Partie 4

11.9K 935 92
                                    

Je le regardais toujours à travers le judas, il était dos à moi, puis il a sonné en face. Mais non ce n'est pas possible qu'il habite ici, ce serait donc le frère à mon voisin Tarek ? Pourtant je ne l'avais jamais vu entrer ici auparavant, comme quoi il y a quand même des choses qui peuvent m'échapper, à moi, la plus grosse analyste du tiéquar lol. La porte s'ouvre, du moins Tarek ouvre. Je colle mon oreille contre la porte pour mieux écouter.

Arabeman : Écoutes moi bien, ce que tu me dois je le veux demain, sinon toi et ton équipe..

Tarek : Oh frère tu me menaces là ?

Arabeman : Tu sais très bien que j'parle pas pour rien.

Tarek : Wé wé, t'auras tout ce qu'il faut demain, aller salem.

Il referme la porte. J'avais faux sur toute la ligne, ils n'étaient pas frères, ce qui explique que je n'avais jamais vu Arabeman dans la tour auparavant. Apparemment le conflit venait d'une histoire d'argent, ça avait l'air d'être un peu plus sérieux que ça. Arabeman était toujours là, je l'ai vu déboîter l'interrupteur puis sortir quelque chose de sa poche... Au moment où j'allais apercevoir la nature de l'objet, la lumière s'est éteinte... Putain! J'ai vraiment pas de chance... La lumière se rallume, je le vois en train de réajuster l'interrupteur... Il a du glisser l'objet quand il faisait noir. Il s'en va, quand à moi, l'envie me démangeait d'ouvrir la porte et d'aller voir ce qu'il y a mit, mais j'ai préféré rester raisonnable on est en pleine journée, on risquerait de me voir.

Le lendemain matin alors que j'avais cours, en sortant de chez moi, j'ai vu l'interrupteur. J'ai fais un blocage dessus, je voulais vraiment fouiller... L'hésitation était forte, mais j'ai fini par aller en cours sans y toucher. Ça aurait pu m'apporter des problèmes qui sait. Ma journée de cours passe comme elle se doit, je rentre chez moi, les zonards étaient dans le hall du coup même s'ils sont juste en bas je ne pourrais pas toucher l'interrupteur aujourd'hui, et vu l'heure je risque de croiser Tarek, et il me demanderait ce que je cherche. 

Tous les matins pendant une semaine en allant en cours le matin je fixais cet interrupteur. L'envie de le déboîter me démangeait mais je savais bien que ça allait m'apporter des problèmes !

Cette fois-ci tant pis pour les conséquences, je me lance. Je m'approche de l'interrupteur, j'essaye de le déboîter soigneusement pour ne pas le casser ou arracher un fil. Une fois mon travail terminé, je tiens le boîtier de l'interrupteur d'une main et de l'autre je m'apprête à fouiller. À première vu, il n'y a rien qui puisse avoir un rapport avec ce qu'il aurait pu y mettre la dernière fois. C'est de ma faute, j'ai hésité trop longtemps avant de regarder à l'intérieur. La seule chose que j'y ai trouvé c'est une araignée. J'ai lâchée un petit cri de tapette, j'ai encastré l'interrupteur à sa place et j'ai dévalé les escaliers pour aller en cours.

Quelques jours passent sans que j'ai de nouvelles d'Arabeman. Bon j'avoue que "nouvelles" est un grand mot, disons sans que je ne l'ai vu. Plutôt bizarre pour un mec qui passe le plus clair de son temps à passer en dessous de ma tour.

Alors que je rentre des cours discrètement comme à mon habitude, j'ai pu apercevoir une scène qui m'a plutôt fait rire. J'vous ai pas encore parlé de Boro c'est le surnom qu'on donne à Marvin un portugais du 2 ème étage. Enfin bref, le sujet ne tourne pas autour de lui, cette fois, mais plutôt autour de sa sœur et de son "pote" Kevin si après ça on peut toujours le qualifier de la sorte. Kevin c'est un kabyle. J'reprend mon récit, donc je disais que je rentrais quand j'ai entendu et même vu Kevin qui parlait à la sœur de Marvin qui était par la fenêtre.

Kevin : Ton frère il est là ?

Elodie : Non, il est pas à la maison. 

Kevin : Parce qu'il répond pas au téléphone.

Elodie : Attends je vais demander à ma mère.

Kevin : Ok.

Elodie : Il est chez ma tante.

Kevin : Et tu sais pas quand il reviens ?

Elodie : Non.

Kevin : Ah ok, sinon c'est terminé avec ton mec ?

Elodie : Oui depuis...

Kevin : Ah bon parce que la dernière fois je t'ai vu aller le voir en cycliste.

Là je me suis dis oh le bâtard, il a dit "cycliste" genre leggings, j'étais cuite. Elle aussi rigolait.

Kevin : Définitif, définitif ?

Elodie : Oui, définitif, haha.

Après ce petit bout de conversation, il essayait de la faire rire. Il grattait par ci, par là... J'voyais clair dans son petit jeu, il voulait la mettre dans sa poche. Kevin c'est v'la le connard en faite, il attend que son pote soit pas là et il passe à l'attaque. Putain, le vicieux... Quand je pense qu'il est h24 avec Marvin. Surtout que la réputation de Kevin s'en suit, c'est un des plus gros dragueurs mythomanes de la téci. Il les a presque toutes fait tomber dans ses filets. J'comprend pas, il est pas moche, c'est vrai. Mais au bout d'un moment avec toutes les disquettes qu'il a mise, faut s'en méfier.

[...]

J'suis postiché dans ma chambre, pour pas sortir de la routine. J'réfléchissais à ce que serait ma vie si j'avais eu une sœur, c'est vrai que j'suis très proche de ma mère... Mais j'aurais quand même aimé avoir une sœur avec qui faire des bêtises, à qui tout dire, avec qui partager mes pleurs et mes rires... Mais non j'suis solo. Mes copines ? Sérieusement, aucune d'elle n'a su faire la diff'. Elles sont là pour leurs intérêts et quand c'est pour les miens, y a plus personne ! Sah, j'en ai rien à foutre d'elles. Elles restent au stade connaissance. J'me répète, mais je tiens à le redire, la seule en qui j'ai confiance c'est ma cousine Soraya.

J'étais en pleine réflexion sur ma vie, lorsque la porte s'entre-ouvrit. C'était la femme de ma vie qui entrait. Elle est venue s'asseoir sur le bord de mon lit. Elle me souriait, ah mais qu'est-ce-qu'elle est belle ma mère ma sha Allah... Je donnerai tout pour que son sourire dure longtemps. Rien que de la voir heureuse ça me réjouie, si elle est heureuse, je le suis aussi. C'est ma reine.

Mama : Benthi tu peux aller acheter des baguettes ?

_ Oui Yemma, pas de problèmes.

Mama : Merci ma fille.

_ De rien.

Vu que mes frères n'étaient pas chez moi, j'ai du allé chercher les baguettes. Super ma sortie non? J'enfile mes chaussures, j'dévale les escaliers comme une folle. J'entend des voix féminines, je ralenti, j'espionne à travers la cage d'escalier. Deux filles, s'apprêtaient à entrer chez un de mes voisins. L'une d'entre elle tenait une chicha dans ses mains. J'essayais de m'approcher un peu plus près pour pouvoir entendre ce qu'elles disaient, mais boum j'suis tombée. J'me suis relevée aussi vite que j'ai touchée le sol, et j'ai couru me cacher ! Bah ouais, c'est la honte si quelqu'un sait que je les espionnait. J'suis retournée chez moi, j'ai fais mine d'avoir oublier l'argent. Une dizaine de minutes plus tard je suis redescendue en direction de la boulangerie du coin. 

J'marche sur le bitume, toujours la même odeur moisie, j'étouffe. J'kifferai me casser d'ici, aller dans les îles, j'ai les même rêves qu'un bicraveur, la différence c'est qu'eux font de l'argent sale et que moi j'suis là sans argent. Mais je me suis faite une promesse, m'tirer d'ici, et sortir les parents d'cette misère, leur offrir la vie de rêve. J'cours pas après l'argent facile, en sah j'veux une carrière honnête.

J'entre dans la boulangerie, l'odeur des croissants chauds fait frémir mon nez. J'prend trois baguettes, famille nombreuse oblige. J'paye et j'fais le chemin retour jusqu'à chez moi. J'entre dans mon bât' j'ai l'mort, ce foutu ascenseur n'est toujours pas réparé. L'état nous hagar c'est abusé. Ils sont même pas foutu d'nous envoyer un technicien, pff, c'est des chiens. Malgré moi, bien que j'kiffe analyser le monde autour, j'vois qu'un autre mec rejoint mon voisin et par la même occasion les grandes folles qui sont entrées chez lui.


Salem aleykoum, n'hésitez pas à voter, à me donner des avis constructifs, à me dire ce que vous en pensez, en commentaires ou même par message... Merci d'avance.

La cité de ma fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant