chapitre 6: Meurtre

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Malya
8 ans plus tôt

- "Ma chérie... il va falloir que tu parles, que tu te confies à nous, tu comprends ?"

La maman de Sarah s'est agenouillée devant moi. Sa voix est douce, mais ses yeux sont noyés de larmes. Elle essaie de rester forte. Pour moi, peut-être. Mais je vois bien que quelque chose en elle s'est cassé. Comme une corde qui a lâché.

- " Je sais que ça doit être très dur pour toi... mais il faut nous aider. S'il te plaît, Malya."

Ses mots flottent dans la pièce, remplis de chagrin. Moi, je ne bouge pas. Mes jambes sont serrées contre ma poitrine, mon menton posé dessus. Je me balance doucement, comme si ça pouvait faire taire ce qui hurle à l'intérieur.

Je ne pleure pas. J'ai dépassé ça.

Je suis vide.

Je ne sens plus rien. Ou peut-être que si. Mais ce que je sens, c'est trop grand, trop lourd pour que ça rentre dans mon petit corps.

Je la vois encore, Sarah. Son rire. Sa main dans la mienne.

Puis le silence. Le vide. Et tout le reste.

Je n'arrive pas à mettre des mots. Alors je mens, ou peut-être que je dis la vérité. Je ne sais pas.

Je finis par murmurer, d'une voix presque éteinte :

-"Je l'ai tuée..."

Ma gorge se serre. Mon cœur cogne.

Je baisse les yeux. Je répète en silence, encore et encore.

Je l'ai tuée.
Je l'ai tuée.
Je l'ai tuée.

Et personne ne pourra me convaincre du contraire.


***

Malya
Présent

Je fixe Léonie, affalée sur mon lit, tout sourire, comme si de rien n'était.

Elle est vraiment perchée.

-"Léonie, tu peux pas rester ici" , soufflé-je, encore sonnée par son apparition façon coucou-surprise à trois heures du matin.

Elle penche la tête sur le côté, hausse les épaules avec désinvolture, comme si j'étais la plus étrange des deux.

-"J'ai demandé la permission aux Odson" , répond-elle à ma question muette, le ton détaché. "Mes parents et eux sont de vieux amis, ça aide."

Pardon ? Les parents Odson sont donc de mèche dans ce plan digne d'un sitcom ? Très rassurant. Vraiment.

-"On se connaît depuis... quoi ? 1 semaine, même pas ? Et tu débarques déjà dans ma chambre, en pleine nuit, pour draguer le gars qui vit sous le même toit que moi ?"

-"T'as tout compris, chérie !" s'exclame-t-elle avec un clin d'œil, en se levant d'un bond.

Et c'est là que je remarque sa tenue. Une nuisette. Courte. Légère. Très légère.
Mon regard se fige. Mon cerveau, lui, redémarre en panique.

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