Chapitre 39

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Après près d'une heure de route, nous arrivons enfin à Chapultepec, le quartier le plus huppé de Tijuana avec un niveau de vie démentiel. Zona Río, le quartier où nous vivons se rapproche assez du style mais Chapultepec est encore un niveau au-dessus.

C'est donc là qu'il vit...

-Après avoir vécu dix-sept ans à Beverly Hills et m'être promené dans tout l'Upper East Side, je ne pensais plus être bluffé de ma vie mais Zona Río et ce quartier me choquent.

-Que tous les fils de pute qui disent à longueur de journée que Tijuana est une ville misérable viennent faire un tour dans la Basse-Californie, ils verront que tout le monde ne vit pas dans la misère.

-Ils verront surtout une forte inégalité sociale, répond-il en tournant pour entrer dans le cœur du quartier.

-Comme partout où il y a des riches et des pauvres.

Le GPS annonce que nous ne sommes plus qu'à cent mètres de notre destination. J'avale un comprimé de Lexomil même si ce n'est pas l'heure de prendre mes médicaments mais je sens la crise d'angoisse arriver à grands galops alors que nous continuons à nous avancer vers l'immense portail.

-Tu as qu'un seul mot à dire et nous faisons demi-tour.

-Non. Je...je veux vraiment y aller.

-Ta pâleur m'inquiète.

-Je vais bien !

Les gardiens nous font un signe pour que nous nous arrêtons. Je baisse ma vitre pendant que l'un d'entre eux s'approche prudemment de nous, je suis assez surpris de voir des gardes pour une seule maison. Les hautes clôtures nous empêchent de voir l'intérieur.

-Holà señor, qu'est-ce que nous pouvons faire pour vous ?

-Je...viens voir Lautauriano Castellani. Est-il présent ?

-Oui, monsieur Castellani est là. Mais il est au courant d'une quelconque visite de votre part ? Je vous conseille de vous dire la vérité car nous allons vérifier.

Je regarde Azarel, paniqué. Ma bouche s'assèche subitement.

-Non, il n'est pas au courant. Je viens assez précipitamment et je n'avais pas rien pour le prévenir.

-Votre nom ? Nous demanderons au chef de la sécurité si nous avons le droit de vous laisser entrer.

-Mercedes Castellani.

À l'entente de mon nom de famille, le garde se raidit sur le champ. Il bouge légèrement la tête pour demander à son collègue de s'approcher de nous. Ce dernier doit être le chef car il est beaucoup plus costaud et...a l'air un peu plus méchant.

-Et voici ma carte d'identité si vous voulez une preuve.

-Rien ne prouve que vous êtes de cette famille, lance le chef sans prendre ma pièce d'identité. Il n'y a pas mal de personnes qui portent le même nom de famille qui ont déjà tenté comme vous, nous les avons rembarrés. Et c'est le cas pour vous, vous pouvez partir car vous n'entrerez pas.

Merde.

-Mais-

-Nous ne voulons rien entendre, c'est un ordre.

Azarel essaie d'insister mais je lui fais un non de la tête. C'est lui qui m'a appris qu'il faut toujours garder son calme, peu importe la situation. Vaut mieux ne pas créer de problèmes, au moins je sais qu'il vit bel et bien là.

Au moment de partir, une femme un peu plus âgée qui semble être la gouvernante s'approche du portail pour y entrer lorsqu'elle nous aperçoit. Elle reçoit un bref résumé de la situation et ses yeux s'écarquillent lorsqu'elle entend mon nom. Tout de suite, elle nous fait signe de descendre de la voiture.

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant