Chapitre 37

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-Tu es vraiment sûr de toi ?

Je sens le regard d'Itzel sur moi tandis que le mien reste focalisé sur la demeure à ma droite. Jamais, je n'ai été autant sûr de moi pour quelque chose. Il faut que j'y aille, je me dois de le faire. Je suis la personne qui doit lui enlever la vie, il faut que je le fasse avant qu'il ne nous prenne la nôtre.

-Oui, je déclare en enlevant la ceinture de sécurité.

J'ouvre la portière de la voiture, prêt à partir mais Itzel me retient.

-Tu dois être la personne qui sortira de cette maison vivante.

-Promis.

Ça se voit dans son regard qu'il me laisse partir à contrecœur. Ils me laissent tous partir à contrecœur sauf qu'ils n'ont pas le choix. Après un dernier signe de la main, je lui donne dos pour m'avancer vers l'immense allée, mes lunettes de soleil vers les mains. Ma sérénité contraste avec l'angoisse qui me bouffe de l'intérieur, je marche très certainement vers la mort et étrangement, je suis calme. Peut-être parce que je me suis résigné ? Non, ça ne doit pas être le cas je suis déterminé à revenir auprès de mes amis en un seul morceau.

La grandeur de la maison est démentielle. C'est même bien plus qu'une maison, c'est un manoir. Le coin semble vide, seul le bruit de la fontaine d'eau semble jouer une douce mélodie. Mon arme rangée à l'arrière de mon pantalon, je dépasse le jardin jusqu'à arriver aux escaliers. Mes mains se mettent à trembler alors que je pousse la porte déjà entrouverte, tout peut m'attendre derrière celle-ci.

J'arrive dans le vestibule où j'accroche mon manteau et marche jusqu'au salon. Je m'arrête là, attendant de voir une présence humaine se manifester. Il sait que je suis là mais visiblement, il a décidé de jouer au cache-cache. Après cinq bonnes minutes dans le calme, un bruit attire mon attention dans la pièce d'à côté. Le pistolet dans la main, je m'avance prudemment vers celle-ci. Un homme est assis près de la petite table du salon, un échiquier posé devant lui.

-En retard comme d'habitude, dit-il avec un sourire amusé.

-La ponctualité n'a jamais été mon fort. Tu me connais depuis cinq ans, je pensais que tu t'y étais adapté.

Ses yeux glissent sur le pistolet dans ma main, ce qui l'amène à pousser un long soupir. Sans bouger de sa position, il m'invite à prendre position en face de lui

-Ne soyons pas pressés, nous avons tout le temps. Regarde.

À sa gauche se trouve un compte à rebours qui affiche 2:30:57.

-2:30:57, c'est le temps que nous avons avant le bouquet final. Ce sont les derniers instants de l'un d'entre nous, je veux que nous le savourons avant les adieux définitifs.

-Pourquoi ne pas se foutre une balle directement dans le crâne ? Ça ira beaucoup plus vite.

-L'élégance, Mercedes. Tout doit être parfaitement raffiné, même la mort. Discutons, jouons comme on le faisait avant cette fracture.

Sans baisser ma garde, je m'avance vers lui et m'assois sur la place indiquée précédemment. Sa main actionne le compte à rebours, je sais qu'à partir de ce moment-là, je n'ai plus le droit à l'erreur. Je vais me prendre à son jeu, je peux bien lui faire cette dernière faveur.

-Une partie d'échecs, ça te dit ? C'est ton jeu préféré.

-Tu as toujours perdu contre moi, affirmé-je en posant l'arme à mes côtés.

-Une partie ne ferait pas de mal. Je prends les noirs.

Conformément à la tradition, je commence. J'étudie l'échiquier avant de déplacer un premier pion.

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant