37. Rêves

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Aliénor

Je souris joyeusement. La récolte de ce matin a été bonne. Mamie sera heureuse et Papi me fera sûrement des œufs à la coque.

- Aliénor !

La voix forte de papi résonne dans l'air. Mon sourire devient sournois. Ça lui apprendra à croire que je ne suis pas capable de me lever par moi-même. J'ai dix ans, je suis grande maintenant.

- Aliénor !

J'entends l'inquiétude dans sa voix. Je me dépêche donc de sortir du poulailler, emportant avec moi mon panier plein d'œufs fraîchement pondus.

- Je suis là Papi, m'exclamè-je en courant le rejoindre.

Quand j'arrive à son niveau, je pose mon panier par terre et saute dans ses bras. Il essaie de garder son air sévère, mais ne peut pas s'empêcher de me faire mon gros bisou du matin.

- Il faut vraiment que tu nous préviennes quand tu sors. Tu sais, papi a très peur quand il ne te trouve pas.

Je fais la moue :

- Si je te dis où je vais, je ne pourrai pas vous faire de surprises, dis-je fière de ma logique implacable. Regarde !

Il regarde mon panier plein à craquer et me retourne un sourire sincère. Il met sa grosse main sur mes cheveux et les décoiffe plus qu'il ne l'était déjà.

- Merci ma puce. Ça va faire grandement plaisir à Mamie. Rentrons donc lui montrer...

Il prend le panier d'une main, ma main de l'autre et nous reprenons le chemin de la maison.

Vraiment papi et mamie s'inquiète beaucoup trop. Mes amis du village peuvent jouer dans les bois, moi, je n'ai pas le droit de m'éloigner de la ferme sans un adulte.

***

Aujourd'hui, j'ai onze ans ! Je suis grande et j'ai pris une bonne résolution. À mon anniversaire, papi et mamie me parle toujours de maman. Aujourd'hui, je vais leur poser des questions !

Mais d'abord, j'ouvre mon cadeau. Papi et mamie ne sont pas très riches, mais ils arrivent toujours à m'offrir un cadeau que j'adore à mon anniversaire.

Mais amies ont toutes réclamer des téléphones portables. Moi, je n'ai rien demandé. Parce que je sais que c'est cher. Et puis, je n'en ai pas besoin !

Et je préfère avoir la surprise. Papi dit que je suis une enfant bizarre à cause de ça. D'après lui, les enfants ressentent le besoin d'ouvrir les cadeaux le plus tôt possible.

Mais moi, je lui dis que les cadeaux, c'est comme un bon plat, il faut les déguster avec parcimonie !

Toutefois, maintenant que je l'ai dans les mains, je suis grisée. Je n'ai qu'une hâte, c'est de l'ouvrir.

Je souris en découvrant une magnifique boite fabriquée et sculpté par mamie et peint par papi. Elle est splendide. Je suis heureuse. J'avais justement besoin d'une nouvelle boîte de rangement pour mes affaires de dessin.

Je n'avais pas osé leur demander, ne sachant pas combien cela pouvait coûter. Comme d'habitude, mes grands-parents savent ce dont j'avais besoin !

Je me jette dans leur bras en leur faisant de gros bisous. Puis mamie sert le gâteau que papi a cuisiné toute la journée.

Mon gâteau finit, il commence à se faire tard et je sais que c'est maintenant. Comme à son habitude papi me fait signe de monter sur ses genoux et mamie prend une photo de maman.

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant