Partie 6

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Au cours de la journée qui a suivit j'ai appris qu'les perquisitions avait été nombreuses aujourd'hui. Les keufs étaient venus foutre la merde, et ça les jeunes allaient leur rendre. Une fois les cours terminés, je m'empressais de rejoindre ma tour. Lorsque j'étais dans ma chambre j'allais enfin pouvoir guetter l'action qui se préparait et ça aux premières loges. Il était 18h00 et pour le moment tout était plutôt calme. J'décide d'aller prendre mon goûter car mon ventre criait famine. Alors que mon centre se remplissait rapidement, des bruits se faisaient entendre, ce qui signifiait qu'la foule arrivait. La cité était en plein mouvement. J'me précipitais à la fenêtre afin de ne pas manquer une miette de cette rébellion. Je basculais légèrement en avant pour mieux voir le petit groupe de jeunes qui se trouvait en bas.

Des voitures commençaient à brûler, ça chahutait dans tout les sens. La BAC faisait son apparition, sous la mélodie des sirènes. Des pierres volaient de partout. On pouvait même voir des affrontements condés/banlieusards. La police se cachait derrière les boucliers. C'était du grand n'importe quoi. Les jeunes commençaient à lâcher des cocktails Molotov. On a aussi eu le droit aux bombes lacrymogènes de la part des hnouchs. Étant donné qu'ils aient vu que leurs gaz lacrymogènes n'aient pas fonctionné tel qui le souhaitait, ils ont tirés aux mortiers pour essayés de calmer tout ces jeunes révoltés.

On a même eu le droit à l'apparition d'une fille de taille assez forte, qui voulait se joindre à la foule. Ils ont pas manqué d'se rire d'elle en la recalant comme il le fallait. A la vue des moqueries qu'elle a provoqué autour d'elle, elle s'en est vite allée. Quand à moi, elle m'a bien fait rire. Mais qu'est-ce-qu'elle a cru ? Une fille n'a pas sa place dans ce milieu, ça vire au ridicule.

Une heure s'est écoulée depuis le début, quelques jeunes se sont fait embarqués. Ils allaient sûrement finir en garde à vue. Quand aux policiers, certains sont tombés, j'vous jure que c'était trop drôle à voir. A faire les supers héros qui marchent à reculons, normal qu'ils s'prennent les pieds dans tout et n'importe quoi... D'autres se prenaient pour des guerriers... La foule s'était dissipée, le calme revenait. Petit à petit, la place était vide. 

Après toute cette agitation, j'ai refermé ma fenêtre. Il était vingt heures et quelques, ma mère malgré la situation qui venait d'se produire était en train de cuisiner, c'était sûrement un moyen pour elle d'penser à autre chose. Mes frères n'avaient pas répondus à ses appels, alors elle devait évacuer le stress en cuisinant.

Une quinzaine de minutes plus tard, la table était posée, le dîner était prêt. Mon père finissait tôt aujourd'hui et n'allait pas tarder à rentrer. Mes frères, eux, étaient toujours dehors, à faire je ne sais quoi. Mon père était entré, on l'a salué puis on est passé à table. Après manger j'suis retournée dans ma cellule, ma chambre au cas où vous n'auriez pas compris lol. J'suis allée me coucher.

En rentrant des cours je suis allée acheter quelques stylos, ils m'en manquaient pleins à cause d'mes bêtises, haha. Quand je suis rentrée chez moi, j'ai vu que mes frères étaient à la maison, ça m'avait un peu soulagé, vu les agitations de la veille...

Quelques minutes après que je sois rentré, la porte d'entrée s'ouvre et se referme. Les voilà déjà ressortis. Je vais dans ma chambre et je me met à la fenêtre. Je les vois s'éloigner jusqu'à ne plus les voir. J'entendais la dame au yaourt qui parlait au téléphone. Toujours en train de faire des commérages celle-là, elle racontait sûrement l'épisode d'hier à l'une de ses copines. Je n'écoutais même pas sa conversation parce qu'elle en rajoute tout le temps, elle raconte ça à sa sauce. Je me contentais de regarder par la fenêtre, lorsque je vis Arabeman passer sous mon immeuble. J'ai faillis lui lancer un stylo mais il y avait ma voisine, du coup je ne l'ai pas fait et je me suis contentée de le regarder partir.

Une fois que je ne le voyais plus, j'ai refermé la fenêtre et je suis retourné à mon occupation principale depuis quelques temps : les révisions. Ensuite, j'ai fini par aller me coucher, épuisée.

[...]

Me voilà prête à quitter l'appartement, à vrai dire j'attend ma mère pour que nous puissions allées au marché du quartier ensemble. Ici, même au marché les mecs sont de vrais loups, mes frères m'ont bien fait comprendre que je n'avais pas à m'y rendre seule, sinon j'aurais affaire à eux. J'vous explique, ils aiment bien venir tourner au marché, et quand ils trouvent des jolies filles, ils ne se gênent pas pour les accoster.

Je marche à quelques centimètres de ma mère, de peur de la perdre de vue, parce qu'ici la foule est au rendez-vous. Je n'ai en aucun cas envie de passer ma matinée à la chercher dans tout ce monde. Tandis que je marchais aux côtés de ma mère, j'observais le monde qui m'entourait. C'est vrai que le marché de ma cité était assez connu, de nombreuses personnes venues d'ailleurs s'y rendaient.

J'observais alors quelques visages qui m'étaient familiers, d'autre que je voyais pour la toute première fois. En regardant bien, je vois qu'une amie à ma mère est aussi présente aujourd'hui. Je faisais tout pour que ma mère et moi dévions notre route, parce que sinon c'est trois heures que je serais restée planter ici à attendre la fin de leur discussion.

Mon plan a fonctionné, ma mère n'a pas vu sa copine pour ma plus grande satisfaction. On tournait encore dans le marché, achetant des légumes par ci, et des fruits par là. Moi, qui suis très perchée, j'observais le monde qui m'entourait. Je voyais quelques femmes me fixer, ce qui était très déplaisant. Des personnes me bousculaient, "sans faire exprès", j'étais à deux doigts de leur mettre des balayettes lasers.

Toute cette foule commençait vachement à m'oppresser. Je me rappelais alors pourquoi je n'aimais pas venir ici, il y avait beaucoup trop de monde et moi je manquais d'air. C'est à s'en demander si je ne suis pas claustrophobe.

On poursuivait notre route et bien que la première fois j'ai réussi à l'esquiver, vu le gros sourire qui s'affichait sur ses lèvres cette fois-ci, c'était mort. Elle nous avait vu, et elle s'approchait et moi ça me déprimait. J'ai même eu le droit aux bisous baveux, j'avais juste envie de m'enfuir.

Ma mère et son amie discutaient, et moi j'étais comme une folle en train de les attendre en regardant mes lacets. J'aurais bien aimé faire passer le temps en jouant sur mon téléphone, ah oui, je n'ai pas de téléphone. Je m'ennuyais trop, mais je devais rester auprès d'elles par politesse. Sinon ma mère m'aurait fusillée du regard et j'aurais eu le droit à une marre de reproches à mon retour chez moi.

Alors que je ne les écoutais à peine parler, je réfléchissais à une excuse plausible qui me permettait de m'en aller poliment, sans éveiller la honte que je pourrais causer à ma mère dans le cas contraire. Bien sûr mon cerveau n'était pas du même avis, habituellement les idées auraient fusées dans ma tête, mais la rien. Vraiment rien du tout... Je saturais totalement. En plus j'avais soif, c'était une journée où la chaleur était à son comble.

Copine de ma mère : Sinon ta fille tu ne la marie pas ?

Cette phrase me sortit entièrement de mes pensées, je la regarda directement pas réflexe avec une once de dégoût dans le regard. Par malheur au même moment, elle me lança un regard suivit d'un sourire narquois qui voulait dire "tu es pour mon fils toi". L'horreur total, sérieux moi mariée ? On en reparle dans dix ans, mais maintenant je ne pense pas ! ( Ok j'abuse un peu, dix ans c'est long, mais maintenant c'est trop tôt )

Maman : Non elle est encore jeune pour l'instant, dit-elle en me faisant un clin-d'œil.

Merci maman, ton soutien me soulage. Ça c'est ce que j'aurais voulu lui dire mais je me suis abstenue en me contentant de sourire.

La cité de ma fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant