Chapitre XXXVII

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Cela faisait déjà quelques jours qu’Elisabeth était à l’hôpital. Tous ses amis étaient passés. William, aussi, évidemment. Quand Jackson et Nilah étaient venus en fin de journée le lendemain de son hospitalisation, Kaycee pensait qu’Elisabeth n’accepterait pas de les recevoir. Pourtant, elle le fît sans rechigner. À partir de là, tout le monde passa la voir à intervalles réguliers afin qu’elle puisse se reposer sans avoir beaucoup de visites d’un coup. La seule personne qui était venue, mais qui n’avait pas osé rentrer, c’était Deevyah. Chaque jour, avant ou après son travail selon ses horaires, et parfois même avant et après son travail, elle était là dans le couloir, écoutant les discussions et le peu de son de la voix d’Elisabeth ou juste le bruit des machines quand elle dormait. Parfois, elle se demandait si Elisabeth sentait sa présence, mais elle secouait la tête en se disant qu’on était pas dans un film romantique, mais bien dans la réalité. Elisabeth ne parlait pas sauf quand on lui posait une question. Elle était présente physiquement, mais on sentait que son esprit était loin de L.A. Elle ne participait à aucune discussion et les sons ne sortaient que très peu de sa bouche. Elle regardait tout le monde sans vraiment les voir.  Brandon, de son côté, se sentait extrêmement mal, même s’il était venu lui rendre visite, il était mal à l’aise face à Elisabeth. En effet, au fond de lui, il ne pouvait s’empêcher de culpabiliser et de se dire qu’il avait une part de responsablité dans ce qui était arrivé ce soir-là vu ce que William avait imaginé. Le jour de la sortie d’Elisabeth, les filles avaient déjà tout apprêté chez elles afin de l’accueillir. Deevyah entra dans la chambre d’Elisabeth pour la première fois afin d’aider à préparer les quelques affaires d’Elisabeth que William avait amené au fur et à mesure. William était présent lui aussi. Il entra et embrassa sa femme, elle n’eut aucun mouvement de recul et se laissa faire.

— Tu vas bien, ma chérie ?
— Ça va.
— Alors tu sors aujourd’hui ?
— Oui.
— Et tu ne veux pas rentrer à la maison ?
— Kaycee n’acceptera jamais et je n’ai pas la force de me battre actuellement.
— Mais c’est toi qui décide, tu n’es pas obligée de la suivre. Tu es adulte après tout. Et je suis ton mari qui plus est, donc ce devrait être à moi de décider. Elisabeth, réfléchis, tu serais quand même mieux à la maison avec une infirmière à domicile. Tu seras bien, on s’occupera bien de toi. Cette fille, tu ne la connais même pas. Ok, elle est ta patronne et ton amie, mais depuis si peu de temps, alors de là à t’installer chez elle pour ta convalescence, c’est pas un peu étrange ?
— Oui, c’est vrai qu’elle ne nous connaît pas tant que ça, intervint Deevyah, mais elle sait qu’elle peut nous faire confiance. Nous, on ne lui fera jamais de mal.

William qui avait pris Deevyah pour une infirmière depuis son entrée dans la chambre se retourna étonné en reconnaissant la voix de l’indienne.

— Oh, Deevyah, c’était vous, dit-il soudain tout mielleux. Je ne vous avais pas reconnu de dos comme cela. Vous allez bien ?
— Oui, je vais très bien.
— Tant mieux. Et pour tout vous dire, je pense juste qu’elle a besoin d’un endroit où elle a ses repères et rentrer à la maison ne pourrait lui faire que du bien. Et si les enfants rentraient aussi, ça lui ferait du bien, assurément.

Deevyah le regarda avec un subtil mélange de dégoût, de mépris et de haine, mais elle le cacha derrière un sourire faussement naturel.

— Et sauf votre respect, moi je pense que l’éloigner un peu de chez elle ne pourra que lui être bénéfique, alors, comme l’a dit Kaycee, Elisabeth rentre avec nous. Elisabeth, tu es prête ?
— Oui, répondit Elisabeth que tout ceci fatiguait, si tu l’es, je le suis.
— Ok, laisse-moi juste le temps de te ramener un fauteuil et on file.

Deevyah n’avait pas spécialement envie de laisser Elisabeth seule avec William, alors elle se pressa le plus rapidement qu’elle put pour aller chercher le fauteuil roulant. Elle se disait que plus vite, elle sortirait d’ici avec Elisabeth, moins William aurait d’emprise sur elle.

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