2.Une indésirable

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Antonin

Elle est exactement comme je l'avais imaginée. En même temps, pouvait-il y avoir autre chose qu'une femme vénale et superficielle qui ne sorte de cette famille. Il fallait voir sa mère et ces deux sœurs. 

Aujourd'hui, je l'ai rencontré pour la première fois et j'ai fait d'elle ma femme. Tout ça pour mon connard de père qui semblait bien plus heureux que moi en ce jour sinistre.

Il gagne l'argent et un partenaire peu scrupuleux et bien pratique pour blanchir notre argent et moi, je me coltine une pimbêche. 

Elle aurait pu être belle. Sans toutes ces couches immondes de maquillage et de parure hors de prix. Tout en elle paraissait fausse. De faux ongles beaucoup trop pimpants à ses mèches blondes loin d'être naturel.

La seule chose qui me laisse perplexe, c'est son comportement qui est tout en opposition. Effacé et silencieuse.

Alors que je conduis, elle observe les rues avec attention, presque vénération. La voir ainsi avec le regard émerveillait d'un enfant, je pourrais presque croire que je me suis trompé sur son compte.

Pourtant, dans ce regard, il manque quelque chose pour le rendre réellement innocent et enfantin. Il manque une petite étincelle. 

Ceci doit être la preuve que ce n'est qu'un jeu. Ils ont dû se renseigner sur moi et mes fréquentations. Les seules femmes que je côtoyais étaient des femmes pleines d'intelligence et de gentillesse. Loin d'être superficiel. 

Je ferai tomer se masque ridicule. J'avais déjà commencé à essayer, en vain pour l'instant.

J'avais pris soin toute la journée de lui faire ressentir par mon regard ce que je ne pouvais encore lui dire. Et dès que je le pouvais, je l'avais tout simplement ignorée. 

Durant tout le repas du midi, installé au côté de ma sœur, nous avons discuté, n'hésitant à sortir régulièrement des piques sur les membres de cette famille. 

Ce n'était guère compliqué, comme tout nouveau riche, ils affichaient vulgairement leur fortune à la gueule du monde avec ostentation et mauvais goût.

Ma nouvelle femme n'avait pas dit un mot. Je l'avais même vu sourire discrètement. Pour essayer de me plaire ou se moquer de moi, je ne sais pas.

Puis, sachant que leur famille préférait de loin se faire conduire par des chauffeurs, à se demander s'ils avaient même le permis, je m'étais mis au volant de ma propre voiture sans lui ouvrir la porte ou l'aider à monter.

Elle m'avait encore surpris en montant de son côté sans plus attendre, malgré son encombrante robe de marié. Sans se plaindre, elle s'était débattu avec tous ses jupons avant de claquer la porte.

C'est tout juste si elle m'avait regardé, mais quand elle le fit, c'est yeux bleu sombre ne semblait pas cacher de colère ou d'agacement. Il paraissait juste compréhensif, quoiqu'un peu apathique. 

C'était une bonne actrice.

Mais bientôt, je verrai son vrai visage. 

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant