chapitre 39: «Il vaut mieux vivre avec des remords que des regrets» ...

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La confiance, une fois perdue, laisse une empreinte indélébile. C'est comme un vase précieux qui, une fois brisé, ne peut jamais être réparé à l'identique. Les morceaux recollés montrent toujours les fissures, témoins silencieux de la trahison passée.

***
Malya

Le vent déchire mon dos, mais je n'y prête guère attention. Mes pensées m'enferment dans les souvenirs de mes actes récents, me ressassent mes erreurs...

Et si, en voulant les protéger, je les tue ?

Cette question tourne en boucle dans mon esprit, empêchant toute pensée positive de tracer sa route vers mon subconscient...

Qu'est-ce que tu as fait, Malya ?

Une douceur caresse mon dos, me faisant frissonner. Je me retourne vers la source, tombant nez à nez avec Nora. Son sourire timide peine à masquer la détresse dans ses yeux, des yeux qui me lancent des appels à l'aide silencieux...

-"Tu vas bien ?" Sa voix douce m'attendrit, et je lui fais un léger rictus. Sa main se retire de mon dos, comme si chaque contact lui brûlait les doigts.

-"Que fais-tu là " Je ne peux m'empêcher de poser la question. Elle ne répond pas, se contentant de fixer un point derrière moi. En me retournant, je vois une ambulance...

-"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Lorsque je suis rentrée chez moi, c'était..." J'aperçois des brancards recouverts de bâches. Elle pivote vers eux et murmure : "Ils n'ont pas dû survivre au trajet..." Son ton si doux se brise. Je comprends qu'elle sanglote, un pleur sans son où seules ses larmes témoignent de ses tourments...

Elle part, me laissant là, seule avec mes pensées. À genoux, je sens le poids écrasant de la culpabilité m'envahir, comme une marée noire qui engloutit tout sur son passage. Comment ai-je pu être si aveugle à la tristesse des autres ? Mes intentions étaient bonnes, mais les conséquences de mes actions ont causé des blessures irréparables, des cicatrices qui ne guériront jamais.

Je voudrais me lever, courir après elle, la serrer dans mes bras et lui murmurer que tout ira bien. Mais au fond de moi, je sais que tout le réconfort du monde ne pourra jamais remplacer la perte de ceux qu'on aime. La réalité est implacable, et je suis impuissante face à sa douleur.

Je la regarde s'éloigner, ses pas lourds et hésitants, comme si chaque mouvement était une lutte contre un océan de désespoir. Elle se dirige vers les défunts, son visage pâle et marqué par la douleur, une douleur si intense qu'elle semble presque palpable. Lorsqu'elle soulève une des bâches, je vois ses yeux s'écarquiller d'horreur, un cri silencieux déformant ses traits. Elle recule, trébuche et finit par vomir dans un buisson, incapable de contenir son dégoût et sa peine. La scène est insoutenable, un tableau de désolation et de souffrance.

Je sais qui est derrière ce massacre. Je sais que tout cela fait partie du plan. Mais pourquoi ? Pourquoi priver une enfant de sa famille ? Pourquoi infliger une telle souffrance ? Les questions tourbillonnent dans mon esprit, sans réponse, ajoutant à mon sentiment d'impuissance et de désespoir. Chaque pensée est une lame qui s'enfonce un peu plus dans mon cœur, chaque souvenir une goutte de sang qui s'évapore.

Malgré toute la souffrance qui m'emprisonne, je dois continuer la mission et ne pas attirer les soupçons sur moi. Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les tremblements de mes mains. Mon cœur bat à tout rompre, chaque pulsation résonnant comme un coup de marteau dans ma poitrine. Les larmes menacent de couler, mais je les retiens, sachant que je ne peux pas me permettre de montrer ma faiblesse.

Je me relève lentement, chaque mouvement me coûtant un effort immense. Chaque pas que je fais semble me rapprocher un peu plus du bord du gouffre. Mon esprit est un tourbillon de pensées sombres, de regrets et de culpabilité. Je sens que je suis en train de me détruire, morceau par morceau, sous le poids de mes erreurs. La douleur est insupportable, une brûlure constante qui ne s'éteint jamais.

Heureusement, seul Jason a vu mon visage. J'aurais été mal sinon... Mais même cette pensée ne parvient pas à apaiser mon esprit tourmenté. Je suis piégée dans un cauchemar éveillé, où chaque instant est une lutte pour ne pas resombrer complètement.

Je descends mon regard sur mon accoutrement... Nora est bien trop choquée pour y avoir prêté attention, mais il faudra quand même que je la surveille de près. La veste est imbibée de sang, chaque fibre de son tissu sombre en est imprégnée. Mes gants, trempés de sueur, collent désagréablement à ma peau. Le couteau, camouflé dans ma poche intérieure, pèse lourdement, comme un rappel constant de l'acte commis.

La police étant manipulée par Jason, je n'ai pas de soucis à me faire. Cependant, Tony, Rosie et Léonie représentent une menace bien réelle. Leurs regards perçants et leurs questions incessantes pourraient bien me trahir.

Je me dirige discrètement vers l'incinérateur des déchets hospitaliers derrière le bâtiment des urgences. Le soleil est déjà haut dans le ciel, baignant tout de sa lumière éclatante. Je jette un coup d'œil autour de moi, m'assurant que personne ne me suit. Les alentours sont calmes, mais je reste sur mes gardes.

En longeant le bâtiment, je me faufile dans l'ombre des arbres et des buissons, évitant les regards des passants matinaux. Le bruit des sirènes et des conversations des employés de l'hôpital me parvient, mais je reste concentrée. Chaque pas est calculé pour ne pas attirer l'attention.

Arrivée à l'incinérateur, je jette un dernier coup d'œil aux gants avant de les jeter dans les flammes crépitantes. Le cuir se tord et se consume rapidement, emportant avec lui les preuves de mon crime. Je sors le couteau de ma poche avant de jeter la veste au même lieu, le métal froid et brillant contraste avec la chaleur environnante. Après une brève hésitation, je balance la lame dans une bouche d'égout proche. Le cliquetis métallique résonne dans le calme du matin, et je me sens enfin un peu plus légère.

-"Il va s'en sortir ?"

Une voix timide résonne dans mon dos. Je la reconnais immédiatement... mais cela me paraît étrange qu'elle ne soit pas suivie d'un rire.

Je pivote vers Rosie et la rassure :
-"Oui, la zone touchée n'est pas mortelle, la blessure est juste surprenante..."

Elle opine du chef sans oser croiser mon regard. J'ajoute alors :
-"Il ne t'a pas laissé le choix, tu as protégé un enfant, Rosie... Tu n'es pas la méchante, tu es une héroïne..."

Elle relève enfin ses yeux, les plongeant dans les miens. Ses prunelles sont embuées de larmes, et je sens tout le poids de sa culpabilité. Je lui fais un léger rictus, un sourire triste, et pars sans piper mot.

Elle ne me retient pas, mais je sens son regard peser lourdement sur ma nuque, comme une brûlure...

Pardonne-moi pour ce que je vais devoir faire...

Je suis désolée, Rosie...

17 jours plus tard
Aaron

Mes yeux papillonnent, tentant de s'habituer à la lumière tamisée de la pièce. Ma bouche est sèche et pâteuse, et chaque tentative de mouvement est entravée par une douleur sourde qui irradie dans tout mon corps. Je voudrais me lever, mais la douleur m'en empêche, me clouant au lit.

-"Putain... Qu'est-ce qu'il s'est passé..."

Je tourne lentement la tête et aperçois Malya, endormie comme une petite enfant sur un fauteuil en plastique. Ses cheveux blonds encadrent son visage paisible, et malgré la situation, je ne peux m'empêcher de sourire. Sa présence est un baume pour mon esprit tourmenté.

Je comprends rapidement que je suis à l'hôpital. Les machines autour de moi émettent des bips réguliers et des bruits assourdissants, confirmant ma situation. Mon regard se pose sur le calendrier accroché au mur. Nous sommes le 11 janvier. Cela signifie que j'ai été inconscient pendant 17 jours. J'ai manqué toutes les fêtes de fin d'année...

Sauf une, mon anniversaire, qui tombe justement aujourd'hui, le 11 janvier.

L'âge parfait pour me tirer en Angleterre.

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