Prologue

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Lorsque tout était en feu, que pouvait-il rester de la cendre ?

Dans le cœur de Stanislav il ne resterait qu'une seule chose de ce désastre. Il ne resterait que la rancœur et la fureur d'un monstre qui serait bientôt assoiffé de sang. Qui serait bientôt assoiffé de vengeance.

Il se tenait debout, fier malgré son jeune âge. Il ne serait plus un garçon d'une vingtaine d'années très longtemps. Encore quelques années, peut-être quelques siècles, mais qu'importe le temps qui passerait, il n'oublierait pas. Et il reprendrait ce qui lui revenait de droit.

Les yeux saphir de Stanislav observait la danse des flammes. Elle s'exécutait parfaitement devant lui, brûlant ce qui fut sa maison, son château. Une femme se tenait à ses côtés, Nikita, la sœur de son père. Sa tante. Une femme inutile qu'il ne parvenait pas à porter dans son cœur. Au contraire de son paternel qu'il avait toujours adoré et admiré. Un homme fort, capable de terrasser des armées à lui seul et de tendresse provenant de son cœur de fer. Stanislav l'avait toujours adulé depuis son jeune âge. Mais aujourd'hui, cette nuit, le Père de Stanislav n'était plus que passé, ayant sacrifié sa vie pour sauver celle de son fils.

— Nous ne fuyions jamais face à l'ennemi, avait alors répliqué Stanislav, prêt à se battre lorsque des créatures avaient réussi à pénétrer la demeure royale.

Pourtant son père avait refusé de laisser son fils se battre pour sa famille, pour leur couronne et leur héritage. Il ne pouvait se souvenir que de ça, d'un parent aimant. Lorsque ce qui avait été son chez lui disparaissait devant lui...

Alors Nikita, sa tante, l'avait entrainé de force hors du château déjà en feu pour l'emmener loin de lui, de son père grièvement blessé par une épée en argent. Brandit par Lizebeth Báthory, une vampire jusque-là inconnue. Au loin, il l'avait aperçu ôter la vie de l'homme, une haine puissante dans le regard. Son armure blanche lui offrait des airs de divinité guerrière, ce qu'elle n'était pas.

Cape dans un vent venu des fenêtres et des couloirs froids de l'habitat, un pied sur la face de l'homme glorieux, Lizebeth avait coupé la tête de son père invincible. Fière guerrière, le blanc immaculé de sa tenue de cavalière taché du sang de ses victimes, elle avait tourné brièvement le visage vers lui. Juste le temps pour Stanislav d'observer son regard aux teintes claires. Nikita ne lui avait pas laissé l'occasion d'approcher l'affrontement, l'obligeant à fuir comme un lâche !

À présent, il regardait les ruines de son château continuant de se faire consumer par ces flammes de l'Enfer. Les poings serrés, les canines puissantes et aiguisées prêtes à terrasser ses ennemis. Il était un vampire de sang royal, appartenant à une famille tout aussi puissante et de grand renom. Une famille dont le nom avait été trainé dans la poussière aujourd'hui.

D'autres vampires, des rebelles, les Báthory, avaient attaqué. Des individus souhaitant le retour d'une suprématie vampirique que le jeune vampire ne se souvenait pas avoir vu disparaitre durant le règne de son père. Des traitres faisant la revendication de choses incompréhensibles. De simples excuses pour ceux qui ne désiraient finalement qu'une seule chose : faire saigner les Dyavol. Stanislav n'était pas stupide, il connaissait la suite des évènements. Ces nouveaux vampires prendraient le pouvoir sur leur espèce, chaque vampire leur obéirait puisqu'ils avaient arraché la couronne au père de Stanislav.

Mais lorsque le vampire huma une autre odeur que celle du feu et des vampires ennemis, la rage qui monta en lui fut synonyme d'un désastre futur qu'il avait l'intention de commettre. Lizebeth Báthory avait reçu l'aide « d'humains ». Des chasseurs, des traqueurs. Ces traîtres s'étaient prostitués auprès de la Ronde, organisation humaine ne vivant que pour voir le Téras être réduit en cendre. Les humains de la Ronde n'étaient pas à prendre à la légère. Ces fanatiques étaient plus fous que les Idoles, et presque aussi dangereux qu'eux.

— Ils n'ont pas attaqué à la loyale, siffla de rage Stanislav. Ils nous ont pris en traitre, nous ont poignardé dans le dos pour éviter de nous combattre face à face.

Stanislav était vraiment furieux. Ce soir serait à tout jamais gravé dans sa mémoire. Il ne pourrait oublier ni ses images, ni cette fureur grandissante.

— La vie est ainsi faite, Stanislav. Les victorieux seront presque toujours les lâches. Un combat loyal ne trouve pas de raison dans une guerre.

Les paroles de sa tante ne l'apaisèrent pas. Elle était aussi lâche que stupide et cruelle, n'ayant pour ambition que celle de vivre. Même si cela avait signifié tuer son neveu, pour survivre Nikita le ferait. S'abreuver du sang d'innocents et annihiler des villages entiers, avec femmes et enfants, ne lui faisait ni chaud ni froid. Lorsqu'il s'agissait de lycans, elle tuait même pour le simple plaisir. Alors, évidemment, Stanislav n'attendait rien de sa tante.

Et tandis que le soleil se levait à l'horizon, obligeant les fugitifs à s'enfuir pour se réfugier dans l'obscurité de la forêt, Stanislav se jura qu'il se vengerait. Il récupèrerait ce trône qui lui revenait de droit, détruirait la Ronde et ceux que l'on appellerait plus tard les Saeva. Peu importe le prix à payer, sa fureur serait digne du roi qu'il serait.

Au rythme de la nuit 2 - Dansons la CarmagnoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant