Chapitre 8 : s'apprivoiser

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Harry entra dans la chambre de Jasper, tendu.

Ils avaient transféré le vampire la veille et Carlisle avait estimé que l'empathe aurait besoin de boire du sang tous les jours, en petite quantité, pour au moins deux semaines avant d'avoir assez récupéré pour pouvoir espacer. Le régime normal des vampires était de boire une grande quantité de sang tous les mois environ, mais le docteur craignait qu'être nourri autant ne rende Jasper malade, voire le tuer, après avoir été affamé pendant des années. Il avait donc été décidé qu'Harry, assisté par Edward et Carlisle dans leurs costumes de mangemorts, iraient tous les jours dans la chambre de Jasper.

Ce dernier était dans le coin où il s'était réfugié la veille, son regard noir se fixa sur Harry dès qu'il passa la porte. Le sorcier tentait de se raisonner qu'il n'avait été attaqué la veille que parce qu'il avait été désartibulé et saignait, mais à présent, son bras était soigné et même s'il était toujours bandé, plus une goutte de sang ne s'échappait.

"Jasper, chuchota Harry quand il fut au milieu de la pièce. Je sais que tu as faim.

- Il croit que tu l'as piégé hier, chuchota Edward qui monitorait les pensées de son frère.

- Je veux juste t'aider."

La vague de faim et de douleur qui passa à travers le corps du sorcier le mit à genoux, mais il se releva, le souffle court, en faisant signe aux autres de ne pas intervenir.

"Harry, qu'est-ce que tu fais ?" chuchota Edward.

Le sorcier ne répondit pas, mais avança vers le vampire qui tremblait contre le mur. Il n'eut pas le temps de le rejoindre, Jasper se leva et fut sur lui en un clin d'œil. Il le souleva par la gorge et le plaqua contre le mur.

"Tu ne veux pas me tuer." murmura Harry, le souffle court.

Le visage squelettique était à quelques centimètres du sien, les lèvres retroussées sur les dents saillantes, cependant ce ne fut pas la peur qui l'emporta en Harry, mais la fascination. Son regard tomba dans celui noir avec des paillettes d'or face à lui, il lui sembla qu'il pouvait y deviner l'âme du jeune texan enfermée dans cette enveloppe immortelle.

"Je veux t'aider Jasper, souffla-t-il à nouveau. J'ai du sang, dans la bouteille, pour toi."

Les yeux noirs firent plusieurs aller-retours entre la bouteille dans la main du sorcier et ses yeux. Son visage était toujours aussi menaçant, mais Jasper reposa Harry sur ses pieds et prit la bouteille. Toute sa posture imposait au sorcier de ne pas bouger, d'attendre son autorisation pour partir, alors il ne bougea pas d'un pouce, tout comme Edward ou Carlisle, pendant qu'il ouvrait la bouteille. Son regard fonça plus encore alors que l'odeur du sang lui parvenait. Il but le liquide rouge avec avidité, ne perdit aucune goutte du litre et demi qui lui était offert, et replongea son regard dans celui de la seule personne vivante dans la pièce.

Il sembla à Harry qu'il y avait plus de paillettes dorées dans les yeux noirs que quelques minutes auparavant, alors que le visage émacié se rapprochait du sien.

"Ne fais pas ça, s'il te plaît." le supplia le Survivant.

Il ne savait ce qu'il demandait exactement, mais il savait qu'il ne voulait pas que Jasper soit trop proche de lui, le vampire était plus proche de la bête affamée que de l'homme pour l'instant et l'avoir aussi prêt de lui, prêt à le mordre ou à l'embrasser, lui faisait peur. L'empathe se figea, recula, et retourna s'asseoir dans son coin, tournant le dos aux visiteurs.

"Je reviendrai demain avec une autre bouteille." l'informa Harry, mais il n'obtint aucune réponse.

Chaque jour, pendant deux semaines, ils répétèrent le même rituel. Harry entrait dans la pièce avec ses deux gardes du corps, il allait seul jusqu'au fond de la chambre, s'asseyait face à Jasper, lui tendait la bouteille, se perdait quelques instants dans son regard de plus en plus doré et repartait. Le vampire ne prononçait pas un mot, mais il était plus serein en présence du jeune homme, moins sur la défensive tant que Carlisle et Edward gardaient leurs distances. Son apparence physique changeait de jour en jour et au bout des deux semaines, il était une personne différente : un bel homme blond, grand, à la musculature fine, et à la peau claire.

Âme fataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant