Partie 8

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Il me restait seulement une semaine avant les épreuves du bac. Je vous mentirais si je vous disais que je n'étais pas stressée. Je révisais le plus possible, en essayant de me concentrer comme il le fallait. Je sélectionnais les cours auxquelles j'irais et ceux auxquelles je n'irais pas.

De temps en temps, histoire de décompresser un peu j'appelais Nassima. On discutait souvent au téléphone, elle au moins elle avait son portable... Moi j'devais toujours aller prendre le fixe. On parlait de tout et de rien, depuis ce qui lui était arrivée, elle s'est beaucoup renfermée sur elle-même. Elle a mis certaines de ses amies sur la touche, et elle ne sortait presque plus. Elle me disait que ses copines lui reprochaient d'avoir changé. Mais que voulez-vous ? Les épreuves et les erreurs de la vie nous forgent, nous changent et nous font grandir.

En ce moment à la cité c'est plutôt calme, enfin, pour moi c'est calme. Mais je pense que c'est dû au fait que je me concentre sur les études en ce moment du coup j'ai moins le temps d'me mettre à jour sur ce qu'il se passe autour de moi.

Trois jours s'écoulent, j'suis au bord de la crise de nerf. J'ai envie de tout jeter et d'arrêter de réviser, mais j'me dis que c'est pour mon bien. J'me remet au travail, mais pour moi impossible de me concentrer, du coup, je me rend à la fenêtre...

Je l'ouvre en grand et je respire un bon coup. J'aperçois Arabeman, et comme à mon habitudes -rires- je me précipite prendre des stylos. J'en ai pris une bonne poignet et je lui en ai balancé. Il y en a même un qui lui est arrivé en pleine gueule. J'ai rigolé comme une tarée, bien que j'avais le cerveau qui fumait tellement j'avais taffée. On aurait dit une folle.

Comme une gogole, j'étais là à rire par la fenêtre. J'me souciais pas du fait qu'il puisse me voir. Mais quand j'ai croisé son regard, j'suis vite revenue à la réalité. Et merde... Il m'a vu, ça y est je suis foutue. Je me suis quand même cachée, bien que ça ne servait à rien vu qu'au contraire ça me cramait encore plus... Sur le coup j'ai pas réfléchit.

J'avais peur pour ma vie, mes frères allaient me gonfler s'ils l'apprenaient. J'me faisais du sang d'encre. J'voulais me tej par la fenêtre carrément. J'étais en train de m'imaginer les pires scénarios quand la porte s'ouvrit, non pas d'elle même, mais avec l'aide de ma mère, logique...

Yemma : Benthi, arrêtes de réviser comme une mehboula, ça y est reposes-toi un peu. Il faut que tu sois en forme pour le jour J.

_ Oui, m'ma t'as raison...

C'est vrai qu'elle n'avait pas tord. J'avais trop réviser ces derniers temps, fallait que je me repose un peu. La fatigue m'a déjà joué des tours, et j'en ferais les frais une fois que mes frères seront au courant de ce qu'il s'est passé.

Yemma : Aller, vas t'habiller on va aller chez ta tante.

_ Heu... Oui d'accord.

J'exécute les ordres de la patronne, et un quart d'heure plus tard me voilà enfin prête. Je vais rejoindre mes parents dans le salon, et on se rend chez ma cousine Soraya.

On a mangé et passé la soirée là-bas dans une bonne ambiance puis on est rentré chez nous. Ça m'a fait plaisir de voir la famille un peu. Dommage que mes frères ne soient pas venus, mais avec eux c'est souvent comme ça... Famille ou pas, ils ne se mélangent pas. Les seules fois où ils leur accordent de l'importance c'est lorsque c'est eux qui viennent chez nous. Sans ça, eux, ne se déplacent pas. J'étais tout de même exténuée par cette soirée, je pensais plus qu'à une seule chose : rejoindre mon lit. D'ailleurs c'est ce que j'ai fais une fois que j'en ai eu l'occasion.

[...]

On arrive enfin à la semaine des épreuves, je fais ce que j'ai à faire puis une fois que tout est passé il me reste plus qu'à attendre les résultats. Je suis enfin en vacances ! J'vais pouvoir RESPIRER ! J'étais refaite, enfin à moi le repos !

Je me dirige vers la fenêtre, joyeuse... Aujourd'hui il fait beau, et ça me met directement de bonne humeur. Je dois d'ailleurs rejoindre Nass, on doit aller manger. J'ai eu une permission de sortie pour cette fois donc c'est tranquille. J'peux y aller l'esprit serein sans psychoter toutes les cinq secondes à l'idée que mes frères ou même mes parents m'attendent de pied ferme à la maison.

J'appelle Nass avec mon fixe et je lui dit de descendre, parce que j'allais pas tarder à sortir aussi. On avait décidé de se rejoindre à l'arrêt de bus pour aller manger ensemble. Je raccroche et je me rend au point de rendez-vous. Elle y était déjà et puis on a eu un bus même pas cinq minutes après donc c'était parfait.

On a mangé des gros grecs bien gras et de bonnes frites bien huileuses, à nous les kilos ! Après ça on s'est posée sur un banc dans un parc qui n'était pas très loin du grec où nous étions allées manger. On était en train de discuter de tout et de rien quand j'ai remarqué que Nass était en train de farfouiller dans son sac. Elle leva alors la tête vers moi et me fit un petit sourire timide en me tendant quelque chose.

C'était une petite boîte emballée. Je lui souris, puis je me mis à déballer le cadeau. Quand j'ai vu ce que c'était j'ai eu le sourire d'un gosse qui vient de recevoir un cadeau du père Noël.

_ Ohhh, merci ! C'est grave gentil, fallait pas !

Nassima : Si j'y tenais je t'assure, puis c'est pas grand chose.

_ Si quand même, c'est mon tout premier en plus !

Nassima : Je sais bien, comme ça au moins on pourra bien parler et on pourra s'envoyer des textos !

_ Grave ! C'est d'la bombe, saha Nass ça m'fait plaisir. Mais c'est en quel honneur en faite ?

Nassima : C'est en guise de reconnaissance, t'es une fille bien Baya... Tu m'as pas lâchée quand j'broyais du noir... T'as su me faire remonter la pente. T'es la seule qui a été là pour moi... Tu sais quand ça à commencer à parler sur moi au quartier, mes meilleures potes elles m'ont laissé tomber. C'est là que j'ai compris que l'amitié n'est que éphémère et que des personnes comme toi ça ne court pas les rues. Certes j'ai fait une grande erreur, et Dieu seul sait à quel point je m'en veux et que tout les jours j'essaye de me faire pardonner auprès de Lui. J'ai tellement peur que ça arrive aux oreilles de ma famille, ça les détruirait et ça me détruirait par la même occasion.

Ça m'a vraiment touchée ce qu'elle venait de me dire, faut croire qu'elle aussi ça l'a touchée. Je l'entendais renifler sa khnouna... Elle pleurait, et je ne savais pas quoi faire pour lui remonter le morale, alors j'ai laissé parler mon cœur.

_ Nass... Tu sais que même si t'as commis une erreur, ça ne fait pas de toi quelqu'un de mauvais. Les gens faut que tu le saches, quoi que tu fasses, que ce soit bon ou mauvais, ils seront toujours derrière toi pour parler. La meilleure chose à faire c'est de les ignorer. Fais ce que t'as à faire, vies ta vie sans te soucier des on dit, le plus important c'est que t'ai la conscience tranquille. Oukhty lâches pas ton Dîn, y a qu'avec ça que tu t'en sortiras, crois-moi...

J'comptais la faire sourire, mais je l'ai fais fondre en larmes... Et merde.

Nassima : T'es une fille en or, t'es vraiment comme une sœur pour moi...

_ Toi aussi Nass !

De là on s'est pris dans les bras. Les gens ont beau parler, ils ne sont pas mieux. C'est toujours ceux qui font courir les rumeurs qui sont les pires, au final ils cherchent un moyen de dissimuler leurs fautes en divulguant celles des autres... Quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse on reste tous des êtres humains, et comme vous le savait l'erreur est humaine.

La cité de ma fenêtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant