Chapitre 5

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Aussitôt de retour à la maison, son père avait deviné qu'Eglantine dormait profondément dans leur tête. Ce qui l'avait trahi ? Elle hésitait entre les nombreux sacs de vêtements difficiles à transporter, sa tenue sombre et moulante ou sa nouvelle coupe de cheveux. A moins qu'il n'ait s'agit de la bagarre qu'elle avait déclenché et qui avait obligé son père à venir la chercher au commissariat ?

Certainement la coupe de cheveux. Eglantine prenait soin d'avoir une coupe nickel, droite et contrôlée. Mais Lytanax aimait être belle. Cheveux ondulés, les lourdes et souples boucles permettaient de faire ressortir les mèches naturelles de sa couleur de base. Avec ses bijoux en plus, elle se sentait à présent comme une pierre précieuse. Un diamant. Dur et froid mais terriblement beau et désiré. Apparemment, son père ne partageait pas son avis.

Après l'avoir ramené à la maison, il n'avait pas commis l'erreur de la confondre avec Eglantine, en profitant directement pour la sermonner avant de lui confier une mission au contenu inconnu puisqu'elle n'avait absolument rien écouté.

En temps normal, Eglantine était terrifiée par leur père. Mais là, tout était différent. Après tout, elle n'était pas Eglantine. Elle était Lytanax.

Et lorsqu'elle buvait, Eglantine la timide devait Lytanax la rebelle.

Ce changement de personnalité ne lui arrivait pas seulement lorsqu'elle buvait un verre. À dire vrai, cela pouvait lui arriver assez souvent. Lorsque le danger était plus qu'imminent, ou bien qu'un miroir lui faisait croiser son reflet. Ce n'était pas pour rien qu'Eglantine portait des lunettes alors qu'elle n'avait aucun problème de vue. Même si l'objet l'entravait, l'empêchant parfois de voir correctement, cela l'empêchait de « changer » à chaque fois qu'elle se voyait dans le reflet d'une vitre, devant le miroir des WC ou encore dans une simple flaque d'eau. Ce qui énervait Lytanax.

Être enfermée dans sa propre chair n'avait vraiment rien d'amusant.

Les lunettes l'empêchaient de se voir directement, et donc de laisser Lytanax montrer ce qu'elle était véritablement. Même si parfois cela ne suffisait pas pour retenir la jolie rebelle castratrice.

« On ne parle pas de femme castratrice pour une jeune fille qui veut vraiment castrer les hommes, Lytanax », intima une voix dans sa tête.

La jeune femme écarquilla les yeux. Depuis quand Eglantine était-elle capable de lui parler ou d'entendre ses pensées ? Habituellement, elle se contentait de dormir.

Qu'importe.

Lytanax vérifia son pantalon du même cuir que sa veste – qui n'était pas sa veste – et surtout que son corset permettait de bien maintenir sa poitrine tout en la mettant en évidence. Ses cuissardes bien positionnées, elle enfila la veste à l'odeur attrayante, se demandant si c'était ça être une héroïne de Matrix, si l'on oubliait que les baguettes attachant ses cheveux en un chignon sévère étaient deux armes redoutables. Une tenue attirant les regards lubriques, mais pas suffisamment pour que Lytanax se sente vulgaire.

Elle aurait tout de même préféré une rapière comme arme que deux baguettes chinoises en inox.

Son père lui tendit le dossier qu'elle s'empressa de prendre. Eglantine aurait tremblé et rougit de honte vis-à-vis de ces vêtements qui montraient délibérément ses formes. Les mâles du Téras étaient facilement distraits par les formes des femelles, qu'elles aient appartenu au Téras ou non. Mais les femelles du Téras étaient bien plus belles que ne le seraient jamais Eglantine. Voilà pourquoi Lytanax avait en plus rajouté du maquillage autour de ses yeux pour insister sur leur couleur argentée, intensifiant son regard.

Au rythme de la nuit 2 - Dansons la CarmagnoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant