Chapitre 16

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- Mercedes ?

Continuant de marcher dans ce jardin fleuri d'un gris austère, je cherche cette voix qui m'interpelle depuis tout à l'heure. J'ai l'impression d'être seul ou peut-être que ce n'est pas qu'une impression.

Mercedes.

Mercedes.

Mercedes.

Mercedes.

La voix répète inlassablement mon prénom. Je regarde autour de moi dans le but d'apercevoir une personne, mais je suis toujours seul. La voix est féminine, elle est emplie de douceur. Cette voix me dit quelque chose, je sais que je connais la personne à qui elle appartient, mais je n'arrive pas à y faire le lien. Après avoir marché en empruntant des chemins divers, j'arrive dans un autre endroit.

Cette fois, pas un jardin fleuri, mais une sorte de place aménagée pour des sorties familiales. Contrairement à tout à l'heure, l'endroit est fourmillant de gens. Tous habillés en blanc. Mais ces gens paraissent lointains, comme s'ils étaient irréels.

Mercedes, par-ci.

Je suis là, mon petit garçon. Je t'attends.

Mais j'ignore la voix dans un premier temps. J'observe toutes ces personnes qui continuent leurs activités. Certaines marchent, d'autres semblent lire un livre assez volumineux et d'autres sont en train de cueillir des fleurs. Il y a des cascades partout, des arbres assez grands. C'est comme un monde paradisiaque.

Au loin se dessine des balançoires alors je m'en approche. Mais plus j'avance, plus mes pieds semblent bloqués. Je n'arrive plus à avancer, pourtant aucun obstacle n'est visible sur mon chemin. Ma vision, floue dans un premier temps, s'éclaircit dans un premier temps jusqu'à ce que je puisse voir au loin, ce qui ne m'était jamais arrivé et je n'ai pas mes lunettes.

Progressivement, une forme se dessine devant moi. Cette forme prend une apparence humaine au fur et à mesure jusqu'à ce que...

Jusqu'à ce que ma mère apparaisse devant moi.

Les bras tombants, le long de mon corps, je la regarde sans pouvoir dire un mot. C'est impossible, je dois être en train de rêver. Ma mère est morte, je l'ai vu ce jour-là. Elle se balance lentement sur cette balançoire, un léger sourire au coin des lèvres. Elle est beaucoup plus jeune, ses cheveux sont beaucoup plus longs. Elle...

...est beaucoup plus belle.

- Je suis tellement contente de te voir, mon chéri.

Rien qu'à entendre sa voix, j'ai soudainement une envie de pleurer. Ça fait trois ans qu'elle et papa sont partis au ciel, trois ans que je n'ai plus entendu sa voix et aujourd'hui...

- Tu as tellement grandi. Neuf ans... Tu rentreras dans l'adolescence bientôt et progressivement, tu deviendras un adulte.

Je ne rêve pas. Elle est bel et bien en train de me parler.

- Je t'aime mon chéri, mais c'est encore trop tôt pour me rejoindre. Ta place n'est pas encore ici. Il faut que tu retournes. Tu dois veiller sur ta sœur, tu nous l'as promis.

Qu'est-ce qu'elle raconte ?

Elle se lève, mais je n'arrive toujours pas à m'approcher d'elle. Elle m'intime de la suivre, chose que je fais immédiatement. Plus nous marchons, le gouffre entre nous s'agrandit. Plus nous marchons, plus l'intérieur d'une chambre d'hôpital se dessine devant nous. J'écarquille les yeux, choqué de vivre tout ça. Je lisais ce genre de choses dans les livres de Constenzia, mais je n'y croyais pas.

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant