Au rythme de la nuit 2 - Dansons la Carmagnole

Chapitre 38

Comme la plupart des filles à l'adolescence, alors que le corps se développait, que les hormones explosaient pour agir sur les émotions et les pensées afin d'éveiller à de nouvelles sensations, Whil avait été curieuse du sujet de la sexualité. Mais entre Eglantine qui, par timidité, se refusait à explorer son corps ou à accepter de tenir la main d'un garçon, et Lytanax prenant son pied à piétiner ceux dont les regards croisaient trop longuement le sien, les questions avaient été difficiles à poser et les réponses d'autant plus compliquées à obtenir.

Elle rougissait encore de cette nuit. Elle et Stanislav avaient fini par franchir une étape importante pour un couple. Seulement, elle avait également conscience que les marques sur son corps n'avaient rien de normales, contrairement à l'écorce qui s'y était développée.

Toujours allongée sur le lit, un drap la couvrant pour cacher son corps dévêtu, elle avait sorti un bras pour observer ces suçons et ce qui ressemblait à première vue à une croute. Ses doigts dessus ne sentirent que la dureté du bois. Whil était une hamadryade après tout. Lacérer son corps serait bientôt stupide parce que cette chair n'était qu'une apparence pour tromper sur sa nature. Pour tuer une hamadryade, même lui couper la tête serait stupide. Le feu était la seule chose à craindre. Mais pour une hybride, quel était le danger ?

Constater que son corps réagissait ainsi avait de quoi la rassurer et l'intéresser. Aurait-elle pu réaliser des expériences sur elle-même ?

Un mouvement dans le lit attira son attention. Elle se laissa étreindre par les bras de Stanislav, le démon semblant s'éveiller.

Leurs regards se croisèrent, et sans doute par embarras, elle ne parvint pas à garder ce contact, détournant vite les yeux avec une grimace pour sourire. Il ne se vexa pas, un léger rire le lui assurant. Au contraire, son visage trouva son chemin jusqu'à sa nuque, son nez se posant contre sa peau pour lui arracher une réaction, un frisson.

— J'aime ton odeur, lui susurra-t-il avant de sortir sa langue pour la goûter.

Allait-il la mordre ?

Sa main contre son ventre, son torse contre son dos, elle pouvait le sentir en érection et de nouveau prêt à l'action. Elle se sentait en forme pour l'aider, pourtant...

Mais une simple caresse chassa toute la volonté de le repousser. Sa peau scintillait déjà d'appréhension, livrant son excitation soudaine. Elle se tourna pour lui faire face.

— Tu me regardes enfin.

Prenant son visage en coupe, il l'attira pour un baiser. Un baiser simple, sans complexité, qui suffit à la faire fondre.

— J'aime tes yeux, lui annonça-t-il pour lui faire comprendre qu'ils venaient sans doute de changer d'apparence.

Des yeux particuliers trahissant sa nature hybride. Ce phénomène dépareillé aurait pu être classique, ce n'était pourtant pas le cas. Il arrivait que les hybrides possèdent cette différence, mais cela demeurait assez rare. Un vert, un miroitant. Etrange. Les Amazones possédaient ces yeux verts, l'œil miroitant n'appartenait pas aux hamadryades. Il aurait dû scintiller, certes, mais d'une teinte bleuté et rubis pour conférer un soupçon de rose pâle. L'apparence était normale, mais pas la teinte.

— Tu es à moitié hamadryade, Whil.

C'était le cas, mais elle commençait à en douter à cause de ces petits détails.

En posant de nouveau ses yeux sur Stanislav, elle ne put s'empêcher de déglutir comme une assoiffée devant l'image bien trop tentante. Allongé sur le côté, un bras plié sur le matelas, l'autre le long de son corps, la tête soutenue par sa main, le drap ne cachait que son intimité. La pose était digne d'une œuvre d'art. Avait-il conscience de l'effet qu'il produisait ? Le faisait-il exprès pour l'attirer ? Si c'était le cas, il s'y prenait parfaitement bien. Son embarras disparaissait, et malgré la gêne ressentie, elle se glissa sous les draps pour se rallonger, contre son corps, sa tête se posant sur ce bras plié.