Chapitre 37 : Appel et révélations

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Divorcer. Ils devaient divorcer. Cette issue pour le moins fatale lui échappait parfois. Lise Connor lui avait rappelé avec un tel sérieux qu'Ariane en eut un frisson.

Elle ne devait pas y penser pour le moment. Ils étaient sur la route lorsqu'elle reçut un appel.

— Qui est-ce ? demanda Gabriel en voyant qu'elle ne décrochait pas.

— Luke, répondit la jeune femme d'une petite voix.

Qu'est-ce qu'il lui voulait à cette heure-ci ? Et en plein week-end en plus de ça ?

Dans un soupir, elle décrocha et mit le haut-parleur.

— Qu'est-ce que tu veux ?

Un léger rire se fit entendre à l'autre bout du fil.

— Eh bien ? C'est comme ça que tu réponds à un collègue de bureau ? Tu parles d'une aimabilité.

Gabriel leva les yeux au ciel. Ce qu'il était exaspérant...

— Luke, abrège.

— Bien, bien ! Je voulais simplement te dire que j'ai été déçu de ne pas te voir ce soir. Il faut dire que je tenais un scoop et que tu n'étais pas là pour en profiter.

Un scoop ? Il était sérieux ?

— Tu m'appelles sincèrement hors de mon temps de travail pour me raconter les derniers ragots ? Qu'est-ce que tu crois ? Que l'on est amis peut-être ? Tu vas me faire pleurer.

Un autre rire se fit entendre.

Plus la conversation avançait et plus Gabriel ressentait une certaine tension. Il avait l'amère impression qu'il conduisait la discussion pour emmener Ariane où il le souhaitait. Il s'apprêtait à en informer sa compagne lorsque Luke fit une remarque étrange.

— Tu fais bien d'aborder le thème de l'amitié, Ariane. Le fait est que tu les choisis très mal. Bien sûr, ton goût en matière d'époux est très discutable mais tes amis... C'est encore une autre histoire.

La jeune femme grinça des dents. Cet idiot lui faisait perdre son temps.

— Tu comptes me dire ce qu'il en est ? Ou alors tu vas me sortir ta psychologie à deux balles ?

— Ce que tu peux être impatiente ! Bon, tu sais que j'ai réussi à mettre la main sur le contrat qui t'unit à mon cher ennemi ?

— Comment l'oublier ? grinça Ariane. C'est à cause de ta tête de fouine que j'en suis là aujourd'hui.

Luke se racla la gorge tandis que Gabriel manqua de s'étouffer avec sa salive.

— Certes... Mais ce n'est pas réellement l'objet de mon appel.

— Qu'est-ce que c'est alors ? Accouche Luke ou je te jure que je te raccroche au nez. Je n'ai aucune patience avec toi.

— Le contrat, Ariane. Tu ne te demandes pas comment est-ce que j'ai pu l'obtenir ? Réfléchis un peu... Qui en avait connaissance ? Qui pouvait bien y avoir accès ? Je suis sûre que tu peux trouver la réponse toute seule.

Le cerveau de la jeune femme carbura à grande vitesse. Que voulait-il dire ? Quel est le rapport avec sa remarque précédente ?

Les seules personnes qui étaient au courant étaient sa famille, les Connor, les avocats et...

— Damien, souffla Ariane. C'est Damien qui te l'a donné.

Gabriel écarquilla les yeux tout en dévisageant son épouse. Le bras droit du père Strauss ? C'était insensé !

— Bingo ! Tu vois quand tu veux !

Ariane l'entendait à peine. Son cœur cognait si fort dans sa poitrine qu'il occultait tous les autres bruits. Comment Damien avait pu faire une chose pareille ? D'accord, elle n'avait pas de preuve mais quel serait l'intérêt pour Luke de mentir sur ce point ? Aucun.

Damien était son ami et avait été son mentor à ses débuts. Il ne souhaitait que le bonheur de la famille alors pourquoi aurait-il risqué la réputation de sa famille ?

— Qu'est-ce que tu lui as promis en retour ?

Gabriel hoqueta sous son ton glacial. Il n'avait pas pensé à un marchandage. Bon sang.

— Une place à tes côtés. De façon permanente. Tu vois ce que je veux dire ?

Ariane n'en crut pas ses oreilles.

— Tu n'as aucun pouvoir sur ma vie, Luke ! Comment a-t-il pu croire que tu pourrais le caser avec moi après mon divorce ? Il n'est pas idiot à ce point !

— Non, il n'est pas idiot. Il est amoureux. Il a réclamé une jolie somme d'argent à côté de ça. J'imagine qu'il voulait devenir ton égal. C'est tellement adorable.

Ariane eut envie de vomir. Elle s'empressa de raccrocher.

Un lourd silence s'abattit dans la voiture. La stupeur liait toutes les bouches. Ariane ne s'était jamais senti aussi trahie de toute sa vie.

— Ça ne tient pas la route, affirma Gabriel.

La jeune femme le dévisagea un instant puis se mordit la lèvre.

— Je ne sais pas, Gabriel. C'est...

— C'est fou, oui. Damien ne ferait jamais ça.

— Qu'est-ce que tu en sais ? Tu le connais à peine.

Gabriel fronça les sourcils puis lui attrapa les mains.

— Ce que j'en sais, c'est qu'il t'aime. Bien que je déteste y penser, c'est le cas. Il ne ferait rien qui pourrait te nuire.

— Et nuire à notre mariage ? Tu penses sincèrement qu'il n'en serait pas capable ?

Son mari allait ouvrir la bouche mais se ravisa. Tout à coup, il avait moins de certitudes.

Ariane soupira et appuya sur le bouton pour communiquer avec le chauffeur.

— Déposez-moi chez Damien, s'il vous plait.

— Tout de suite, madame.

La voiture tourna à droite à la prochaine intersection. Ariane s'installa plus confortablement et s'emmura dans ses pensées.

Il fallait qu'elle soit franche avec lui. Damien était honnête. Si elle venait à le confronter, il lui dirait tout. Il n'y avait plus qu'à espérer que ce soit moins terrible que ça en avait l'air.

— Tu veux que je t'accompagne ? demanda Gabriel avec prudence.

— Non. Tu peux rentrer à la maison. J'appellerai un taxi.

— Ariane, tu...

— C'est mon ami, Gabriel. Je veux au moins qu'il m'explique tout. Il ne le fera pas si tu es là.

L'époux hocha la tête puis regarda droit devant lui. Il n'aimait pas la tournure que prenaient les événements.

Absolument pas même.

Doux sacrifice Où les histoires vivent. Découvrez maintenant