𝐈𝐈 - 𝙻𝚊 𝚍𝚎𝚜𝚌𝚎𝚗𝚝𝚎 𝚊𝚞𝚡 𝚎𝚗𝚏𝚎𝚛𝚜

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-Êtes-vous réellement heureux à l'heure qu'il est ?

Je suis resté muet devant cette question du psy. Lorsqu'il m'a questionné, je voulais tout de suite l'ouvrir pour répondre mais je me suis rendu compte que je n'avais pas la réponse. À vrai dire, je ne me suis jamais vraiment questionné sur ce sujet. Deux ans plus tôt, j'aurais répondu « Non » avec sincérité mais aujourd'hui, je ne sais pas...

-OK, nous irons étape par étape. Vous avez maintenant seize ans et là, qu'est-ce que vous direz à celui que vous étiez, il y onze ans ? C'est-à-dire au Mercedes qui avait cinq ans. Prenez tout votre temps avant de répondre.

-Bah...

Je fais une sorte de bond mental de onze ans où je me revois arrêté à côté de maman qui fait la cuisine, histoire de lui tenir compagnie et d'apprendre par la même occasion tandis qu'Aurel joue dans la neige avec papa. Ensuite, je me revois face à ces grands gaillards qui jetaient mon sandwich à terre. Et enfin...j'aperçois toute la classe entière qui riait car je m'étais encore trompé sur les couleurs. Tout défile devant moi tel un film que l'on visionne au cinéma.

-...déjà que je suis désolé. Désolé de ne pas sû l'avoir protégé suffisamment durant notre enfance et adolescence. D'avoir laissé toutes ces personnes nous faire du mal. D'avoir des marques sur le corps qui sont les preuves de toute la violence qu'il vivra dans le futur.

-Continuez.

-Je pense que je m'excuserai aussi de la personne que nous sommes devenu. J'ai gâché tous ses rêves d'enfant.

-Quelles étaient ces rêves ?

-Entrer dans l'armée pour protéger mes proches et les autres. Je voulais protéger des vies mais aujourd'hui, je les ôte. J'avais aussi promis que je serai une bonne personne dans le futur mais je suis devenu une ordure.

-Maintenant, répondez à la question du début : « Êtes-vous réellement heureux à l'heure qu'il est ? »

-Oui.

Le psy semble décontenancé par ma réponse mais il ne laisse rien apparaître. En même temps, une telle réaction ne me surprend pas. Mais là, je dis la vérité. Je me rends compte que je suis beaucoup plus heureux qu'avant, je n'ai jamais ressenti autant d'allégresse que depuis je suis entré dans la eMe.

-Oui car j'ai apprit à mieux me connaître depuis que je fais partie de la eMe et je me suis rendu compte que la vie que je rêvais d'avoir, il y a onze ans m'aurait fortement ennuyé. Aujourd'hui, je fais partie des personnes les plus proches du Parrain à seulement seize ans. À part Iker qui rêve de me faire la peau, je commence à avoir petit à petit le respect de tous les membres.

-Donc pour vous, la puissance et la reconnaissance sont synonymes de bonheur ?

-Qui n'aime pas avoir la reconnaissance ? Avoir des gens qui scandent son nom ? Ou encore avoir les regards sur soi à chaque fois que tu entres dans une pièce ? D'une manière ou d'une autre, nous rêvons tous de la gloire. Et cette gloire, je commence à l'avoir. Lentement mais je commence à l'avoir. Alors pourquoi je vais être malheureux ?

Le psy plie toutes ses feuilles pour les ranger au fin fond de son tiroir et place ses coudes sur la table marbrée avec un regard difficile à cerner. Quant à moi, je m'enfonce peu plus dans le siège du fauteuil en fixant un point invisible sur la table pour éviter d'avoir à le regarder.

-Votre conception du bonheur est assez superficielle. La gloire n'est qu'une notion éphémère idéalisée par beaucoup de gens aujourd'hui. Qu'est-ce que c'est la gloire au final ? Et combien de personnes qui ont la gloire sont réellement heureuses aujourd'hui ? Et qu'est-ce qui prouve que vous serez heureux, une fois que vous aurez eu la gloire ?

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant