chapitre 10: Bonhomme de neige

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Malya
8 ans plus tôt

-"Elle attendait, ça me faisait rire..."mes larmes coulent à flot. "Si j'avais su..." Je me retiens de sangloter pour continuer. "Une voiture est arrivée de nulle part.... Et..." je fixe le vide me rejouant la scène encore et encore , "je n'ai pas eu le temps de la prévenir que la voiture..." Je m'écroule.

Les mots ne sortent plus, ma gorge est nouée, une sensation d'étranglement m'encercle les cordes vocales, seul le torrent de mon désespoir se déchaine dans l'aire.

Je sens les regards sur ma moi, les yeux apeurés de certains, énervés des autres.

Mes mains trempent dans la terre, mes genoux s'égratignent, saignent contre les cailloux, mais aucun de ces éléments ne me font aussi mal que ces paroles.

Je l'ai tuée.

Je suis un monstre.

Malya
Présent

Je l'ai traité de monstre, comme je m'étais insultée de monstre lorsque Sarah, ma meilleure amie, est décédée.

Cette pauvre enfant a été percuté par une voiture, je la revois encore aujourd'hui, dans mes cauchemars... ou dès que je vois un accident....

Je n'en parle pas, je me cache derrière un sourire de façade, derrière mon autodérision.

Ça fait moins mal.

Je m'en veux.

Je revois le regard de Aaron quand je lui ai dit.

La vie disparaître des ses iris.

Il n'écoutait plus, je le savais, je l'ai touché.

Mais j'ai continué car au fond de moi ça me faisait du bien.

Pourtant tout ce que je lui ai craché ne lui été pas destiné, tout ceci était pour moi.

Mais ma peur, mon égoïsme a fait que j'ai préféré lui faire payer lui plutôt que moi.

Je n'imagine trop peu l'horreur qu'il a vécu, non, au fait je ne peux pas imaginer.

Je ne peux pas imaginer ce que c'est de découvrir le corps inanimé de sa sœur cadette dans une baignoire et qu'à la suite l'ensemble des élèves du lycée t'accuse d'être le coupable.

Je ne peux pas imaginer les nuits blanches qui ont suivis où il se répétait "et si" sans jamais pouvoir fermer l'œil de la nuit.

Je ne peux pas imaginer les chuchotements incessants autour de lui dès qu'il passait à un endroit.

Je ne peux pas imaginer ce que ça lui fait d'aller dans cette salle de bain.

Je ne peux pas imaginer ce que ça lui fait qu'une autre fille vive sous son toit et pire, dans la chambre de sa soeur.

Je les sus par Léonie, la chambre où je couche n'est d'autre que la chambre de la défunte.

Et moi, j'ose loger dans son ancre.

Mon sac sur le dos j'avance sous la pluie n'ayant pas voulu qu'on me raccompagne.

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