Chapitre 30

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-Je vais vous tuer.

Je murmure ces phrases en faisant les cent pas dans la cour. Jasiel a été emmené une urgence à l'hôpital le plus proche et encore libre, la balle devant être retirée au plus vite. Je ne sais pourquoi mais je suis énervé contre ceux qui ont tiré sur lui.

-Calme-toi, Mercedes ! intervient Itzel. Comment voulais-tu qu'ils sachent qu'il était inoffensif ? Et il ne va pas mourir, la balle sera extraite sans difficulté. À l'heure où je te parle, il doit être déjà en bloc opératoire.

-Il y a intérêt, murmuré-je, les dents serrées. Vous avez intérêt à ce que tout se passe bien sinon je vous décapite de mes propres mains.

Comprenant que je n'ai plus rien à leur dire, tout le monde se retire du salon à l'instar d'Itzel, Aurel et Mariia. Je tapote mes doigts sur la table en bois pour essayer de m'apporter une sorte de distraction.

-Comment ça se fait que vous le connaissez ? demande Aurel.

-Notre rencontre a été le fruit du hasard, expliqué-je. Je l'ai vu au parc mais ça été bref, quoique nous avons quand-même mangé une brochette ensemble.

-Et quant à moi...

Itzel se pose sur le canapé pour continuer sa phrase.

-Sa famille vivait dans la maison à côté de la nôtre avant que nous ne déménagions lorsque j'étais encore avec Marina. Il vivait là avec ses deux sœurs et ses parents.

-Ah...Il a des sœurs.

-Oui, mais je ne me rappelle plus de leurs prénoms. Si ma mémoire est encore bonne, c'étaient des faux triplés. L'une est morte d'un cancer à cinq ans et Jasiel a fugué de la maison peu de temps après, laissant l'autre toute seule. Après...disons que la situation s'est compliquée pour elle et tout a fini par empirer.

Pourquoi tout le monde semble rencontrer des difficultés avec sa famille ? J'ai l'impression que le calme ne règne dans aucune famille ou du moins, dans peu de foyers.

-Et...elle est toujours vivante ? Jasiel doit la chercher sûrement.

-Je ne sais pas, honnêtement. Nous avons fini par déménager alors je n'ai plus eu de nouvelles. Ils étaient assez étranges, ses parents. Ma tante avait essayé à plusieurs reprises de se rapprocher d'eux mais c'est comme s'ils avaient quelque chose à cacher. Ils étaient très peu ouverts au monde extérieur.

-Si Jasiel a fugué, c'est qu'il devait avoir une bonne raison. Une chose est certaine, nous n'avons pas à nous mêler de cette histoire s'il ne nous a rien demandé. C'est personnel.

-Je reviens, affirmé-je en montant les escaliers. Prévenez-moi s'il y a du nouveau.

J'arrive dans la chambre que je me suis attribué tout seul puis ferme la porte à double tour. Mes mains s'empressent d'aller fouiller le sac pour trouver le livre que j'avais commencé sur le lit de l'hôpital, je ne fais que y penser depuis tout à l'heure et j'ai l'impression de devenir fou. Ça commence à m'obséder, j'ai envie d'essayer bien que j'essaie de résister à cette envie bizarre.

C'est glauque de coucher avec des cadavres. En plus, certaines parties de mon corps peuvent se nécroser. Et si je ne me sens pas capable de coucher avec une fille vivante, pourquoi ça serait avec un cadavre ? Pourtant...plus les heures passent et plus j'ai l'impression de perdre les boules. Je pense d'ailleurs que c'est déjà le cas, une personne normalement constituée et ayant toute sa tête n'aurait jamais ce genre d'envie.

Pense à ce que dirait papa et maman s'ils t'entendaient.

Rien. Absolument rien ne m'aide à chasser cette idée de la tête, pas même la déception encore plus grande que pourraient ressentir mes parents. Je veux changer, je veux être plus fort mais la personne que je suis en train de devenir en si peu de temps commence réellement à m'effrayer.

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant