Chapitre 44

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Quelques heures plus tôt.

Assis contre le mur, je ferme les yeux en écoutant paresseusement les échanges de feu au loin. M'on téléphone ne fait que vibrer depuis tout à l'heure mais la moiteur de mes mains m'empêche de l'attraper sans le faire tomber.

Pourquoi j'ai la sensation de ne plus être maître de ce que je fais ? Tout à l'heure, j'étais plein de confiance et tout d'un coup, je...ne sais pas. Mes pensées se mettent à se contredire, j'ai envie de tout arrêter mais en même temps, je veux continuer. Je veux massacrer les gens tout en épargnant certains d'entre eux, je veux des bains de sang partout tout en préservant certains endroits, je veux plonger les gens dans un état de désespoir profond et en même temps sauver ceux qui ne m'ont rien fait.

Je commence vraiment à perdre la tête.

Des pas se rapprochent de là où je suis assis, ce qui met tous mes sens en alerte. Je ne vois rien donc je ne peux même pas utiliser mon arme. Sans faire un bruit de plus, j'attends patiemment que la personne arrive jusqu'à sentir un effleurement près de mon épaule.

-Pas de panique. C'est moi.

-Azarel ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je tourne la tête à l'explosion d'un truc non loin de nous. Depuis tout à l'heure, une vilaine odeur de cadavre en décomposition et de cramé ont envahi l'air. Et malgré tout ça, toujours aucune nouvelle de la part des institutions judiciaires. Très bien, je continuerai jusqu'à leur abdication.

-Une partie d'échecs, ça te dit ?

Je reporte mon attention sur lui, légèrement surpris. C'est vrai que nous passons énormément de temps ensemble à jouer aux échecs mais il veut vraiment...qu'on joue là ?

-Ici ? Maintenant ?

-Ici. Maintenant

-O..OK.

Il s'assoit en face de moi puis pose le plateau en face de nous. Je l'aide à repartir les pions sur l'échiquier mais j'ai l'impression de faire n'importe quoi. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je semble avoir oublié la disposition de tous les échiquiers.

-Non.

Azarel se penche un peu plus pour réorganiser la connerie que j'ai fait.

-Les Dames sur leurs couleurs respectives, chaque Tours aux extrémités et les Fous protégeant la Dame et le Roi. Comment t'as pu oublier ça ?

-Je...ne saurai te le dire.

Je commence tout naturellement et la partie se déroule sans encombre, du moins quand je n'ai pas des pertes de mémoire qui me font oublier comment utiliser son Fou et que je déplace celui-ci en verticale au lieu de l'horizontale.

-Échec et mat.

Il m'a fait un échec et mat en cinq coups.

-Dans mes souvenirs, nos parties duraient un peu plus, déclare-t-il. Qu'est-ce qui se passe, Mercedes ? Tu as fait des erreurs dignes d'un novice aux échecs, chose qui n'arrive jamais. À travers cette partie, je voulais vérifier quelque chose et mes soupçons sont confirmés : il y a un truc qui ne va pas.

-Mais-

-Parce que tu vois ça, dit-il en montrant la ruelle non loin de nous, sûrement pour désigner les affrontements qui se déroulent non loin. Le Mercedes que je connais ne serait jamais allé jusqu'à une telle extrémité. Même lorsque tu voulais récupérer les territoires de la eMe, tu n'as pas utilisé une telle violence.

-Je suis toujours le même.

-Ça, j'en doute très fortement. « La violence est l'arme des faibles », où est passé celui qui répétait ça et privilégiait l'intimidation "douce" pour effrayer ses ennemis ?

𝐓𝐈𝐌𝐄𝐋𝐈𝐍𝐄.𝐓𝟐.𝟓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant