Chapitre 19

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Thomas Anderson

     Je quitte la salle de réunion, alors que je sens la présence de mon meilleur ami derrière moi.

     - Arf, ces gens et leur mariages, ça me rend dingue, je râle.

     - Et moi qui pensais que cette fille t'avais rendu romantique, plaisante Eliott.

     Je pouffe et m'empresse de répondre.

     - C'est pas ça, c'est juste que tous ces gens investissent du temps et de l'argent dans un mariage pour que la moitié d'entre eux finissent en divorce. C'est du gâchis !

     - En attendant, ils nous rapportent une belle somme d'argent, enchaîne Harry qui s'approche de nous.

     Mon collègue n'a pas tort sur ce point, je dois le reconnaître. Mais est-ce que les gens ont besoin d'être aussi enquiquinants concernant des détails aussi minimes que l'étiquette des bouteilles de vins servies à leur cérémonie ? C'est notre image de marque. Cette étiquette représente notre domaine et ils veulent la remplacer par leurs noms et date de mariage.

     - Harry vous tombez bien, intervient mon père. Cassy aurait besoin de votre aide, un livreur a inversé des commandes et il semblerait que ce soit la fin du monde.

     Le responsable logistique s'éclipse après la remarque de mon père alors que mon ami reprend la parole.

     - Tous les mariages ne finissent pas en divorce, regarde tes parents.

     - Regarde les tiens, j'ironise en faisant allusion à ses parents séparés.

     - Oh allez les garçons, au travail ! On a une longue semaine qui nous attend.

     Le patron de Pacific Wine Co rebrousse chemin jusqu'à son bureau alors que l'homme à ma droite ajoute :

     - Il devrait vraiment prendre des vacances.

     - Et toi moins de pauses cafés.

     Il mine une moue offensée alors que je lui offre une tape dans le dos et regagne mon poste de travail. Je passe en revue les dernières notifications sur mon portable, mais rien ne retient mon attention. Sûrement car je ne trouve pas ce que j'attendais. D'un autre côté, je ne peux pas en vouloir à Amalie. Notre relation n'est pas réelle, pourquoi elle m'enverrait un message ? Je repense à notre proximité hier, et à ses doigts entrelacés avec les miens. Ses yeux hazel traversent mon esprit alors que je m'arrache de force à ces pensées. J'ai beaucoup de travail et je n'ai pas le temps de laisser mon esprit divaguer, encore plus en pensant à ma fausse petite-amie. J'ai fait une promesse à ma sœur, et à moi-même, et l'amour n'est pas ma priorité actuellement. Je m'attelle à trier la pile de papiers qui traîne sur un coin de mon bureau pour ne pas laisser la possibilité à ces pensées de s'installer.

*

     Une nouvelle personne est venue me saluer alors que je regarde l'heure. Il est dix-huit heures passées et un mal de crâne commence à se faire sentir. Je sers les dents et me force à fermer mon ordinateur. J'en ai déjà assez fait pour la journée. Au moment où je me lève, mon téléphone me signale un nouveau message entrant. Je me sens idiot quand mes lèvres s'étirent en un léger sourire. Mes yeux parcourent l'écran afin de lire le contenu. "Je vais au bar avec ta soeur. Envie de te joindre à nous ?". Je réponds à Amalie par l'affirmative alors que je quitte à mon tour les bureaux pour rejoindre Sarah et sa meilleure amie au bar dans lequel j'ai l'habitude de retrouver mes potes.

     En passant la porte, mon regard balaye les lieux qui commencent à se remplir et j'aperçois une jeune brune assise à une table. Je me dirige vers elle et elle sursaute quand je pose ma main sur son épaule pour lui signaler ma présence.

     - Salut !, elle s'exclame alors que je m'assois face à elle.

     Son visage rayonnant réchauffe mon cœur tandis que je n'arrive pas à détourner le regard.

     - Sarah n'est pas là ?, je l'interroge.

     - Non, elle grimace, urgence de dernière minute au travail. Mais elle ne devrait pas tarder !

     Je remercie intérieurement l'acteur qui doit donner du fil à retordre à ma sœur pour me permettre de passer un peu de temps seul avec Amalie.

     - T'as l'air épuisé, elle poursuit.

     - Longue journée, je réponds en passant ma main sur mon front.

     - Est-ce qu'un verre pourrait arranger ça ?

     Je réponds à son sourire et j'acquiesce alors qu'elle fait signe au serveur non loin.

     - Un whisky s'il vous plaît.

     Le garçon rebrousse chemin jusqu'au bar et m'apporte mon verre.

     - Tu ne prends qu'un soda ?, je l'interroge.

     - Tu es en train de juger mes goûts Anderson ?

     Un rictus m'échappe.

     - Je n'oserais pas, je m'exclame.

     - Fais attention à toi, elle plaisante à son tour.

     - Vous avez l'air de bien plus vous amusez que moi, soupire ma sœur.

     Elle s'écroule sur la chaise face à moi et nous salue avant de commander à boire à son tour.

     - Tes divas ne te laissent pas de répit, je la taquine.

     - Tu n'as pas idée, elle me répond.

     Elle nous raconte sa journée et je ne peux que compatir. C'est sur cette même note que se déroule la suite de la soirée : nous parlons de nos jobs et nous nous soutenons dans nos galères.

Tu sautes, je sauteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant