Why You

chapitre 2 un départ perturbant

- "Ils sont morts."
La voix tremble, rauque et chargée d'une peur qu'il peine à masquer.

- "Morts ? Mais... comment on va faire ?! Y'a un bébé, putain !"
Les mots claquent dans l'air comme un fouet, son regard paniqué glissant vers le siège arrière de la voiture accidentée. Là, une petite forme gigote, ignorante du chaos qui l'entoure.

- "Les flics la trouveront. Faut qu'on se tire si on veut pas d'emmerdes."
Une phrase sèche, un verdict impitoyable.

– "C'est de notre faute !"
Le cri est à mi-chemin entre la confession et le désespoir. Les mains du jeune homme tremblent alors qu'il s'appuie contre la portière cabossée, les genoux fléchissant sous le poids de ce qu'ils viennent de faire.

- "C'était un accident, mec... Un putain d'accident. Maintenant, bouge ton cul."
Les mots tombent comme une sentence, froids et dépourvus de toute compassion. L'homme tire son complice par le bras, l'éloignant des corps inertes gisant sur le bitume, leurs silhouettes baignées dans la lumière crue des phares.

Une voiture en flammes. Des vies brisées. Et au milieu de cet enfer, un cri. Faible, presque imperceptible.

Le nourrisson.

Elle pleure, son souffle saccadé mêlé aux braillements plaintifs des sirènes qui se rapprochent au loin.

Un accident peut détruire une vie. Ou deux. Ou bien une famille entière.

Ici, il s'agit de celle d'un nourrisson. Malya Angel.

Seule dans un monde qu'elle ne comprend pas encore. Orpheline avant même de savoir ce que ce mot signifie.

Les deux hommes disparaissent dans la nuit, emportant avec eux les secrets de cet "accident". Ils laissent derrière eux une enfant qui ne connaîtra jamais les visages de ceux qui auraient dû l'aimer, la protéger.

Malya

***

- "JOYEUX ANNIVERSAIRE ! JOYEUX ANNIVERSAIRE, MALYAAAAAAA ! JOYEUX AAAANNIIIIIVERRRRSAIIIIIREEEE !!!"

Le hurlement joyeux me sort brutalement de ma torpeur. À moitié endormie, j'entrouvre les yeux pour découvrir Manon, une petite tornade rousse de neuf ans, perchée au bord de mon lit. Elle me fixe avec son sourire éclatant, ses tâches de rousseur illuminées par l'excitation.

Manon... Elle me colle depuis son arrivée à l'orphelinat. Et pourtant, je ne peux pas lui en vouloir. Elle est comme une petite sœur pour moi.

- "Manon... T'es pas obligée de me réveiller en hurlant," grogné-je en me réfugiant sous mon oreiller, espérant grappiller quelques minutes de paix.

- "Mais... c'est ton dernier jour..." Sa voix se brise légèrement. "Après, tu vas partir. Et tu ne reviendras pas..."

Ces mots me frappent plus fort que je ne veux l'admettre. Je retire l'oreiller de mon visage, mon regard croisant le sien. Ses yeux noisette, grands et innocents, sont embués de tristesse.

Alors, je souris. Un sourire qui tente de masquer le poids que je ressens dans ma poitrine. Je tends les bras pour l'attirer contre moi.

- "Je te promets de revenir te chercher, Manon. Mais tu dois attendre que je sois majeure pour ça, d'accord ?"

Je lui avais fait cette promesse le jour de notre première rencontre. Elle avait cinq ans, à peine, quand ses parents et son frère ont été sauvagement assassinés. Depuis, elle est seule... jusqu'à moi.

Elle se détache légèrement de mon étreinte, son visage s'illumine d'un enthousiasme soudain.

- "J'ai un cadeau pour toi !" s'exclame-t-elle avant de se précipiter vers son lit.