Chapitre 17 : Provocations et chiffres

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Le lendemain matin, Gabriel ouvrit les yeux avec le sentiment de sortir d'une profonde léthargie. Son corps était encore endormi alors que son esprit était vaseux.
Il resta encore un instant dans cet état cotonneux avant de tapoter la place à côté de lui. Elle était tiède ce qui voulait dire que sa confidente nocturne s'était levé il y a un petit moment.

Le jeune homme se releva doucement et appuya son dos contre la tête de lit. Il étudia la chambre dorée en se repassant mentalement la soirée d'hier. Gabriel avait été heureux de partager tout ça avec elle et surtout, ça lui avait enlevé un poids énorme. Ariane avait accepté ce fardeau et en avait endossé la moitié en restant à ses côtés.
La femme qu'il avait épousé était forte et endurante et c'était rassurant de la savoir avec lui.

La voix de la brune le sortit de son état d'introspection. Elle semblait en conversation téléphonique. Gabriel se leva et approcha rapidement de la porte coulissante qui séparait la chambre du reste de l'espace.
Il colla sa tête sur la surface boisée et écouta.

— Je comprends, dit Ariane. Mais votre fils n'est pas en état de travailler. Il est toujours mal-en-point et de plus, il dort encore.

Un silence de quelques secondes s'ensuivit avant que la jeune femme ne soupire.

— Écoutez monsieur Connor, je vous propose de traiter moi même les chiffres et Gabriel vérifiera lorsque j'aurai fini. Au moins vous aurez vos statistiques et lui pourra se reposer.

Gabriel écarquilla les yeux. Son père appelait réellement pour lui donner du travail alors qu'ils étaient en lune de miel ?

— Bien sûr que j'ai mon ordinateur ! À vrai dire, je m'attendais plus à ce que ce soit mon père qui me donne du travail, ironisa-t-elle.

Le jeune homme pouvait presque entendre son paternel rétorquer que le travail passait avant tout. Malgré le fait qu'il soit énervé, Gabriel avait une conscience professionnelle. Hors de question que sa femme travaille à sa place.

Après un dernier échange de politesse, Ariane raccrocha et balança le téléphone sur le canapé. Elle souffla en se massant les tempes, irritée. Ne pouvaient-ils pas être tranquille au moins un week-end ?
Au lieu de se détendre à regarder des films, elle allait se farcir un tableau de chiffre long comme un vol New York - Tokyo.

Gabriel fit coulisser la porte en faisant mine de se réveiller à l'instant.

— Bonjour, dit-il en baillant faussement.

— Tu es déjà debout ? Tu devrais dormir encore un peu ! répondit la brune en le détaillant.

Son époux avait l'air déjà en meilleure forme et c'était assez rassurant.

— Je ne vais pas gâcher notre journée en faisant la grasse matinée. Quoi de prévu aujourd'hui ?

Ariane passa sa main dans son cou en réfléchissant sur la façon de lui dire. Nul doute qu'il serait en colère que son père l'accable de travail maintenant mais elle ne pouvait pas lui cacher de toute façon. Ça serait complètement stupide.

— On reste à l'hôtel. Tu dois te reposer et ton père a envoyé un tableau à synthétiser pour qu'il puisse faire des statistiques par rapport au bénéfice du groupe ces deux derniers mois. Je vais m'en occuper.

Gabriel feint la surprise comme un véritable acteur et fit même mine de s'énerver.

— Il a appelé ? Je croyais pourtant qu'il était d'accord pour m'accorder tout le week-end ! Ce n'est à toi de le faire, je vais m'en charger dans la journée.

— Tu dormais, expliqua Ariane. Je préfère que tu ne fasses rien aujourd'hui et ça ne me dérange pas. Tu pourras vérifier à la fin si tu veux. Ce n'est qu'un tableau de chiffre, ça ne me prendra qu'une heure environ.

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