Une fois notre après-midi entre filles terminée, je suis rentrée chez moi et Nass est retournée chez elle. Son petit cadeau m'avait vraiment fait plaisir. J'avais enfin mon propre téléphone portable. Vous moquez pas hein, mais en plus j'avais qu'un seul contact et c'était Nass. Une fois que je suis arrivée chez moi, j'ai enregistré le numéro de ma mère puis celui de mon père, et même ceux de mes frères. Après ça j'ai appelé Soraya pour lui annoncer que j'avais eu un téléphone, elle était contente limite plus que moi haha. Je lui ai donné mon numéro et elle m'a ensuite envoyé un message. Ça y est zerma maintenant je jouais dans la cours des grands.
J'étais toute contente, j'ai rangé mon téléphone dans mon tiroir et je me suis mise par la fenêtre. L'air frais me faisait du bien. Quelques quad et cross venaient quand même un peu intoxiquer l'air, mais c'était rien de bien méchant. Je refermais ma fenêtre quand j'ai senti quelqu'un qui me tirait les cheveux. Je me suis retrouvée à l'autre bout de la pièce sans même avoir compris ce qu'il se passait. Je me suis faite enchaînée comme une kelba... J'savais même pas pourquoi j'avais le droit à autant de haine. Ah si... Peut-être que ça y est Arabeman m'avait balancé. Quel connard...
Malgré les coups, je voulais faire la forte... Je ne pleurais pas. Je ne disais rien. Je le laissais m'enchaîner comme si j'étais un mec. Il me tapait de toutes ses forces, à croire qu'il oubliait que j'étais sa sœur... Je ne parlais pas, mais mon regard, lui disait tout. Il était rempli de dégoût, de haine et de peine. Ça faisait bien longtemps que mon propre frère ne m'avait pas taper de la sorte. Il était en colère et ça je l'avais bien senti par ses coups.
J'ai senti un liquide chaud coulée de mon nez... Non ce n'était pas de la khnouna... C'était autre chose, un liquide rouge... Oui c'était du sang. Jamais il ne m'avait tapé jusqu'à faire couler le sang. J'avoue que c'était presque rien. C'était à peine une ou deux gouttes, mais j'étais quand même surprise de voir autant de colère à l'intérieur de mon frère. Quand il s'est rendu compte qu'il m'avait bien amoché, il s'est stoppé de lui-même.
Mes parents n'étaient pas là pour séparer, et j'en avais fait les frais. Bien que je croyais être seule avec Kassym, Kamyl fit son apparition.
Kamyl : Oh, il s'passe quoi ici ?!
Je me suis contentée de baisser la tête, j'avais déjà assez honte comme ça. Honte de quoi ? Je ne saurais vous le dire.
Kassym : Demande à ta conne de sœur !
Kamyl : Calme tes mots, et vas-y déclare.
À ce moment même j'avais envie d'ouvrir la fenêtre et de me jeter avant de décevoir mon autre frère...
Kassym : Bah alors Baya tu parles pas ? Dis nous hein, dis nous !
Kamyl : La con d'ta race, parle zebi rend pas fou.
Il s'adressait à Kassym pendant que moi j'avais toujours la tête baissée.
Kassym : Ah parce que maintenant c'est moi qui rend fou ?
Kamyl : Arrêtes de faire le gamin et explique moi là, j'vais m'zehef.
Kassym : Écoutes, il s'avère que ta sœur traîne avec des putes.
Je l'ai fusillé du regard... Et il me l'a bien rendu. Je voyais que de la haine dans son regard. Tout ça pour une vieille histoire.
Kamyl : Qui ça ?
Kassym : Nassima du bloc 4.
Il se retourne vers moi et me pose une question.
Kamyl : C'est vrai ? Tu la connais ?
_ Oui...
Kamyl : Tu lui parle plus, t'as compris ?
_ Mais... C'est ma copine.
Kassym : Quoi ?! -rires- Ta copine c'est Soraya fin. T'as pas besoin d'en avoir d'autres.
Sur ces paroles là, mes deux frères quittent ma chambre et me laisse seule. Je m'allonge sur mon lit, et je me met à observer le plafond... J'essaye de me vider l'esprit mais rien y fait. Je réfléchis encore et encore. J'comprends pas les choix de mes frères et je comprends encore moins les choix qu'ils se permettent de faire pour moi même. J'suis plus une gamine, j'ai plus besoin qu'on me dise à qui ne pas parler. Jamais ils ne me laisseront voler de mes propres ailes... Jamais.
Une chose est sûre, je ne lâcherai pas Nassima. Il ne lui reste plus que moi, et je ne lui tournerai pas le dos à mon tour. J'en ai marre des préjugés, l'erreur ne définit pas qui tu es. Ça peut arriver à n'importe qui de se tromper au moins une fois dans sa vie. Mais ça personne le comprend, enfin tout le monde fait semblant de ne pas le comprendre... Or que comme vous le savez tous, aucun être parfait ne fait parti de la Terre. On est tous fait d'imperfections.
Avant je pensais comme ça aussi, que les autres n'avaient pas le droit à une deuxième chance. Quand je voyais toutes les khemjas qui se vantaient de ce qu'elles faisaient ça me dégoûtais, mais maintenant j'ai appris à connaître Nassima. Je sais qu'elle n'est pas comme les autres. Elle a juste était faible à un moment, et elle l'a aussitôt regretté. Derrière ce que les gens disent d'elle se cache une fille, comme tout le monde. Vous ne savez pas que des fois, le mépris que vous éprouvez à propos des autres peut les détruire. Alors arrêtez de pointer les erreurs des autres du doigt, car un jour viendra où l'on pointera du doigt vos erreurs.
[...]
Deux semaines sont passées, je ne sortais plus... Je restais cloîtrée chez moi. Je continuais néanmoins à envoyer des messages et à appeler Nassima. Je ne lui avais pas parler de l'altercation que j'ai eu avec mes frères à propos d'elle de peur de la blesser. Le temps passait et je pensais de plus en plus à passer mon permis, c'est pour ça que je me suis enfin décider à aller m'inscrire à l'auto-école aujourd'hui.
Alors que j'y allais, je voyais de loin Arabeman. Je stressais à sa simple vision, j'avais peur qu'il me reconnaisse et qu'il m'humilie publiquement. J'ai alors fait mine de n'avoir rien vu, et j'ai poursuivi ma route. Cependant en relevant la tête j'ai pu remarquer qu'il me regardait de loin, avec une certaine insistance qui me pesait.
Heureusement pour moi il n'est pas venu m'adresser la parole, mais je sentais qu'il m'avait reconnu. De toutes les façons, il n'avait pas réagi lorsqu'il m'avait cramé lors des faits donc je ne vois pas pourquoi il viendrait se plaindre maintenant.
Je suis allée m'inscrire comme j'avais prévu de le faire puis je suis retournée chez moi. Pendant une semaine je m'y rendais tous les jours, je voulais vraiment avoir mon code rapidement. J'y allais avec Soraya qui c'était aussi inscrite, puis on avait aussi fait la connaissance d'une fille qui se prénomme Ayda. Durant cette semaine j'avais aussi arrêter de faire la gueule à mes frères. Ça ne dure jamais longtemps avec eux, c'est la famille quand même.
On était dimanche et l'auto-école était fermé alors j'ai fais la grasse matinée. Je me suis réveillée doucement avant d'aller prendre un bain. Je me suis ensuite habillée et je suis retournée dans ma chambre. Kamyl était venu me rejoindre. Il s'était assis sur mon lit et m'avait tapoté une place auprès de lui. Je me suis assise à l'endroit qu'il m'avait indiqué.
Kamyl : Baya tu sais pour l'autre fois là, j'tenais à m'excuser de la part de Kassym parce qu'il a pas eu les couilles de venir s'excuser de lui même. Il regrette de t'avoir taper dessus, on a eu une longue discussion et tu peux être sûre que ça ne se reproduira plus. Il veut te protéger c'est tout et il sait juste pas comment s'y prendre. Tu deviens une femme maintenant et je pense qu'on a plus besoin d'en venir aux coups, on peut parler comme des adultes pour résoudre nos problèmes.
J'étais restée bouche-bée devant ce que venait de dire Kamyl. C'était la première fois qu'il me parlait comme ça, avec douceur... J'en avais les larmes aux yeux. C'est seulement à ce moment que je voyais que mon frère devenait un homme, qu'il avait enfin mûrit. Il m'a embrassé le front et il a quitté ma chambre. Je ne lui avais pas répondu de peur d'éclater en sanglot, parce que j'étais tellement heureuse de voir que Kamyl avait évolué ainsi.
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La cité de ma fenêtre
General FictionBaya, petite sœur de ses deux grands frères vit dans une cité. Pour la protéger, ses deux frères la prive de sa liberté. Pour elle, un seul moyen de s'évader, rêver du haut de sa tour. A travers son histoire, découvrez les réalités de la vie de quar...