Chapitre LX (le vrai)

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Tout le monde était vêtu de noir, cette allée du cimetière était remplie de monde. Tout le monde pleurait. Les jumeaux étaient près de leur grand-mère, celle-ci essayait de les calmer, mais elle n'y parvenait que très peu. À leurs côtés se tenait Owen, lui-même très affecté, il tenait les mains des jumeaux sans trop savoir quoi leur dire. Toute la famille était présente : cousins, tante, oncle, même lointain. Les jumeaux se disaient qu'ils étaient venus à Londres pour des vacances bien méritées emplies de rire et de joie, mais jamais ils ne se seraient attendus à vivre une chose pareille. Le prêtre commença son discours de deuil avant que le cercueil ne descende dans le caveau familial.

— Dieu a donné, Dieu a repris. Tout homme naît, vit et meurt pour une raison. C'est toujours triste de laisser partir un être cher. Quand quelqu'un qu'on aime nous quitte, on ne s'en remet vraiment jamais, car il emporte avec lui une part de nous-même. Aujourd'hui, vous avez perdu une mère, une fille, une sœur, une tante, une cousine. C'est dur, mais la vie est ainsi faite. On naît poussière et on redevient poussière. Dieu est grand et le destin de chacun de nous est entre ses mains, s'il a rappelé à lui notre sœur, c'est qu'il avait besoin d'elle là-haut, alors prions pour qu'elle le serve ...

Les paroles du prêtre se perdaient dans le vent de cette fin de matinée. De toute façon, personne ne l'écoutait vraiment, chacun vivait son deuil à sa manière sans se préoccuper des paroles du vieil homme. Lorsque le cercueil se mit à descendre dans le caveau, les enfants pleurèrent encore plus, leur grand-mère tentait désespérément de les consoler, mais les résultats n'étaient pas probants. La cérémonie se termina et chacun retourna à son véhicule et à sa vie.

— Owen, tu rentres ?
— Oui, j'ai pas mal de paperasse à faire, donc plus tôt c'est fait, mieux ce sera.
— D'accord, nous, on va aller chez le glacier avec les enfants, histoire de leur changer un peu les idées. C'est tellement dur pour eux.
— Pas de soucis.

Owen embrassa les enfants et se mit au volant de sa voiture, il n'arrêtait pas de pleurer. Il avait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais ne serait-ce que sourire. Il arriva à la maison plus vite que prévu, il souffla et entra. Une fois, à l'intérieur, il se précipita vers la cuisine. Il y trouva Elisabeth en larmes, elle aussi.

— Owy, comment ça s'est passé ?
— Comme tu peux l'imaginer. Comme un enterrement quoi !
— Et toi, comment ça va ?
— Je sais pas, tout s'est passé tellement vite. On venait à peine de se réconcilier et de reprendre une relation saine après qu'elle m'ait rejeté que...
— Tu ne m'as jamais expliqué ce qu'il s'était passé. Enfin le moment est peut-être mal choisi.
— Non, t'inquiète. En fait, quand mes parents sont décédés dans cet accident, elle a été la première à arriver à l'hôpital. Elle m'a soutenu pendant qu'on attendait les nouvelles des médecins. Au moment où ils m'ont annoncé leurs décès, mon copain de l'époque s'est pointé. Quand elle nous a vu, j'ai compris que c'était mort. De base, je devais aller chez elle comme c'était la sœur de mon père, elle avait été choisie pour marraine, mais après ça, c'était impossible. Mon parrain ne donnait plus de nouvelles depuis des années donc tes parents m'ont pris sous leurs ailes. Elle est venue me revoir il y a quelques mois. C'était juste après ta venue, elle voulait s'excuser de sa réaction de l'époque. Elle m'a annoncé son cancer il y a à peine deux mois et là, elle n'est plus là alors qu'on reprenait tellement de bonnes relations. La vie est injuste.
— Et cruelle oui, je suis complètement d'accord avec toi.
— Je voulais tellement rattrapper le temps perdu et avoir cette relation forte qu'ont les marraines avec leurs filleuls et, je la perds en quelques jours.
— Je sais, Owy. Je suis tellement désolée pour toi, dit Elisabeth en le serrant dans ses bras. Et les jumeaux, ça a été ?
— Ils n'ont pas arrêté de pleurer, je pense qu'ils s'étaient attachés à elle pendant son séjour ici.
— Oui, ils s'attachent vite. Encore plus avec les gens d'ici, je trouve.
— Le pouvoir des londoniens, c'est ça aussi qui fait la force d'HP.
— Pff, t'es bête ! Et ils sont où là ?
— Tes parents les ont emmené chez le glacier, histoire de leur changer les idées. Et toi, ça va ?
— Oui, ça va, juste triste.
— Je comprends. Et Lucas ?
— Il va bien, il vient à peine de se rendormir. Du coup, j'en profitais pour prendre un café en vous attendant.
— Quand je pense que ça va déjà faire un mois que tu as accouché et on n'a rien vu passer.
— Oui, mais au moins il nous apporte le sourire qui nous manque avec toutes ses mauvaises nouvelles.
— C'est sûr, mais je m'inquiète vraiment pour les jumeaux.
— Oui, moi aussi.
— Ils se sont vraiment attachés à elle pendant les dernières semaines de sa vie passées ici et je ne sais pas comment leur expliquer tout ça.
— Ne t'inquiète pas, je vais essayer de parler avec eux ce soir.
— D'accord, bon, je vais aller prendre une douche pour ôter cette odeur d'église et de cimetière et je reviens.
— Ok... Mais Owen...
— Oui ?
— Je peux quand même te faire un câlin ?

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