Ariane lissa pour la énième fois les plis de sa robe mauve. La voiture était à quelques pas de l'entrée de la nouvelle galerie d'art. Plus que quelques minutes et elle prenait un bain de foule.
— Tu vas bien ?
Gabriel prit sa main dans la sienne et caressa délicatement ses phalanges. Il était soucieux.
— Je... J'angoisse un peu.
C'était encore faible. Ses beaux parents avaient filtré ses appels toute la semaine. Elle n'avait pu avoir aucun contact avec eux depuis leur dernier échange. A l'époque, elle travaillait encore pour la Banque Strauss. Aujourd'hui, elle était passée chez l'ennemi.
— Tout va bien se passer, Ariane. C'est une toute petite inauguration. Dans trois heures, nous serons de retour à la maison. Je te le promets.
Elle hocha la tête mais continua à triturer sa pauvre robe.
— Tu as eu des nouvelles de tes parents ?
Gabriel détourna le regard un instant. Cela voulait tout dire. Elle en aurait presque eu les larmes aux yeux.
Il fallait qu'elle se reprenne !
— Disons que je n'ai pas vraiment eu le temps de les appeler.
Elle soupira. Son changement de poste avait effectivement fait la une de la presse people. De l'eau dans le gaz au sein de la famille Strauss/Connor apparemment. Son époux avait dû gérer la nouvelle tempête médiatique qui était, fort heureusement, beaucoup moins importante que la précédente. Gabriel avait mis en avant la toute nouvelle relation contractuelle entre les Hunter et les Strauss pour justifier la démission d'Ariane à la banque. Il avait dit qu'elle avait saisi une opportunité qu'elle ne pouvait pas refuser.
Quant à Ariane, elle n'avait pas eu le temps de répondre aux médias. L'acquisition en cours par la Hunter Company lui avait pris la totalité de son temps. C'était à peine si elle avait pu lire ce qui avait été écrit sur elle.
— Nous sommes arrivés, indiqua le chauffeur en stoppant la voiture.
Ariane respira un grand coup et sortit lorsque la porte s'ouvrit devant elle. Une avalanche de flash lui tomba dessus, si bien qu'elle en fut presque éblouie. La panique la gagna peu à peu.
Quelques instants plus tard, une main glissa dans la sienne. Elle sentit comme une bouffée d'air frais en voyant l'air assuré de son mari.
Gabriel fit un signe aux photographes et poussa gentiment sa femme vers l'intérieur.
Alors qu'ils allaient franchir le seuil, un micro apparut de nul part devant eux.
— Monsieur Connor ! Que pensez-vous du fait que votre épouse travaille pour votre principal concurrent ? Est-ce que cela ravive des rivalités anciennes ?
Gabriel jeta un coup d'oeil à Ariane puis s'approcha du journaliste.
— J'ai déjà eu l'occasion de répondre à une telle question. Ma femme a saisi une opportunité qui ne se présente pas deux fois. Elle exerce un métier qui la passionne et est heureuse, c'est pour moi le plus important. Quant à ces rivalités que vous évoquez, elles doivent être à mon sens enterrées. Merci.
L'homme allait se détourner lorsqu'une ultime question le cloua sur place.
— Vous ne craignez pas les conséquences de tout ceci sur votre couple ?
Ariane allait envoyer paître cet infâme curieux lorsque Gabriel décida de répondre.
— Non. Je soutiens mon épouse dans tous ses choix. Ses décisions professionnelles n'ont strictement aucun impact sur l'amour que je lui porte. Au contraire, je l'encourage à faire un métier qui lui permette de s'épanouir.
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Doux sacrifice
Storie d'amoreElle avait soif de liberté et pourtant Ariane avait un destin tout tracé. Héritière d'une grande banque d'investissement, sa vie n'avait rien de banale. Son dix-neuvième anniversaire arriva et avec lui une grande nouvelle : un mariage arrangé. Deux...