Chapitre 2 : Résignation

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— Un mariage ? Vous plaisantez ? s'exclama Ariane en fusillant ses parents du regard.

— Tu crois qu'on aurait organisé tout ça si c'était vraiment une plaisanterie ? cingla sa mère.

Le cœur de la jeune femme battait à la chamade. L'air commençait à lui manquer et à l'inverse, la colère l'envahissait comme une vague dévastatrice.

— Alors toutes ces concessions que vous avez fait, que ce soit mes études, la possibilité de rentrer seule... Tout ça était juste un leurre pour préparer ce foutu mariage ?!

— Tu ferais mieux de baisser d'un ton jeune fille et de toute façon, tu allais quoi qu'il arrive reprendre l'entreprise. Tes études n'auraient pas servi à grand chose étant donné que tu sais déjà tout ou presque.

— Moi qui me pensait libre, vous vous êtes bien foutu de moi... Je sors un moment. Je reviendrai avant le départ de Monsieur et Madame Connor, indiqua Ariane en se levant.

Elle ne prit même pas la peine de prendre une veste, chose qu'elle regretta aussitôt lorsqu'elle sentit la froideur de l'automne assaillir sa peau nue.
Quelques pas suffirent à faire redescendre d'un cran sa colère. Hormis cette trahison, elle savait qu'il y avait un intérêt derrière tout ça. Son père avait parlé d'un contrat avec le groupe Connor. Cela fait des années qu'il tente d'attirer les compagnies pétrolières à la Banque Strauss. Ça n'excuse pourtant pas le fait de vendre sa fille pour parvenir à ses fins.

— Je te pensais plus réservée que ça, déclara une voix dans son dos.

Ariane se retourna et découvrit sans surprise Gabriel.

— Tu ne vas pas me dire que tu es pour.

— Absolument pas mais tu dois te douter que c'est pour les intérêts de nos deux familles, répondit-il en s'appuyant contre la façade du bâtiment.

— Je suis trop jeune pour me marier.

— On est jamais trop jeune pour se marier, il faut juste une certaine maturité et ne pas se tromper dans son choix. Dans cette situation, tu n'as pas à réfléchir. De toute façon, tu auras beau dire non, ce mariage aura quand même lieu. Et... ce n'est que pour cinq ans.

Ariane s'apprêtait à lui hurler dessus mais ses insultes moururent dans sa gorge. Cinq ans ? Comment ça ? Il s'était bien gardé de le lui dire tout à l'heure, le salaud.

— Calme toi la furie, je ne t'ai pas tout expliqué, reprit le fils Connor. Nous allons devoir rester marié pendant cinq ans pour que le contrat prenne plein effet et que la réputation du groupe Connor remonte. Ça donnera le temps pour augmenter les bénéfices. Tu seras libre et moi aussi. Je suis aux États-Unis la plupart du temps à la maison mère, ou alors à l'étranger pour contrôler les lieux d'exploitations. On ne se verra jamais sauf durant les grands événements.

— Je rêve ou tu essaies de me convaincre d'accepter cette vaste connerie ? s'insurgea l'héritière Strauss.

— Tu n'as pas envie d'être totalement libre ? Le statut marital te permettra de déménager de chez tes parents, de poursuivre tes études comme tu le veux et tu ne manqueras de rien. Je sais que l'argent n'est pas un problème chez toi mais pense à tout ça. Cinq ans. Ce n'est pas si long.

Ses arguments n'étaient pas si idiots que ça et c'était ce dont elle rêvait : l'indépendance vis à vis de ses parents.

— Pas de vie conjugale alors ? Tu me le promets ?

— Bien sûr que oui. Pour qui me prends-tu ?

— Je sens que je vais le regretter, soupira Ariane en s'avançant vers l'entrée de l'immeuble.

Doux sacrifice Où les histoires vivent. Découvrez maintenant