Au rythme de la nuit 2 - Dansons la Carmagnole

Chapitre 8

Monstre. C'était ainsi qu'elle l'avait nommé.

Stanislav ne connaissait que très peu de créatures du Téras capable d'insulter ainsi une autre créature non-humaine. Il n'y avait que les créatures les plus chétives et craintives. Et bien sûr, il y avait les humains.

Mais Eglantine ne pouvait être humaine.

Et alors qu'elle disparaissait au loin, le fuyant comme si sa vie en dépendait, il la laissa partir avec le sentiment que ce n'était pas la dernière fois qu'ils se voyaient.

Le destin voulait les voir réuni, elle ne pourrait le fuir éternellement. Elle l'accepterait comme lui l'acceptait en cet instant. Et lorsqu'il aurait récupéré sa couronne, qu'il aurait récupéré son peuple, ses richesses et sa souveraineté, lorsqu'il aurait laissé son cœur se charger de lui donner l'apparence de ses ancêtres, il irait la retrouver. Il retournerait chercher Eglantine pour montrer au peuple de cette dernière qu'il était le mâle le plus digne pour elle. Et son peuple l'accepterait, Eglantine aussi.

Elle n'aurait plus peur de lui et elle ne craindrait plus rien du monde puisqu'il serait là pour elle, pour la protéger de tout et de tous. Et comme le rappelait si bien une phrase connue du Téras « On ne fuit pas sa destinée. On l'aime ou on prie les Dieux pour ne jamais la rencontrer ». Tina et lui s'étaient déjà rencontré. Ils sauraient se retrouver.

Stanislav appréciait le retour de sa motivation. Celle qui nourrissait son désir de vengeance. Ce n'était plus seulement pour lui mais pour Eglantine. Il détruirait la Ronde pour la protéger, il détruirait les Saeva pour redevenir Roi et lui assurer la prospérité.

— Ah, tu es là Stanislav.

Nikita arrivait près de lui.

— Tiens, où est passé l'Amazone ?

— Elle n'était pas une Amazone. Et elle s'est enfuie.

— Tu l'as effrayé ?

— Oui.

Bien malgré lui cependant.

Et alors qu'il s'apprêtait à partir, Nikita se pencha en avant pour récupérer un objet au sol. Un portefeuille. Le regard de sa tante s'assombrit.

— En effet, ce n'était pas une Amazone, tu peux en être sûr.

— Nikita, qu'est-ce que c'est ?

Alors elle ouvrit le portefeuille, sortant une carte d'identité. Le nom et la photo d'Eglantine s'y trouvait. Et la fureur de Stanislav fut immense tandis qu'il comprenait qu'il s'était fait avoir comme un idiot. Elle n'était pas sa destinée, seulement une immonde créature qui l'avait trompé par un maléfice inconnu.

— Il s'agit d'une humaine, Stanislav.

— Eglantine Seward, fille de Solomon Seward.

Des agents de la Ronde. Mais pas n'importe lesquels.

Il observa un instant de plus la photo d'Eglantine Seward. Durant tout ce temps, il avait cru être face à une frêle jeune femme proche de l'Eclosion. Jamais il n'aurait pensé être face à la fille du Docteur Seward, l'Illusionniste torturant les esprits pour mieux les manipuler et les modeler à son image.

L'enfant unique d'un tel homme ne pouvait qu'être une manipulatrice aussi perfide, et sans doute capable de tromper ses esprits pour se glisser en lui, pour lui faire croire en un espoir qu'il n'avait jamais attendu. La promesse du Destin.