1.Entre deux

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Aliénor

Je ne peux détacher mon regard du paysage. La voiture se faufile avec douceur dans le lourd trafic de cette fin de journée. Et moi, j'en profite pour ingérer tous les détails que je peux.

Cela fait tant d'années que je n'ai pas vu la ville autrement que par les fenêtres du duplex. J'en ai oublié presque tous les détails.

À cette heure, j'observe les collégiens sortant des cours restant en troupeau devant leur établissement ou rentrant chez eux. Les voir avec leur lourd sac et leur énergie pleine d'insouciance provoque en moi un sentiment de malaise. Il fut un temps où, à peine plus jeune qu'eux, j'avais encore cette insouciance. Puis, l'on m'a fait quitter le collège, l'on a fait suivre une éducation solitaire et sévère à la maison.

Ne voulant pas être jalouse d'eux, je détourne mon regard vers d'autres détails. Ils ne sont pas coupables de ce qu'on a fait de ma vie et je ne souhaite pour rien au monde qu'ils la vivent.

Je me concentre plutôt sur ces gens qui semblent rentrer chez eux après leur journée de travail. Je m'amuse un moment à m'imaginer quels sont leurs emplois.

Puis mon esprit dérive, imaginant quel aurait pu être mon futur. Je serais sûrement allée en fac d'info. Peut-être que je serais devenue programmeuse. Ou alors, j'aurais pris une tout autre voie et je serais en train d'étudier dans le but de devenir institutrice.

Laisser mon esprit vagabonder me fait du bien. Non que je sois angoissée ou même effrayée, malgré tout ce que l'on m'avait raconté sur l'homme qui conduisait à mes côtés.

Les gens qui me voient aux travers de la vitre doivent se dire que c'est le plus beau jour de ma vie. Il me parait que c'est ce que l'on dit de cette occasion.

Certains et certaines doivent envier ma magnifique robe blanche parfaitement réalisée, mes parures de diamant et ma coiffure.

D'autre devait se dire que j'avais la chance d'être conduite dans une voiture de marque par un homme affichant discrètement et sobrement qu'il était sûrement plus riche que quiconque dans les environs.

Pourtant, ils auraient tort. Je quitte une prison pour en trouver une nouvelle. Je ne sais si pour certains ou certaines le mariage est une délivrance, mais pour moi , c'est juste un changement de tortionnaire.

Reste à savoir si ma nouvelle prison sera plus vivable que l'ancienne.

J'en doute.

Mon regard quitte un instant le paysage qui est de moins en moins urbain tandis que l'on quitte la ville, pour se poser sur mon nouveau tortionnaire, mon mari.

Il est parfaitement propre sur lui, dans son costume trois pièces parfaitement ajuster, comme seule parure une montre dont je ne connais pas la marque, mais dont je ne doute pas ni de la rareté ni de la valeur.

Sa coiffure est toute aussi propre, ses cheveux bruns savamment repoussés pour faire coiffer sans extravagance et sa barbe finement taillée.

Je suis presque soulagée qu'il porte des lunettes de soleil qui cachent son regard vert plein de haine et de mépris qu'il porte sur moi quand il remarque le mien.

Je détourne les yeux rapidement. Même si je suis habituée au mépris et à la haine, sans savoir pourquoi venant de lui, cela me perturbe.

Sûrement parce que cela est nouveau pour moi. L'on ne s'était pas rencontré avant aujourd'hui. Cela me passera.

Comme mon envie de trouver que sa beauté surpasse tout ce que l'on avait pu me dire de mal sur lui.

Je ne suis juste pas habituée à côtoyer des inconnus. Encore moins des hommes.

J'en regrette presque de ne pas ressentir plus d'angoisse. Ce serait plus prudent, moins dangereux.

Pourtant, cela faisait sept longues années que je préparais à ce mariage. Depuis mes treize ans, âge auquel l'on m'avait cruellement enlevé toute insouciance.

En sept ans, j'étais passée par plusieurs phases, mais j'avais compris que ce mariage était une condamnation et non une délivrance.

J'avais accepté cette idée.


*****

Merci d'avoir lu ce premier chapitre. Si j'ai beaucoup écrit jusqu'à présent, c'est la première fois que j'écris une histoire de romance. J'espère cependant que cela va vous plaire !

Petite précision, toutes les images qui illustrent mon histoire son généré par l'IA de canva. J'essaye de sélectionner celle qui illustre le mieux le chapitre, mais elles peuvent avoir des détails étranges ou décalées, je n'en excuse.

Merci encore pour votre lecture !!!

À très bientôt !!!

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant