Chapitre 17

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La visite de Paris a été annulé. Nous sommes rentrés deux jours plus tard à cause du trafic aérien qui a été perturbé. La vie a repris doucement son cours.

Je vous parle ainsi mais cinq ans se sont écoulés depuis ces événements. Oui, nous sommes en 2006 et je viens de fêter mes quatorze ans. Je ne me reconnais plus. Je dirai même que je m'effraie désormais. La compassion n'est plus une notion importante pour moi, l'arrogance commence à devenir ma meilleure amie.

Et mes angoisses sont encore plus fréquentes qu'avant. Elles se sont amplifiées depuis que je me suis à la rue avec Aurel. Depuis maintenant deux ans, nous squattons des endroits à la recherche de quelque chose manger ou pour s'occuper de notre hygiène.

Qu'en est-il de Constenzia ? Elle est morte. Un soir, un incendie s'est déclenché dans la maison et elle nous a aidé à trouver la sortie parmi toute la fumée avant de se retrouver elle-même bloquée dans la maison. Je ne pouvais rien faire pour l'aider et ceux qui pouvaient le faire...n'ont pas bouger le petit doigt.

C'est depuis ce jour que j'ai définitivement perdu foi en l'humanité et en Dieu au passage. Des imbéciles ont laissé ma tante périr dans les flammes alors qu'ils auraient pu la sauver et Dieu a décidé de l'abandonner également. Elle ne méritait pas ça ! Elle ne méritait pas de mourir de cette façon. Je lui avais promis que je lui offrirai tout ce qu'elle voudra lorsque j'aurai les moyens. Elle ne me verra même pas grandir.

À quoi ça sert de compter sur les autres s'ils finissent toujours par te lâcher dans les moments où tu as le plus besoin d'eux et à quoi ça sert de prier un Dieu s'il fait la sourde oreille quand tu cries à lui ?

J'essaie de concilier ma nouvelle vie avec mes études et le fait de trouver quelque chose à manger à Aurel. Je ne veux pas qu'elle fasse quelque chose. La seule chose que je lui demande, c'est qu'elle tienne bon. Je vais nous sortir de là un jour, peu importe comment je m'y prends. Pour le moment, je fais de petits boulots de gauche à droite mais l'argent que je gagne ne suffit pas à acheter quelque chose de consistant.

Alors j'ai pris une décision. Si le légal ne rapporte rien, autant essayer l'illégal dans ce cas.

Et c'est beaucoup mieux depuis. Les vols à l'arraché ne m'ont jamais autant aidé à acheter de la nourriture et des vêtements. Maman, papa et Constenzia doivent se retourner dans leurs tombes mais je n'ai pas le choix ! Soit c'est ça, soit on crève. Mon handicap m'empêche de faire beaucoup de choses et de plus... je suis mineur.

Depuis une semaine, j'ai repéré un vieux salon de coiffure géré que par des dames. Je peux aller leur proposer de faire le ménage contre quelques sous vu qu'elles recherchent un employé en ce moment. Mais j'hésite, je n'ai pas envie d'aller perdre mon temps à me tuer à la tâche pour recevoir quelques modiques pièces mais d'un côté, je suis aussi fatigué de voler.

Perdu dans mes pensées, je ne remarque pas qu'un homme vient de s'installer à ma table. Je veux me lever mais il m'indique de rester assis. À côté de lui, un gars de mon âge prend place également. Dans un premier temps, je ne le reconnais pas mais une fois que mon cerveau décide de fonctionner correctement, j'ouvre grand les yeux.

Itzel !?

Nous les avons perdus de vue également après l'incendie. Je ne m'attendais pas à le voir dans ce quartier mal famé et encore moins en compagnie d'un tel homme. Ce dernier retire ses lunettes de soleil et claque ses doigts pour faire venir les serveurs. Il me donne toute son attention après avoir passé commande.

-Tu ne me connais pas et c'est totalement normal. Je suis Sanchez Gomez, l'un des plus grands chefs de la eMe-

Encore cette organisation !?

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant