Chapitre 38 : un long procès

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La révélation des actions de Jasper durant la première guerre des sorciers jeta un froid sur l'assemblée et fit peur à Harry, mais O'Murray reprit la parole tout de suite. Il expliqua que le vampire avait été fait prisonnier de Lord Voldemort et n'avait pas eu le choix que de lui obéir. Il demanda à montrer les souvenirs que maître Kangae avait extraits lorsqu'une solution pour libérer Jasper du sort était cherchée. Durant tout son discours, il fit attention à ne jamais mentionner Harry, ni aucune autre personne ayant aidé le vampire.

Les émotions furent très intenses durant la diffusion de ces souvenirs, plus que durant le visionnage des précédents, poussant Jasper à demander du sang à son avocat qui libéra une de ses mains en toute discrétion pour qu'il puisse boire. Les trois gorgées qu'il prit lui firent du bien, mais ne suffirent pas à l'apaiser. Il reposa sa main tremblante sur l'accoudoir et sentit le métal se refermer autour de son poignet. Il chercha Harry du regard et fut soulagé de pouvoir se noyer dans les deux émeraudes plus foncées qu'à l'ordinaire à cause de ses émotions. Ils se regardèrent plusieurs secondes, avant de retourner leur attention vers les avocats qui débattaient de la responsabilité de l'accusé, celle de Jasper ayant été écartée.

La présidente du Mangemagot finit par clore les débats et demanda à passer à l'accusé suivant.

La journée se poursuivit ainsi : Jasper racontait ce que l'accusé lui avait fait subir, les souvenirs étaient diffusés, puis les avocats débattaient jusqu'à ce que la présidente demande à passer au cas suivant. Le vampire peinait à garder son contrôle, mais y parvenait grâce au soutien visuel de son âme-sœur et au sang qu'il buvait à intervalles réguliers. Harry lui avait l'impression que son cœur était déchiré en petits morceaux, il comprenait de mieux en mieux que certains membres de la famille Cullen, dont Jasper, aient voulu chasser ces déchets qui avaient fait tant de mal à l'empathe, lui-même était pris d'envie de meurtres.

Lorsque la présidente déclara la fin de la séance et la poursuite le lendemain, seuls les cas de quatre des accusés avaient été entendus. Harry quitta la salle avec Ron et Hermione, sous le regard de Jasper qui rêvait de trouver refuge dans les bras de son sorcier.

Cependant, maître O'Murray attendit que la salle soit vide pour le détacher et discuter de la journée, protégés par un sort de confidentialité. Il estimait que cette première étape s'était bien passée, mais qu'il faudrait rester vigilant sur la suite, surtout à ce que Jasper reste maître de ses réactions. Il l'encouragea à montrer plus d'émotions sur son visage ou dans le ton de sa voix lorsqu'il racontait son calvaire, mais sans perdre le contrôle. Le vampire acquiesça, sans savoir s'il en serait capable, il avait juste hâte de quitter cette salle lugubre.

Le sorcier finit par le ramener après vingt-trois longues minutes d'autres conseils pour la suite, mais Jasper ne put s'empêcher d'être déçu en ne voyant pas celui avec qui il voulait être dans le salon du manoir Zabini.

"Où est Harry ?" demanda-t-il après avoir salué sa famille, que O'Murray leur ait fait un résumé de la journée et ait pris congé.

Il fut surpris et inquiet de les voir échanger des regards gênés.

"Qu'est-ce qui se passe ?

- Rien, répondit Rosalie. C'est juste qu'on pensait que tu saurais, il nous a juste dit à ce soir quand il est parti ce matin."

Jasper acquiesça, il n'aimait pas que Harry ne soit pas là, ni les émotions qui lui parvenaient, mais il n'avait surtout aucune envie de les gérer à ce moment-là.

"Je vais prendre l'air." déclara-t-il avant de partir vers le ponton.

Il n'avait aucun doute sur le fait que sa famille saurait où le trouver, mais lui laisserait un peu d'espace avant de le faire. Il s'assit au bout du ponton pendant un long moment, mais il n'arrivait pas à se vider la tête, le procès, ses souvenirs, les visages des accusés, le regard douloureux de Harry, tout cela tournait en boucle dans son esprit. Agacé de ne pas réussir à trouver un quelconque apaisement, il se mit en boxer et plongea dans le lac. Il ne prêta attention ni à l'air froid de ce début janvier, ni à l'eau glacée, il se laissa couler et s'allongea au fond du lac. Il se concentra sur le poids de l'eau au-dessus de lui, le noir qui l'entourait, la sensation du sable sous son dos et surtout l'absence d'émotions étrangères.

Âme fataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant