3.Arrivée mouvementée

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Aliénor

L'une des premières choses que je me dis en observant le portail s'ouvrir sur ma nouvelle prison, c'est que je la préfère à l'ancienne. Je parle du cadre bien évidemment.

Après avoir quitté la ville, nous avons roulé une demi-heure dans des routes de campagne de plus en plus petite. Puis, nous avons emprunté une voie, à peine visible et indiqué nulle part.

Je n'avais pu m'empêcher d'être surprise de voir une si petite route parfaitement bien entretenue. Elle était toujours juste large pour notre véhicule.

Au bout, d'une dizaine de minutes, sur cette route tortillon ante où je soupçonnai mon nouveau mari de s'amuser à rouler trop vite pour me faire peur, nous étions arrivés devant un grand immense portail, qui malgré sa grandeur, ce remarqué à peine. Il semblait vieux et vétuste comme s'il donnait sur des ruines.

Pourtant, nous étions en train d'attendre qu'il s'ouvre automatiquement sur une longue allée longeant un parc parfaitement bien entretenu.

Sans même voir le bâtiment dans lequel je vais vivre, je sais que je vais le préférer. Avant que tout commence, je vivais avec mes grands-parents dans une vielle ferme. Et c'était la plus belle période de ma courte vie.

À l'inverse, la ville était là où l'on m'avait cloitré dans le seul but de se servir de moi. Finalement, le duplex, aussi grand et moderne qu'il puisse être, est devenue tout ce que je déteste.

La voiture avance à présent dans le parc. Et pour la première fois depuis une éternité, je fis un vrai sourire. Comme une enfant, je plaque mon front contre la vitre. Je viens de voir un écureuil.

Cette vision soudaine appelle au fond de moi une joie que je pensais depuis longtemps disparue. Une larme coule sur ma joue, n'abîmant même pas ce fichu maquillage.

J'essaye de voir de nouveau l'écureuil qui a disparu. Mais je ne l'aperçois pas. Cela me laisse un vide étrange dans ma poitrine. Pourtant, cela fait bien longtemps que je suis vide.

Un coup sec contre ma vitre me fait sursauter. La voiture s'était arrêtée sans que je le remarque, à présent mon mari se tenait devant ma portière, son regard toujours plus méprisant.

Je m'empresse donc de sortir, pas la peine de l'énerver davantage. Je sais que j'ai tendance à énerver mon entourage.

Et me voilà par terre, les yeux sur les chaussures de l'homme qui avait reculé pour m'éviter au lieu de m'aider. J'avais oublié cette fichue robe et ces instruments de torture appelés talons.

Peu touchée par le comportement odieux de mon compagnon, je me redresse seule. S'il m'a laissé tombé, il ne m'aiderait pas à me relever.

J'époussète ma robe la tachant de rouge. Ce n'est qu'alors que je remarque les égratignures provoquées par les graviers. Je me frotte les mains pour y enlever les cailloux qui restent et soupire.

Cela fait bien longtemps que ce genre de douleur ne me fait plus rien. Ainsi, gardant le peu de dignité qu'il ne reste, je me retourne vers celui qui est censé être mon mari.

Je m'attends à voir un air moqueur sur son visage, ou du moins son mépris. Mais je n'y trouve rien de ça.

Il est en train de m'observer attentivement, comme s'il étudiait un problème rare ou une espèce inconnue et improbable.

Cela me touche plus que ça ne devrait. C'est bien la première fois que quelqu'un me montre autre chose que du mépris. Il ne faut cependant pas que j'oublie que ce n'est pas pour autant de la gentillesse...

Mais il ne s'est pas moqué...



Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant