33. Blessures

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Antonin

Je regarde la doctoresse en colère avec surprise. Je connais Estelle depuis que l'on est gosse. Jamais, je ne l'ai vu aussi en colère contre moi.

Et s'il n'y avait qu'elle. Liliane, la femme de Martial, semble passablement énervée. Elle nous foudroie du regard, les bras croisés.

- Avant tout, coupè-je, je veux savoir si Aliénor va bien.

- Pourquoi ? Me crache Estelle. Pour pouvoir la torturer à nouveau ?

Son accusation ravive ma culpabilité. Cependant, je reste impassible et réplique :

- Si ce que je voulais, je n'aurais pas fait appel à toi...

- Oui, justement, je te rappelle que j'ai accepté de travailler pour toi à condition de ne jamais être mêlée à vos sordides affaires, me coupe-t-elle sans m'avoir même vraiment écoutée.

- Estelle...

- Non, écoute-moi ! Je l'ai soignée, car je ne pouvais pas la laisser souffrir. Je ne sais même pas ce qui m'empêche de tous vous dénoncer...

Si je peux comprendre sa colère, il y a des choses qu'elle ne peut pas dire. Je l'attrape par le bras et lui plaque la main sur sa bouche pour pouvoir en placer une.

Ignorant son regard outré, je reprends la parole :

- Estelle, fais attention à ce que tu dis, l'avertis-je doucement. Si les paroles que tu viens de prononcer remontent à mon père, le. Fait que tu sois la fille de Jean-Marc n'y changera rien. Il voudra d'éliminer.

Mon avertissement ne fait qu'aggraver sa colère. Elle se débat pour échapper à ma prise, mais je la tiens fermement. Je n'ai pas le temps d'être distingué et elle ne semble pas disposée à m'écouter.

- Moi, je m'en fous de ce que tu dis. On sait très bien tout d'eux que tu ne révèleras rien. Et pour ta gouverne, j'ai bien respecté notre putain de contrat ! Aliénor n'est pas ma prisonnière. Si je suis coupable d'une partie de la situation, je n'ai absolument pas souhaité qu'elle se retrouve dans cet état. Pour l'instant, la seule chose qui me préoccupe, c'est qu'elle guérisse ! Donc maintenant, tu vas me dire comment elle va et si jamais, une fois qu'elle ira mieux, tu décides de ne plus être mon médecin, eh bien, je te laisserai partir.

Je la relâche en lisant l'hésitation dans son regard. Elle ne me croit pas totalement, mais elle a conscience que pour le bien de sa patiente, il vaut mieux calmer les tensions.

Elle s'écarte donc pour me laisser entrer dans l'infirmerie. Je passe devant Liliane dont le regard suspicieux circule entre moi et son mari. Finalement, elle le rejoint, gardant un air de reproches sur son visage.

Je découvre enfin Aliénor. Je me fige découvrant qu'elle se trouve sur le ventre. J'ai vu suffisamment de personnes hospitalisées pour savoir que ce n'est pas la meilleure position.

Mon regard interrogateur se pose sur Estelle qui m'a suivi :

- Pourquoi est-elle dans cette position ?

- Ses blessures sur le dos sont en train de s'infecter. Dans cette position, nous pourrons plus facilement changer les pansements et elle aura moins mal.

Je me fige. Mes yeux naviguent entre la doctoresse et sa patiente.

- Ses blessures ? Demandè-je essayant de contrôler ma voix. Quelles blessures ?

Devant mon incompréhension, Estelle semble légèrement se détendre. Sa colère envers moi diminue, mais elle reste professionnelle et froide à mon égard :

Deuxième captivitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant