. Je regrette sincèrement tout ce que j'ai fait. Je ne suis pas prêt à renoncer à nous.

     - Tu semblais l'être quand tu avais ta langue fourrée dans la bouche de cette fille.

     Je sens que ma remarque le pique à vif, et c'est exactement la réaction que j'espérais.

     - Je me suis déjà excusé mille fois pour ça.

     J'aimerais lui dire de continuer de le faire. Ou alors lui dire que ça ne sert plus à rien de s'excuser car le mal est fait. Mais rien ne sort de ma bouche. J'ai l'impression d'être bloquée. Bloquée dans cette même spirale depuis des mois où nous avons sans arrêt la même conversation, et que nous arrivons sans arrêt à la même conclusion.

     - Li, je n'ai jamais arrêté de penser à toi. Tout ce que je veux, c'est que tu sois à nouveau dans ma vie. Il n'y a aucune autre fille que j'aime autant que je t'aime toi. Je ne veux pas perdre ce que nous avions. Je ne veux pas te perdre.

     Un instant de silence s'immisce dans son monologue, mais je sens qu'il n'a pas fini.

     - Amalie, je ne veux plus être loin de toi.

     Il fait un pas dans ma direction.

     - Quand j'ai dit que je voulais retrouver ce que nous avions, je ne mentais pas.

     Un autre pas, et mon cœur accélère.

     - Amalie.

     Je reste silencieuse, pleine d'appréhension avec un millier de pensées se bousculant dans mon esprit.

     - Quand je t'ai fait ma demande, il y a plus d'un an, c'était en sachant que tu étais celle qui me fallait. Alors si c'est ce qui peut te prouver que je suis vraiment désolé...

     Il prend une grande inspiration et glisse sa main dans sa poche.

     - Est-ce que tu veux de nouveau m'épouser, Amalie ?

     J'ai la sensation que mon esprit est anesthésié pendant un instant. J'ai besoin de plusieurs secondes pour réunir des pensées cohérentes et sentir le courant électrique qui se propage dans tout mon corps. IL A DIT QUOI ?!

     - Je ne veux plus vivre sans toi, il ajoute, s'il te plait.

     Son ton est presque suppliant.

     Je percute chacune de ses paroles. Chacun de ses mots s'incrustent dans mon esprit et ma mémoire s'active. Notre rencontre en salle de réunion, notre premier rendez-vous, la première fois qu'on s'est embrassé, notre première dispute. Puis chaque "je t'aime". Chaque reproche. Chaque moment de complicité. Chaque larme. Chaque échange de regards au bureau. Chaque mot blessant. Tout défile. Sa demande en mariage. Notre énième dispute. Lui qui quitte son appartement comme un voleur. Moi qui part après lui pour m'excuser de choses dont je ne suis pas responsable. Lui et cette fille.

     Mon sang ne fait qu'un tour.

     Ça y est.

     Comment j'ai pu mettre autant de temps à m'en rendre compte ?

     Je suis libérée.

     Je vois enfin l'évidence.

     Quelques larmes perlent au coin de mes yeux. Cette révélation - tardive - me donne l'effet de m'être débarrassée d'un poids.

     - Non.

     Je ne peux empêcher un sourire d'apparaître sur mon visage alors que quelques larmes coulent sur mes joues. L'expression confuse qui orne son visage me provoque un rire que je tente d'étouffer.

     - Non ?

     Il fronce les sourcils, ne comprenant probablement pas ma réaction.

     - Non Joshua, je ne veux plus que tu fasses partie de ma vie. Je ne t'aime plus ! Et je suis tellement désolée pour moi d'avoir mis autant de temps à le comprendre !

     - C'est Thomas qui t'as mis toutes ces idées dans la tête, c'est ça ?

     Cette fois-ci, un véritable éclat de rire s'échappe de ma gorge.

     - Qu'est-ce que tu as avec Thomas à la fin ? C'est parce qu'il réussit là où tu as échoué ?

     Son visage s'empreint de sérieux.

     - D'accord, si c'est ce que tu veux Li. Mais s'il te brise le cœur, ne reviens pas vers moi en pleurant pour essayer de me récupérer.

     Je tente de garder mon sérieux.

     - Je ne plaisante pas, une fois que j'aurai passé cette porte, ça sera fini.

     ALORS VA ! Je m'empêche de le crier et l'invite simplement à partir et à ne plus jamais revenir. Un air grave sur le visage, il tourne les talons et claque la porte avec rage.

     Si mon utérus n'était pas aussi douloureux, je crierais et je sauterais de joie ! Je suis tellement contente d'avoir enfin eu le déclic de me détacher complètement de lui.

     Cette fois-ci, je ne l'ai pas seulement écouté me supplier de reprendre là où on en était. Je me suis projetée dans ce à quoi ma vie ressemblerait si j'acceptais sa demande. Et cette vision m'a terrifiée. J'ai déjà passé trop de temps à penser à lui, à regretter ce qu'il s'est passé. Mais je ne suis pas responsable de tout ça. Je mérite bien mieux que ça. Et je suis soulagée de l'avoir enfin compris.

     Et je sais que cette nouvelle va faire des heureux à New York. Je m'empresse d'attraper mon téléphone pour appeler mes amis avec qui j'ai peu parlé récemment pour leur raconter tout ce qu'il vient de se passer. Ils vont enfin pouvoir dire "on te l'avait dit !".

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant