Chapitre 29

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Elle n'avait pu sentir que le bout de son gland contre sa moiteur. Anticipant la satisfaction que ce serait de le sentir enfin en elle, elle avait ondulé ses hanches pour se rapprocher de celui qui n'avait plus rien d'un vampire.

Son apparence humaine avait disparu pour accueillir celle d'un monstre. Une masse musculaire bien plus épaisse, un corps plus grand – d'ailleurs cela ne se limitait pas qu'à sa taille corporelle – et des teintes ayant été remplacées pour refléter un ciel et son vent, l'ambiance l'avait soudain excitée au point où elle avait perdu prise sur ses sens.

Mais ce moment d'intimité avait été brusquement interrompu. L'orage.

La foudre avait brisé ce qu'ils s'apprêtaient enfin à connaitre ensemble. A présent, Stanislav se trouvait à terre, plus loin. Et quatre femmes étaient apparues de nulle part.

Toutes vêtues de tenues rappelant une époque moyenâgeuse et un style très porté sur une mode viking comme elle avait pu en étudier lors de ses cours, même leurs coiffures se voulaient être authentiques.

L'une de ces femmes s'approcha de Whil. Elle se recroquevilla sur elle-même, la peur remplaçant bien vite son excitation. Elle n'avait aucune arme sur elle...

Soudain, la foudre s'abattit de nouveau dans la pièce. Sur Stanislav.

— Brunehilde, je ne vais pas pouvoir retenir ce guerrier très longtemps.

Et Brunehilde lui tendit la main.

— Viens avec nous, jeune Whilemine.

— Non.

— Sérieux ? se plaignit l'autre.

— Svava, calme-toi.

Mais Svava ne se calma pas. Elle sortit une hache de derrière son dos, frappant de fureur le lit avec. Ce dernier se brisa en deux, obligeant Whil à en bondir.

— Whilemine, nous ne te voulons aucun mal. Alors viens avec nous, continuait Brunehilde sur un ton bienveillant.

— Pas le temps pour ça, déclara une troisième qui tenait dans sa main une bouteille.

D'une corpulence plus imposante, elle engloutit le reste de l'alcool avant de se précipiter sur Whil, ne lui laissant aucune chance de s'échapper. Elle la lança sur son épaule, la maintenant fermement.

— Lâchez-moi ! se débattit-elle avant de tendre stupidement la main vers Stanislav.

Il entrouvrait les yeux. Des yeux entièrement noirs...

— Ce guerrier lui est lié. Il faut se casser avant qu'il ne perde l'esprit pour la récupérer.

— Olrun, emmène-la. Nous te rejoignons.

Et Olrun se précipita dans le vide. Whil hurla de terreur, ne sachant pas voler... jusqu'à ce que les ailes de la femme apparaissent dans la foudre. Ses immenses ailes de vautour les emmenèrent toutes deux dans le ciel. Pourquoi ?

« Réfléchis Whil, tu connais tout du Téras. Prouve-le ! »

Mais comment réfléchir lorsque le sol et les montagnes s'éloignaient de plus en plus ? Que votre partenaire disparaissait de votre champ de vision ?

Puis Whil se souvint. Alors que les épaisses forêts devenaient son nouveau paysage, elle se rappela être à moitié Amazone.

Inspirant profondément, elle poussa soudain un cri. Venu du plus profond de ses entrailles, élancé par ses puissants instincts, le cri résonna, déstabilisant et torturant ce qui lui semblait être une Walkyrie. Olrun n'eut d'autre choix que de la laisser tomber. Mais à plusieurs mètres de hauteurs...

La chute serait douloureuse. Très douloureuse. En Immortelle, elle n'en perdrait peut-être pas la vie. Mais l'agonie n'avait rien d'enviable.

Elle ferma les yeux, espérant s'évanouir avant l'impact pour se réveiller avec un corps guérit.

Il ne fut rien de tel. Lorsque sa chair fut griffée par le branchage et le feuillage des arbres, que sa chute en fut ralentit, les conséquences furent tout aussi douloureuses. Son corps se brisa.

La douleur était bien présente, tous ses os semblaient s'être cassés et broyés en un claquement de doigts. Mais, par chance sans doute, elle ne semblait pas sur le point de mourir. Alors même que le sang se répandait autour d'elle, que son être l'empêchait d'hurler la mort, elle s'accrochait à cette vérité qu'elle n'était pas morte.

Il valait mieux qu'elle évite de penser à la hauteur de sa chute. Les êtres immortels pouvaient aussi mourir.

Soudain prise de fatigue, elle se demanda s'il s'agissait d'un signe avant-coureur. Une annonce funeste de son destin, d'une chute aux conséquences négligées... Si elle fermait les yeux, juste quelques instants, pour se reposer...

— Ne t'endors surtout pas, lui interdit une femme près d'elle.

Whil ne pouvait bouger, ce que sembla comprendre celle à ses côtés. Elle se dressa devant elle. De longs cheveux bruns lui tombèrent en avant, tressés en une lourde natte. Son maquillage élaboré avançait un exotisme celte. Une bande noire telle une visière s'étirait jusqu'à se perdre sous quelques mèches de cheveux. Des traits blancs dessinaient la partie inférieure de ses yeux marrons. Un arc dans le dos, elle déposa ses armes près d'elle avant de faire signe à d'autres individus.

Toutes vêtues de peau de bêtes, les femmes sortaient une à une dans un silence terrifiant.

— Nous avons entendu ton cri, petite sœur. N'aies crainte, nous allons nous occuper de toi.

Petite sœur... Avec qui la confondait-on ?

Elle tenta d'écarter le malentendu mais aucun mot ne sortit. Seuls des sons obscures et de mauvais augures lui échappèrent.

— Ne parle pas, tu risques d'aggraver ta situation.

Une autre s'agenouilla à ses côtés. Elle la recouvrit d'une grande couverture, l'enveloppant délicatement, sans aucune brusquerie.

— Elle guérit très lentement. Trop lentement, constatait celle-ci.

— Son Eclosion doit être très récente. Les Amazones sont très puissantes lors de leur éclosion mais leur capacité régénératrice n'est pas encore optimale. C'est déjà un miracle qu'elle soit en vie, n'importe quelle immortelle serait morte à sa place. Nous allons devoir l'emmener au village.

Stanislav allait s'inquiéter. Elle ne devait pas tant s'éloigner...

— Ces maudits oiseaux cornus, pesta la brune.

Aussitôt, les autres femmes claquèrent à l'unisson leur langue contre leur palais. Pourtant, tout au contraire d'elles, Whil se sentit rassurée d'entendre que des oiseaux cornus se trouvaient non loin. Il devait s'agir de démons Lilithus.

On ne lui laissa aucune chance de débattre, d'expliquer sa situation – son corps ne le lui permit pas davantage – , déjà les femmes la plaçaient sur un brancard de fortune. Bien vite, elles disparurent avec elle en fardeau, s'éloignant toujours plus d'un homme qu'elle commençait à accepter comme étant autre chose qu'un monstre. Stanislav.

Au rythme de la nuit 2 - Dansons la CarmagnoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant