Partie 1

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Baya, c'est mon prénom. J'suis la seule fille dans ma famille, heureusement que j'ai la présence féminine de ma mère. A part ça j'ai deux frères : Kamyl et Kassym. Puis il y a aussi mon père. On habite tous dans un appart, dans une cité composée de longues tours. Nous on est la famille Bentayeb du 5 ème étage du block 9.

Parlons un peu de Kamyl et Kassim. C'est deux là, c'est les même, on aurait dit des jumeaux bien qu'ils aient 2 ans d'écart. Ils pensent pareil en plus de se ressembler physiquement. Kamyl c'est le plus âgé, il a 22ans et Kassim le plus jeune, il a 20ans. Ce sont de vrais algériens, au caractère bien trempé, nerveux et fière.

Venons-en à ma mère, Yemma, plus simplement la femme de ma vie, celle pour qui je donnerai mes yeux. C'est un exemple pour moi, une femme vertueuse ma sha Allah. Dieu seul sait à quel point je l'aime.

Puis il y a Baba, mon père, ma chaire, mon sang, toujours présent pour nous. Malgré les sales caractères de mes frères, il fait du mieux qu'il peut pour nous donner un avenir meilleure.

Ensuite je vais vous parler de ma cousine, Soraya, une perle, j'ai beau avoir des copines, elle reste la meilleure. La famille ça passe avant tout d'après tout, vous êtes pas d'accord ?

Et pour finir, je dirais que j'suis une fille simple. J'suis loin d'être comme toutes ces filles qui traînent, sortent, fument... Faut dire que j'ai pas non plus le choix, et d'un côté c'est mieux comme ça. J'ai pas beaucoup de copines, j'suis sélective, je garde dans ma vie que celles qui en valent la peine. 

[...]

Une fois de plus, j'suis perchée du haut de ma tour, j'm'ennuie, j'peux pas sortir sinon je risquerai d'éveiller la colère de mes frères. Je me met à la fenêtre pour pratiquer mon activité préférée. Je regarde le monde vivre, tandis que moi c'est à peine si je respire. J'en ai assez, mais je n'ai pas le choix, donc je fais avec... Je regarde les gens passer, je me met à penser. J'imagine ce que pourrait être leur vie. Vous voyez le pélo là bas? Je mettrais ma main à couper qu'il n'est pas d'ici, il doit surement venir se ravitailler. Surement parce que sa vie est dure ou bien parce qu'il a juste besoin de trouver un moyen de s'évader. Chacun fait comme il peut, bien que je cautionne pas ce genre de choses.

Je suis là, à rêvasser par la fenêtre, à faire passer le temps comme je peux. J'aperçois une fille habillée assez court qui sort du hall de la tour d'en face, j'me demande bien où elle va dans cette tenue. Au même moment quelqu'un d'autre attire mon attention. Un homme assez âgé, en qamis, apparaît, il fait son chemin sans prêter attention à ce qui l'entoure. Lorsqu'il passe juste en bas de mon bâtiment, je le reconnais, c'est mon voisin, un homme bon, et pieux. Il a perdu sa femme il n'y a pas si longtemps que ça, le pauvre homme c'est retrouvé seul avec ses fils. 

Je me dirige vers mon lit, je m'y allonge et je me met à réfléchir. J'me rend compte que dans nos cités on voit de tout finalement, certes elles peuvent avoir un côté sombre, mais faut pas oublier non plus le bon côté, malheureusement ce côté là n'est jamais mis en avant. Il est souvent négligé, et ça la faute à qui ? Aux médias bien sûr, ils effraient les gens à notre propos, de toutes manière la seule chose qui les intéresse c'est de faire les gros titres. C'est pas étonnant qu'après les préjugés qui se propagent sur nous que les "bourges" nous cataloguent comme des bons à rien, des futurs criminels, des délinquants et j'en passe.

Trêve de bavardages, Kamyl me sort de mes pensées en entrant dans ma chambre. Vu que ma mère est allée au bled pour rester avec mes grands parents qui sont assez âgés maintenant, je m'improvise femme au foyer. C'est difficile d'être une fille dans une famille de mec ! On a l'impression qu'un grand nombre de choses repose sur nos épaules. Enfin bref, apparemment je devrais faire à manger, mon père ne va pas tarder à revenir du travail. Je fais ce que j'ai à faire sans discuter, bah oui, c'est tout à fait normal non? Il se casse le dos pour sa famille, je peux au moins faire ça pour lui.

Je suis dans la cuisine, à préparer à manger, j'improvise, vu que j'avais la flemme de faire un chef d'oeuvre culinaire. J'ai fais quelque chose de simple, rapide, et bon! Une quinzaine de minutes plus tard, Baba est rentré, je suis allée lui faire la bise, ensuite j'ai posé la table. Kamyl était ressorti entre temps, du coup, une fois de plus, j'allais dîner seul avec mon père. Je nous ai servis, on a quand même discuté un peu durant le repas, puis il est allé se coucher, épuisé de sa longue journée. Quand à moi je me suis retrouvée seule, dans un ennui total. J'ai donc décidé d'appeler ma cousine, Soraya, pour qu'elle puisse venir passer la nuit avec moi. Elle m'a dit que sa mère la déposerait d'ici une demi-heure. En attendant ma cousine, je me dirige vers la douche pour me rafraîchir. 

Je me faufile dans ma chambre, je me coiffe, d'un coup un bruit sourd parvient à mes oreilles. Je me dirige par ma fenêtre, et j'aperçois deux hommes d'environ une vingtaine d'année qui se battent. Ça à l'air sérieux, je me cache derrière mon rideau, j'ai tout de même pas envie d'avoir une réputation de commère comme la dame du 4 ème étage avec ses pots de yaourt lol.  ( La dame aux pots de yaourts comme je l'appelle, c'est la daronne d'un des plus gros tocards de la cité, mais malgré ça elle est toujours prête à surveiller les fils des autres, tout en dégustant son yaourt par la fenêtre ) Un autre s'approche d'eux, j'arrive tout de même à apercevoir son visage assez nettement malgré la hauteur qui nous sépare. Des grands du quartier sont aussi venus les séparer. Ça criait dans tout les sens. Je décide quand même de rester raisonnable, je ferme ma fenêtre et attend sagement ma cousine.

On sonne à la porte, je m'y dirige, je jette un coup d'œil par le judas ( non j'suis pas une haramiste, mais le petit trou sur la porte s'appelle comme ça mdr ). C'était Soraya, accompagnée de ma tante. Je leur ouvre la porte et les fait entrer, en prenant soin de les installer dans le salon, tout en leur demandant si elles souhaitaient boire quelque chose. Je leur ai donc posé des petits gâteaux et du jus d'orange, puis à ce moment, ma tante a pris la parole.

Tata : Benthi pourquoi tu viendrais pas dormir à la maison un peu ? Tu resterai avec ta cousine.

_ Merci tata c'est gentil mais je peux pas, je dois m'occuper de mon père et mes frères.

Tata : C'est comme tu veux ma fille, mais la maison t'es ouverte, tu passes quand tu veux.

_ Oui pas de soucis, et merci.

Tata : Je vais vous laisser les filles, bonne soirée et ne faîtes pas de bruit, ton père doit être fatigué. 

On lui fait la bise, et elle s'en va. Je me retrouve donc avec Soraya, on se précipite dans ma chambre, et je lui fais part de la petite altercation qui s'est produite tout à l'heure en bas de l'immeuble. Elle se met à rire puis me dit que de son côté c'est plutôt calme, c'est assez normal, parce qu'elle habite dans un pavillon situé dans une ville voisine avec ses parents ainsi que ses frères et sœurs. Nous étions en pleine discussion, où ma cousine admettait qu'elle trouvait beau un garçon de notre lycée, quand elle m'a dit son prénom je me suis mise à rire. Non pas par moquerie, mais parce que je m'en doutais.  Puis nous avons entendu le bruit de la serrure qui a tourné. Ce devait sûrement être Kamyl ou Kassym qui venait d'entrer. 


Salem Aleykoum la famille ! N'hésitez surtout pas à commenter pour me dire ce que vous en pensez, et n'oubliez pas de voter. Merci.

La cité de ma fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant