38. Réveille

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Aliénor

Je suis éblouie. Je cligne plusieurs fois des yeux pour arriver à y voir quelque chose. Mais ma vision reste étrangement légèrement floue.

- Aliénor ! S'exclame la voix. Tu es réveillée !

La voix est pleine de soulagement. Pourtant, maintenant que je reprends doucement conscience, je me rappelle peu à peu à qui elle appartient.

Un frisson glacé me traverse, une envie de fermer les yeux et de retomber dans mon sommeil également. Mais quand je sens sa main relâcher la mienne, je l'agripe de toute mes forces.

Pourtant, mon regard va plutôt chercher la fenêtre que son visage. Je ne veux pas le voir. Le voir le rendrait réel. Mais une peur irrationnelle me prend en l'imaginant me laisser de nouveau seule.

- Aliénor, il faut juste que je prévienne Estelle, ta doctoresse, de ton réveil.

Sa voix grave est douce et se veut sûrement rassurante. Mais je garde ma prise sur sa main. Je ne suis pas prête à être seule de nouveau. Même si cela veut dire que je reste avec celui qui m'a infliger tous ça.

Je l'entends se rasseoir. Il me place sa deuxième main autour de la mienne comme pour me rassurer.

- J'ai compris, je vais l'appeler. Je reste avec toi aussi longtemps que tu le souhaites.

Toujours plongée dans ma contemplation des nuages, je fronce les sourcils. Il ne devrait pas être si gentil. Pourquoi se comporte-t-il si gentiment avec moi ? Est-ce une nouvelle forme de torture?

Je l'entends vaguement téléphoner, mais la peur prend le dessus. Que me réserve-t-il ? Si au début, je n'avais pas cru qu'il m'ait envoyée Sylvie, je sais qu'avant que tout devienne noir, je m'étais dis qu'elle ne pouvait pas faire ça seule sans qu'il ne soit au courant.

- Elle va arriver, m'informe-t-il.

Au son de sa voix, je me mets à trembler de tout mon corps. Malgré tout, je reste accrochée à sa main comme si elle est mon unique ancre pour ne pas basculer totalement dans la terreur.

- Aliénor, s'inquiète-t-il. Tu vas bien ? Je suis désolé... Je ne sais pas quoi faire. Mais, Estelle arrive d'une minute à l'autre.

Il paraît sincère. Est-il si doué pour jouer un rôle ? A-t-il besoin de moi pour manipuler mes parents ?

La porte de l'infirmerie, s'ouvre enfin sur une femme en blouse blanche et au visage sympathique. Comment fait-il pour être entouré de personnes avenantes alors que lui-même ne semble jamais sourire ?

Me voyant, elle m'offre un grand sourire :

- Vous êtes enfin réveillée ! On commençait à vraiment s'inquiéter. Non, que je ne doute de mes qualités de médecin bien sûr !

Elle s'approche de mon lit doucement. Je remarque son regard sur nos mains, mais elle ne dit rien. Quand enfin, elle est à mon chevet, elle se tourne vers l'homme qui me tient la main.

- Antonin, je vais l'ausculter. Si tu veux bien attendre dehors.

- Ça va aller, Aliénor ?

Que mon nom semble doux sur sa langue...

- Aliénor ?

Je remarque alors que je n'ai ni répondu, ni lâché sa main. Toujours sans le regarder, je hoche la tête et me fait violence pour desserrer ma prise autour de sa main.

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant