9.Retour à la maison

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Antonin

Il y a un inconvénient d'avoir une maison isolée au fin fond de la campagne. La route entre l'aéroport et la maison est putain de long !

Non que j'aie hâte d'être rentré, mais le travail m'a fatigué. Si je ne ressens absolument aucune culpabilité à torturer et à tuer, je n'en éprouve aucun plaisir particulier.

C'est juste une tâche un peu désagréable qui doit être faite. Tout le monde connaît ça, tu peux aimer ton taf, mais il y a toujours une tache de merde que tu dois te taper.

En plus, ce lâche n'a même pas été capable d'assumer. Il a hurlé sans aucune dignité. Bordel, quand tu t'attaques à ma famille, ai les couilles d'assumer jusqu'au bout.

Il y a tellement pleurer que je lui ai coupé les cordes vocales pour pouvoir continuer le boulot tranquille. Je devrais peut-être investir dans de bon bouchon d'oreille.

Je relève la tête de mon portable :

- A-t-on eu des nouvelles de la Rochambeau ?

Martial, mon chauffeur et majordome, me regarde dans le rétroviseur. Je vois de la surprise de son regard impassible. Je suis sûrement le seul à pouvoir le remarquer, mais je le connais bien. Il m'a pratiquement élevé.

- Non, me répond-il simplement.

Bien que le système de surveillance soit relié à mon portable, je n'ai pas trouvé utile de vérifier comment s'en sortait cette femme.

Si nous n'avons pas eu de nouvelles, cela veut dire qu'elle n'a tenté d'enfreindre aucune de mes lois. Dommage.

J'aurais eu une raison de la renvoyer ou au moins de l'enfermer à la cave.

Ceci dit, peut-être que je ne dois pas trop vite abandonner l'idée de la cave. Reste encore à voir dans quel état est la maison. A-t-elle seulement réussi à se nourrir ?

Un sourire sadique s'affiche sur mon visage sur le regard interrogateur de mon homme de confiance.

Je donne à Martial son congé dès que nous arrivons. Contrairement à moi, il y a une femme aimante et des enfants qu'ils l'attendent après trois jours d'absence. Je souhaite le laisser en profiter.

C'est donc seul que je traverse le grand hall. Un coup de téléphone à la maison des gardes m'a informé que la femme se trouve en cuisine.

Elle est au courant de mon retour pour le dîner. Essaye-t-elle de se donner le change en préparation le repas ? Si elle croit que cela va suffire à faire appel à ma clémence, elle rêve.

Je ne prête pas attention au lieu, me dirigeant directement vers la cuisine.

Mes pas sont silencieux par habitude, et dans sa concentration, elle ne remarque pas ma présence. Au lieu de me faire remarquer, je me cale dans l'encadrement de la porte et l'observe.

Je suis aussitôt subjugué par le spectacle. Elle danse. Voilà ce qu'elle fait. Elle se déplace avec une telle grâce et sans hésitation que la voir cuisiner, c'est comme regarder un ballet, donc chaque mouvement serait chorégraphié.

Elle occupe son espace avec intelligence et précision. Aucun geste n'étant superflu. Elle coupe ses aliments d'une main experte, les cuit sans peur de se brûler.

Jamais je n'ai vu un plan de travail aussi propre alors que quelqu'un est en train de cuisiner. Dès qu'elle en a le temps, elle nettoie ses ustensiles et ses plaques de découpe.

Il ne fait pas de doute qu'elle a appris à cuisiner. Et qu'elle le fait depuis longtemps. Est-ce sa passion ? Je n'en doute pas.

Le sourire qu'elle affiche alors qu'elle s'affaire est insouciant et sincère. Je doute qu'elle sache qu'elle est en train de sourire en ce moment même.

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant