Chapitre 4 : mauvais pressentiments

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Les jours passèrent et l'impatience gagnait tout le monde. Harry travaillait à la boutique avec George, tous deux se changeaient les idées ensemble une à deux fois par jour, mais l'inventeur était de plus en plus distant avec lui le reste du temps. Cette situation inquiétait le plus jeune quand il y pensait, mais son esprit était bien plus tourné vers le vampire qu'il essayait de retrouver. Percy passait tout son temps libre à fouiller les archives du ministère, parfois avec l'aide d'Hermione ou de son père. Kingsley avait déjà envoyé plusieurs hiboux pour expliquer que ses recherches prenaient plus de temps qu'il l'avait imaginé lors de leur rencontre, mais qu'il continuait de les mener. Les Cullen prenaient leur mal en patience, rénovaient le square, allaient sur le chemin de traverse, la plupart du temps avec Ron, pour y explorer les rayons de la petite librairie ou aller à la banque de sang. Carlisle avait le sentiment qu'ils allaient avoir besoin d'une bonne réserve pour Jasper.

Enfin, alors que trois semaines s'étaient écoulées depuis l'arrivée des vampires dans la vie des sorciers, Harry reçut la lettre qu'ils attendaient tant, celle de Kingsley lui proposant un rendez-vous pour vérifier si le vampire enfermé dans le département des mystères était bien Jasper. Il dut prendre sur lui pour attendre l'heure de fermeture de la boutique et se rendre au square. Là, il marqua un temps d'arrêt en sortant de la cheminée du salon. La pièce auparavant sinistre et poussiéreuse était propre, désencombrée et lumineuse. Les tapis moisis, les tapisseries décrépies, les lourds rideaux de velours, le mobilier vieillot et la décoration écœurante avaient disparu. Le sol, les fenêtres et le plafond avaient été nettoyés, redonnant son éclat au parquet, leur transparence aux fenêtres et son ton blanc au plafond. Les murs avaient été repeints dans un blanc cassé et réhaussés dans le mètre supérieur de miroirs qui aidaient à l'éclairage naturel de la pièce. Les chandeliers aux murs et au plafond avaient été nettoyés et diffusaient une lumière tamisée, chaleureuse. De nouveaux canapés et fauteuils habillaient l'espace avec goût autour d'une table basse moderne et le piano avait été nettoyé et réparé.

Harry resta bouche-bée jusqu'à ce qu'Esmée entre dans la pièce.

"Harry, j'espère que les changements te plaisent.

- Vous rigolez ? C'est génial. Merci de vous être donné toute cette peine.

- Mais non ce n'est rien voyons, juste un petit remerciement pour ce que tu fais pour nous."

Malgré cette protestation, Harry avait bien vu que son compliment sincère avait fait plaisir à la vampire. Il serait bien allé visiter le reste de la maison avec elle, mais il n'était pas là pour ça et le reste de la famille Cullen les rejoignit.

"Kingsley m'a écrit, deux d'entre vous doivent venir avec moi au ministère demain pour rencontrer le vampire qui y est et l'identifier.

- C'est une bonne nouvelle Harry." déclara Carlisle.

Il fut vite décidé que le docteur et Edward seraient ceux qui allaient accompagner le sorcier. Ce dernier les informa qu'il passerait les chercher à huit heures et quitta le square. Il ne fut pas étonné de trouver George chez lui lorsqu'il arriva, il ne fermait la porte à clé que lorsqu'ils s'envoyaient en l'air au cas où quelqu'un déciderait de passer à l'improviste. L'inventeur jouait avec sa baguette, les yeux dans le vide lorsque Harry arriva, ce dernier vint s'asseoir à ses côtés au bout du lit, mais ne le toucha pas, ne dit rien. Il attendit qu'il soit prêt.

"Hermione avait raison, déclara George.

- A quel propos ?

- Oublie ça."

George, le regard voilé, se tourna vers son amant et s'appliqua à lui faire oublier ses derniers mots. Harry perdit vite toute capacité à formuler une pensée cohérente sous les baisers et les caresses du jeune homme. Il voulut les lui rendre, mais George refusa, le fit se tourner sur le ventre et le fit vite crier de plaisir sous ses coups de rein. Harry ne tint pas longtemps sous le rythme effréné et les mouvements profonds de la verge qui tapaient sa prostate avec ferveur et vint sur les draps quelques secondes avant son amant.

L'inventeur resta un moment immobile avant de sortir de l'antre chaude et de s'asseoir sur le lit. Harry roula sur le côté pour le regarder tout en luttant contre le sommeil qui l'attirait.

"Tu veux dormir là ?" demanda le Survivant au bout d'un moment.

George était étrange ces derniers jours, comme s'il avait quelque chose sur le cœur et qu'il craignait de le partager. Une larme coula sur la joue de l'inventeur ce qui laissa Harry perdu, il n'avait jamais été adroit avec les sentiments des autres, déjà que les siens étaient compliqués, et il ne savait pas comment consoler quelqu'un.

"Non, je... je préfère dormir seul. Je te vois demain.

- Euh... demain matin je dois aller au ministère, je ne sais pas à quelle heure j'arriverai.

- Pas de soucis, la journée devrait être calme de toute façon."

Le ton morne de George secoua le plus jeune qui se leva sur ses coudes pour le regarder quitter le studio en boxer, Harry se laissa ensuite tomber sur le lit avec un soupir, il appréciait George et le voir dans cet état l'embêtait, surtout qu'il ne savait pas du tout quoi faire pour l'aider. Les paroles d'Hermione lui revinrent en tête "un jour l'un de vous deux va souffrir, si ce n'est vous deux." Il se demanda si son amant souffrait de leur arrangement, peut-être qu'il souhaitait autre chose à présent... sauf que Harry ne lisait pas dans ses pensées et que si George ne s'ouvrait pas à lui il ne pourrait pas deviner. Malgré ses questionnements, il finit par s'endormir, mais sa nuit fut agitée de rêves et cauchemars dont il ne se souvint pas au réveil, seule une boule au ventre lui resta, comme un mauvais pressentiment.

Cette sensation ne le quitta pas alors qu'il se rendait au square, ni alors qu'il menait Carlisle et Edward jusqu'au bureau de Kingsley, et elle ne fut pas allégée par le soulagement qu'il ressentit en découvrant le professeur Flitwick dans le bureau. Savoir que son ancien professeur de sortilèges était le spécialiste choisi par Kingsley pour étudier le cas du vampire ensorcelé le rassurait. Il fut par contre intimidé par un grand sorcier au visage fermé qui se tenait dans un coin, son nom ne leur fut pas donné, mais le ministre indiqua qu'il travaillait au département des mystères et saurait les guider là-bas. Celui que Harry comprit être une langue-de-plomb expliqua que leurs sens seraient brouillés afin qu'ils ne soient pas capables d'identifier les secrets de son département sur le trajet et qu'ils soient incapables de retrouver leur chemin seuls. Les vampires n'apprécièrent pas la nouvelle et ne le dissimulèrent pas, mais ils prirent sur eux, savoir si Jasper était dans cet endroit leur importait plus que tout, quitte à se mettre en danger.

Flitwick fut celui qui exécuta le sort pour les désorienter, le résultat fut surprenant. Tout ce que Harry regardait était déformé et ressemblait à quelque chose d'improbable. Kingsley lui apparaissait avec les traits de la Joconde alors que Flitwick avait les traits de Zeus et la langue-de-plomb à Hitler. Aucun objet n'était à sa place ou sous sa forme naturelle, le bureau du ministre s'était transformé en hippopotame et son fauteuil trônait de l'autre côté de la pièce. Ce qu'on lui avait annoncé comme une corde qui servirait de guide avait l'allure d'un serpent et la texture d'un chewing-gum. Lorsqu'ils se mirent en marche, le sol semblait être tantôt fait de sables mouvants tantôt de bitume et Harry était bien incapable de donner les directions qu'ils avaient prises, c'était comme si son esprit ne pouvait les comprendre. Durant tout le trajet, ses oreilles captèrent des bruits de jungle qui finirent de le perturber, l'expérience lui donnait la nausée et il fut soulagé quand le sort fut levé.

Ils étaient dans un couloir gris foncé, éclairé de torches qui flottaient entre les portes, elles étaient toutes du même côté du couloir et leur nombre semblait infini. Toutes identiques, elles étaient faites de métal avec une trappe fermée au milieu. Rien ne permettait de distinguer une porte d'une autre. La langue-de-plomb leur tendit des capes noires, qu'ils enfilèrent, puis à chacun le masque typique des mangemorts. Harry l'observa un moment, frissonnant alors que ses souvenirs de la guerre lui revenaient en force.

"C'est pour votre sécurité monsieur Potter." dit l'homme.

Harry comprit qu'il n'entrerait pas sans et le plaça sur son visage. Ils étaient tous prêts à entrer, l'employé du département des mystères ouvrit la porte et le pressentiment d'Harry revint avec force dans son estomac.


Âme fataleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant