Tu dois écouter la musique, Eglantine.
— Whil.
Stanislav, une main sur son épaule, la sortie de ses pensées. Ils ne se trouvaient plus dans ce salon, la main du démon l'ayant attiré à l'extérieur sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte.
— Tu es pâle.
— Tout va bien, lui assura-t-elle de sa plus belle esquisse.
— Garde ce genre de faux sourire pour d'autres, Whil.
Pourtant, il ne l'obligea pas à lui révéler, à lui expliquer quoique ce soit. Elle lui en fut reconnaissante.
Enoncer l'existence des Murmures n'avait rien d'appréciable. La difficulté de discuter leur fonction avec des ignares ne devait pas transparaitre dans son discours. Pour Whil, l'obstacle lui parvenait de ses souvenirs et des sentiments contraires qu'elle avait pour l'un d'entre eux : Salomon Seward, celui l'ayant élevé comme un père.
— Tu souhaitais me parler, lui rappela Stanislav.
— Oh.
Tout sourire aux lèvres, manipulateur cette fois-ci, elle se détacha de lui pour lui faire face. Elle sentait que la demande n'allait pas l'enchanter, il fallait donc l'amadouer pour qu'il ne soit pas furieux. Et surtout, ne pas dire ouvertement la vérité.
— J'aimerais me promener.
— Whil, tu n'as pas besoin de me demander. Si tu souhaites te promener seule dans le palais...
— En dehors du palais Lilin.
La demande jeta un froid. Mais Whil avait besoin qu'un être capable de voler la fasse descendre, le lieu n'étant accessible que par voie aérienne. Et elle n'avait pas confiance en ses capacités d'alpiniste. Sa dernière chute avait été amortie par des arbres, il n'était pas dit qu'elle aurait autant de chance la prochaine fois.
Elle avait demandé de l'aide à d'autres démons du palais. Tous avaient refusé. Athiny ne souhaitait pas non plus lui apporter son aide. Et l'expression de Stanislav lui permit d'avoir un début de réponse sur les raisons de tous ces refus.
— Whil, dis-moi la vérité.
Comment avait-il deviné ?
— D'accord. Je souhaite créer un laboratoire de fortune pour mes expériences et j'aurai besoin de plantes.
Entre autres.
— Il n'en est pas question. Le Téras n'est pas un lieu d'exploration et de randonnée.
— Mais...
— Whil, regarde-moi droit dans les yeux et ose me dire que tout ceci n'est absolument pas dans le but d'étudier cette maudite potion que tu as ramenée de chez les Amazones.
Comment cet homme pouvait-il se montrer aussi perspicace ?
— Je... Stanislav, parlons-en.
— Pas maintenant, trancha-t-il. J'ai d'autres choses à régler.
D'autres choses à régler ? Des choses plus importantes qu'une discussion avec la femme qu'il aimait ?
Le rouge lui monta rapidement au nez. Qu'il ose lui interdire...
— Mon propre père, le fameux psychopathe que toi et le Téras haïssez tant, me laissait bien plus d'autonomie ! Et je pouvais sortir dès que je le souhaitais !
Sa main chercha à prendre celle de Whil, sans doute dans l'espoir de la calmer un peu. Elle s'esquiva de l'étreinte, repoussant le mâle d'une gratifiante gifle avec la paume de sa main. Dévastateur.
— Je ne suis pas une prisonnière ni un objet de décoration pour ta chambre. Si c'est le cas, je te conseille un sex-toy parce que tes prochaines nuits seront bien froides !
— Whil, ça suffit !
— Effectivement, ça suffit. Le fait que j'ai eu l'intention de briser notre lien n'est absolument pas une excuse pour ce genre de... comportement. Si tes instincts de démon te poussent à devenir une sangsue, les miens vont simplement me pousser à te fuir.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Stanislav la suivit, commençant à sortir de grands discours sur des menaces stupides, des conditions inutiles, mais aucune excuse.
— Tu as voulu briser notre lien, ça, c'est un fait. Et tu penses qu'en plus je vais t'autoriser à étudier cette potion ?
— Je n'ai pas besoin de ton autorisation !
Elle se retourna brusquement. Etait-ce elle la méchante dans l'histoire ?
— Tu ne me fais pas confiance, Stanislav. Et ça, c'est la vérité.
Le silence qui suivit fut comme un aveu de la part de son amant, ce qui l'incita à grimacer de dégoût. Bien sûr, elle y était pour quelque chose... Mais tout de même !
Alors, une fois au jardin de Lilith, la main du démon s'écrasa sur son bras pour l'obliger à s'arrêter.
— Whil, écoute-moi !
— Je ne veux pas entendre tes remarques. Je vais me taper un arbre, fiche-moi la paix.
L'instant d'après, ses pieds s'enracinèrent au sol, s'enfonçant dans la terre. Sa peau se changea en écorce. Elle se métamorphosa en arbre.
Whil boudait et à ce jeu, elle pouvait se montrer très douée.
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Au rythme de la nuit 2 - Dansons la Carmagnole
Fantasy*La lecture du tome 1 n'est pas nécessaire pour lire ce tome puisque les protagonistes sont différents. Néanmoins, les tomes suivent une chronologie. Donc le tome 2 se déroule après le tome 1. Bonne lecture.* Il existe des danses plus dangereuses qu...