11.Faveur

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Aliénor

Je me suis levée tôt ce matin dans l'espoir de ne pas le croiser. Malheureusement, il semble qu'il soit autant lève tôt que moi...

Et nous voilà tous deux dans la cuisine à nous regarder avec surprise. Moi, je ne m'attendais pas à le trouver en cuisine, quand bien même, il serait levé. J'imaginais qu'il demanderait à quelqu'un, sûrement moi, de l'une porter son petit déjeuner.

Lui ne devait pas s'attendre à me voir lever si tôt. Choisissant comme d'habitude la fuite plutôt que l'affrontement, je détourne le regard pour me préparer un petit déjeuner.

- Voulez-vous que je vous prépare quelque chose ? Demandè-je poliment.

- Je me suis déjà fait un café.

Soulagée par sa réponse, je me prépare un thé. J'ai toujours été plus thé que café. Et je dois dire que les thés de cette maison sont particulièrement excellents.

Je m'installe le plus loin possible de lui pour siroter mon thé. Mais, je ne peux m'empêcher de l'observer du coin de l'œil.

Ignorant totalement ma présence, il lit un journal tout en buvant son café. Je suis étonnée de voir qu'il existe encore des gens qui font ça.

- Ma gouvernante ne devrait pas tarder à arriver, déclare-t-il sans même relever la tête. Avant qu'elle n'arrive, il me semble nécessaire de vous expliquer que tant que vous vivrez sous ce toit sans avoir d'emploi, vous devrez aider madame Hugnot pour les tâches ménagères.

- Et si je vous dis que je souhaite travailler ? Retournè-je sarcastique.

Il relève enfin la tête de sa lecture. Mais au lieu d'être agacé, il a un sourire plein de méchanceté :

- Et quel boulot compte tu faire avec le bac comme seul diplôme ? Femme de ménage.

La honte me monte aux joues. Je déteste sa façon de sous-entendre que j'ai arrêté mes études volontairement. Et bien que ce ne soit pas mon choix, j'ai également honte de ce fait.

Je me concentre sur ma tasse.

- Et quand bien même, tu trouverais un boulot à ta hauteur, je ne te laisserai pas sortir tant que je ne t'accorderai pas ma confiance.

Autant dire jamais, songè-je tristement. Mais, je ne suis pas surprise.

- Si vous me condamner à être votre bonne, accordez-moi une faveur.

En disant cela, je plonge fièrement mon regard dans le sien. Je ne sais d'où je tire cette force de combattre, mais la peur est toujours présente.

Je sais bien qu'il aura le dernier mot. Et s'il veut que je récure chaque parcelle de ce manoir, je ne pourrais pas lui désobéir.

Pourtant, ma témérité semble payer. Au lieu de paraître en colère, je lis de l'amusement dans son regard vert.

- Et pourquoi je te l'accorderai ?

- Quand bien même, vous n'acceptez pas, vous n'avez rien à perdre à l'écouter.

- Si mon temps et il est précieux.

Malgré ses paroles peu aimables, il sourit. Il s'amuse à mes dépens. Cela devrait m'énerver, mais en faisant cela, il m'accorde plus d'importance que ne l'ont jamais fait les Rochambeau.

J'attends donc mon regard toujours dans le sien, montrant que je ne laisserai pas tomber si facilement.

C'est faux, au moindre signe de colère, je me replierai pour trouver une autre stratégie. Mais, il se contente de sourire et de déclarer :

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant