Destin ou Choix : Secrets de famille

Chapitre LII.

***ODOUMA MAPASSI Athéna Diane Sophia***

« Tu le sais maintenant, je me suis accaparée de l'héritage de la famille. Je l'ai fait après avoir constaté qu'il rendait les Hommes fous. Je l'ai fait pour arrêter le massacre. Seulement, ce geste n'est pas sans conséquences.

Je te l'ai dit, cet héritage a été fait pour le bien de toute une famille, mais je n'en ai fait profiter que ma petite famille. Nos affaires sont prospères, et je ne dis pas que c'est uniquement grâce à ça. Ton intelligence et la sagesse de ton père y sont pour beaucoup. Mais ma fille le monde dans lequel on vit, le surnaturel dépasse le naturel. Peu importe ton intelligence, ton expertise, si dans le surnaturel ça bloque, tu n'iras nulle part.

Aussi, prendre quelque chose qui ne t'appartient pas sans le consentement du propriétaire n'est pas sans conséquence. Un Homme est sensé est préparé avant de se voir confier un tel héritage. Contrairement à ce que les gens pensent, cette personne sera désormais au service des autres et non l'inverse. Cette préparation, je ne l'ai pas eue. Résultat, cet héritage est en train de me tuer à petit feu. Ajouté à cela les attaques des autres.

En ce qui te concerne Athéna, tu étais appelée à être une personne importante dans la famille. Tu es destinée à une place importante et c'est pour cela que tu es aussi convoitée par eux. Mais tu peux refuser ton destin, tu peux faire le choix de tracer ta propre route Athéna et je te conseille de refuser ce chemin. Les choses ont beaucoup changé, parfois négativement. Les gens ne respectent plus rien, nos traditions sont bafouées, salies. Je ne te vois pas jouer le rôle qu'ils veulent te donner, mais à toi de faire tes propres choix.

Tu vas rester seule Titi. Sans papa, sans maman. Te connaissant, je sais que tu te sentiras perdue. Mais tu dois être forte, tu ES forte Titi. Tu as décidé la voix chrétienne, la foi catholique, c'est bien. Mais comme je te l'ai déjà dit, ne te contente pas de la religion car aucune religion ne sauve. Tu dois développer une spiritualité. Pour ça, rapproche-toi des guides et des anciens de l'église et obéis. Tu t'évites tellement de combats, de déception, de larmes, lorsque tu obéis.

Personne Athéna ne peut te venir en aide, personne ne peut écrire ton histoire à ta place. Même dans la religion que tu as décidé de suivre, tu dois aller vers votre Jésus afin qu'il te sauve. Tu es maintenant une adulte Titi, tu dois arrêter de compter sur les autres. Tu peux le faire, donne-toi simplement les moyens.

Je voulais aussi te dire que je t'aime -là elle se met à pleurer. Je t'aime plus que ma vie. Ton père aussi t'aimait et était fière de toi. Tu es une bonne personne et je ne le dis pas parce que je suis ta mère. Tu as tes défauts, mais tu restes une bonne personne. Le mariage c'est pour toi, l'enfant que tu auras aussi. Ce n'est pas ce qui changera la vision qu'on a de toi. Oui, c'est une fierté pour un parent de voir son enfant coché toutes les cases des étapes de la vie d'un Homme, mais ce n'est pas ce qui fait qu'on l'aime plus au moins. Arrête avec cette obsession de te marier et faire un enfant pour rendre ton père fier. Il l'a toujours été. Que Dieu t'accorde ce que ton cœur désire, au temps qu'Il a choisi et avec la bonne personne. Ne te précipite pas. Prends le temps d'observer, de voir si l'homme qui partage ta vie sera un bon mari et un bon père.

Il va arriver quelque chose de grave à Siméon. Tel que je connais mes parents, sûrement un accident. Ils l'ont fait avec ton père, ils l'ont fait avec ton ancien petit ami, c'est leur mode opératoire. Siméon s'est allié à eux pour nous nuire alors qu'on avait un accord. Je lui donnais l'héritage familiale et il garantissait ta sécurité. Sa gourmandise l'aura perdu. J'ai fait croire à mes ennemis que je lui avais remis l'héritage car tu étais trop immature pour la tâche. C'est en partie vraie. Il s'est fait des ennemis bêtement et la sanction sera sévère. Ecoute bien ce que je vais te dire. Si un jour, il te tend la main sur son lit de mort, ne la prends pas. Evite autant que possible de répondre par « oui ». Continue de prier et d'obéir à la religion. Crois en toi, tu es la seule personne dont tu as véritablement besoin. »

J'ai pris le temps d'assimiler tout ce qu'elle venait de me confier et on a pleuré ensemble dans les bras l'une de l'autre. Le Prêtre l'a dit, Dieu a le dernier mot. Les Hommes peuvent dire qu'elle mourra bientôt, je sais que s'Il le veut, Dieu permettra à ma maman de vivre longtemps. La vérité est que je suis humaine et une partie de moi doute, une partie de moi a peur.

