Chapitre 15 : Confessions et Pommade

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Le soir même, le couple se rendit dans un restaurant près de l'hôtel. Ils discutèrent de tout et de rien tandis que Ariane se sentait de plus en plus gênée. Il arrivait qu'elle ait des moments de flottements en le fixant. Gabriel dégageait une espèce d'aura intrigante à la lueur de la bougie. Cela le rendait profondément... attirant.

Le garçon s'intéressa à sa vie, à ce qu'elle voulait faire et fut surpris en découvrant que de base, la jeune femme ne voulait pas reprendre l'affaire familiale.

— Qu'est ce qui a bien pu te faire changer d'avis ? s'étonna-t-il. Dirigeante d'une banque, c'est bien différent que d'être juge pour enfants.

L'expression du visage de sa compagne s'assombrit tout à coup. Elle esquissa un sourire triste et expliqua :

— Mes parents peuvent se montrer assez convainquant. Ils m'ont bien fait comprendre que si je choisissais de construire moi même mon avenir, ils allaient me mettre des bâtons dans les roues. Mon père a même menacé d'arrêter de financer mes études. Je m'égosille à obtenir un diplôme qui ne me servira à rien du tout.

Gabriel sentit son cœur se serrer en écoutant cette confidence. Elle ne semblait pas avoir eu une enfance si heureuse que ça. Il ne comprenait que trop bien ce qu'elle ressentait. Lui même avait dû mettre de côté ses désirs pour reprendre le flambeau étant donné que son frère en était incapable. Ce mariage en était bien la preuve.

— Tu sais que tu pourrais le faire maintenant ? Je veux dire... On est marié, je pourrais m'occuper de payer tes études pendant ces cinq ans.

— C'est gentil mais je ne préfère pas. J'ai appris toutes les ficelles du métier maintenant et... j'ai l'impression que je ne pourrais rien faire d'autre dans ma vie. Ça ne me déplaît pas, c'est juste que j'aurais voulu avoir le choix.

Gabriel posa sa main sur celle de la jeune femme dans un geste compatissant.

— Tu verras, tu vas vite t'y habituer. Je n'ai pas vraiment eu le choix non plus et regarde moi, ça va.

Ariane fixait cette main sur la sienne, interdite. Elle n'était toujours pas habituée à ces attentions qu'il avait envers elle.
Pour autant, sans trop se contrôler, la brune mêla ses doigts aux siens. Gabriel se raidit mais ne recula pas. Il avait l'impression d'être un gamin sans expérience avec elle. C'était une sensation énervante. Il n'était plus un adolescent, bon dieu !

— Tu n'es pas obligé de me répondre mais pourquoi est ce que ce n'est pas Sam qui doit reprendre l'affaire ? Après tout, c'est ton aîné.

Le jeune homme passa sa main libre dans ses cheveux et fixa la flamme de la bougie d'un air nostalgique.

— Sam n'a jamais été une lumière en ce qui concerne le monde des affaires. Lui ce qui l'attirait, c'était l'art en général. Aujourd'hui, il a la direction d'une galerie d'art. J'étais très fier de lui mais ce n'était pas le cas de mon père. Il était littéralement furieux contre lui lorsque mon frère a annoncé qu'il ne voulait pas reprendre l'entreprise. Ils se sont violemment disputés et depuis ce temps là, Sam n'a plus jamais remis les pieds chez nous même pour son mariage ou la naissance de Jade. Mes parents se sont donc reposés sur moi et comme j'avais certaines aptitudes à comprendre comment cet univers de prédateur fonctionnait, il a paru naturel que je me lance là dedans.

Ariane se mordit la lèvre en se rendant compte que ses rêves et espoirs ont aussi été étouffés dans l'œuf et tout ça pour sa famille.

— Je comprends pour ton frère mais toi, qu'est ce que tu voulais faire ?

— Médecin sans frontière. Je sais, c'est différent. Je voulais aider les gens dans le besoin et au lieu de ça, je me retrouve à les exploiter pour de l'or noir. Si ce n'est pas ironique.

Doux sacrifice Où les histoires vivent. Découvrez maintenant