__ Il ne sera jamais mon père, je me confie une fois la pièce calme.

__ Qui ?

__ Tu sais qui. Tu penses que je n'allais pas finir par comprendre ? Ce qui m'énerve c'est qu'on a les mêmes mimiques, les mêmes tics.

__ Tu verrais sa grande sœur, elle rigole. Ton parfait sosie.

__ Pff !

__ Tu n'es pas obligée de l'appeler papa ou te le considérer comme tel. Mais garde-le près de toi, ne coupe pas le contacte.

__ C'est quoi votre contrat ? Pourquoi il a accepté de te faire un enfant pour ensuite rester à l'écart ?

__ Déjà parce qu'il était marié et père de famille. Ensuite parce qu'en échange je l'ai aidé à faire avancer sa carrière. Aujourd'hui nous n'avons des Premiers Ministres que pour la forme, c'est lui qui fait la pluie et le beau temps à la Primature dans la discrétion la plus totale. Mais ça c'est une histoire pour un autre jour.

__ Pas intéressée. Il n'est pas mon père, il ne le sera jamais. Même si je garde le contacte.

__ D'accord ma petite tête de mule de fille.

Après cette nuit confession, j'ai décidé de profiter de ma mère. De voyager avec elle, de lui donner toute mon attention à la saouler en commençant par revenir dormir avec elle.

Le lendemain je suis allée voir Siméon, je lui ai dit que le mariage n'aurait pas lieu tant qu'il ne se réconcilie pas avec ma mère. Je lui ai aussi annoncé que les fiançailles étaient dès lors interrompus et que je rentrais chez moi. A aucun moment je ne lui ai montré le mépris que j'avais envers lui. Il a essayé de me convaincre tantôt par la douceur, tantôt par de belles paroles, tantôt par le chantage affectif. J'ai quitté sa maison le soir même et progressivement, sans bruit, je m'en suis éloignée.

Deux mois plus tard, il a commencé à tomber malade. Des examens on en a fait : scanner, IRM, biopsie et j'en passe. Personne ne pouvait expliquer cette douleur à l'estomac. Il ne pouvait rien avaler au risque de tout vomir. Au début il était hors de question pour moi de l'aider. Puis je me suis rappeler que je devais obéir aux principes chrétiens. L'un d'eux étant d'aimer et de prier pour ses ennemis.

J'allais le voir tous les jours. Tous les soirs je lui demandais de se repentir. Dieu déteste le péché mais il aime le pécheur. Je partageais avec lui des passages bibliques et priais pour lui. Comme Pharaon, il a endurci son cœur et est mort sans se repentir de ses actions. Il a même fait quelque chose que maman avait prédit : me tendre la main pour échanger nos places. C'est à ce moment que j'ai compris qu'il n'y avait plus d'espoir pour lui.

Sa famille m'a accusée. Apparemment j'ai « mangé » leur enfant pour que mes affaires prospèrent. Encore une fois l'histoire de ma mère qui serait une sorcière est ressortie sur la place publique. J'ai entendu des rumeurs les plus folles les unes que les autres : c'est la magie noire qui a fait de mon père un illustre médecin, ma mère prépare avec les médicaments. Tout ceci a eu un impact sur nos affaires. Mais j'ai compris que c'est véritablement les tonneaux vides qui font du bruit. Un chrétien spirituel ne chante pas à la sorcellerie partout. Un initié aux rites locaux ne crie pas « sorcier » à tout bout de champs. Ce sont les perdus qui en ont peur et en font la publicité.

Ça a été une période mouvementée. Malgré tout on était fiancés. Malgré tout on a été intimes. Sa mort ne pouvait pas me laisser de marbre. Mais il était désormais parti et ma mère allait prendre le même chemin très prochainement. Il était temps de respecter cette résolution de passer du temps avec elle.

On peut penser que le passage de Siméon dans ma vie a été un vrai désastre. Moi je me dis que c'est grâce à lui que j'ai pu me forger un caractère. M'endurcir. Mais surtout grandir. Toutes les épreuves par lesquelles je suis passée, toutes les personnes que j'ai connues m'ont apporté quelque chose de positif au-delà de la douleur dans certains cas. Aujourd'hui je sais ce que je veux pour moi, je trace ma propre route. Je fais le choix de mon propre destin.

FIN !