Une simple envie de changer d'air [BAKUDEKU]

𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 27

Cela doit faire une à deux semaines que nous nous sommes disputés lui et moi. Enfin, je crois, je n'arrive plus à compter les jours qui passent. Mais à vrai dire, tout ça n'a ne plus vraiment d'importance car mon état ne fait que ce détérioré de plus en plus chaque jour. Il y a une semaine, je ne faisais que tousser et m'évanouir, il y a trois jours, j'ai perdu plusieurs kilos sans comprendre la cause et aujourd'hui, j'en viens même à cracher du sang.

Je suis complètement perdu...

Je ne sais pas ce qu'il est en train de m'arriver et pourquoi...

Katchan ne sourit plus, restant le plus longtemps à mes côtés, ayant peur que je ne parte.

Dans un sens, malgré mon état, je suis avec celui que j'aime. Avec Katchan qui prend soin de moi. Cela en deviendrait même romantique.

Mais aujourd'hui, je souhaite sortir dehors. Si cette semaine doit être ma dernière, j'aimerais pouvoir voir la vie extérieure une dernière fois. Pour sortir, je me suis donc mis à analyser tous les faits et gestes de Katchan.

Et j'en ai vite déduit que le seul moment où il n'est pas auprès de moi est tôt le matin. Je ne sais pas pourquoi il part à cette heure, mais cela est ma seule chance. Je sais que si je le faisais face à lui, il me ramenait très vite au chaud dans la hutte. Je sais que je me suis beaucoup trop fragilisé à un point que marcher commence à devenir difficile.

Mais ma décision est prise depuis longtemps.

M'étant couché tôt dans les bras de mon blond, je ne me suis pas endormi pour autant. J'ai attendu qu'il se lève comme chaque matin, avant de me préparer à mon tour. Je sais qu'il prend au maximum deux heures pour revenir, alors il n'est pas question de perdre du temps.

Enfin habillé d'un simple T-shirt et d'un jogging gris, je ne prête même pas attention à mes pieds qui restent dénudés. Je m'avance de la sortie et passe le tissu, utilisais comme porte, et suis accueilli par de grands cris de joie et différentes discussions toutes autour de moi. C'est jovial et chaleureux, ce village est loin d'être ce dont j'aurais cru.

Je marche doucement pour ne pas trébucher quand plusieurs enfants viennent m'entourer lors de leur jeu. Il me semble être une sorte de loup lorsque je repère qu'un des jeunes m'utilise comme bouclier. Son adversaire finit tout de même par l'atteindre et ils repartent plus loin.

Je rigole face à la scène dont j'ai fait face, ils ne m'ont même pas regardé bizarrement ou autre. Je vois au loin une grande structure en bois, qui pourrait s'apparenter à un temple ou à quelque chose comme ça. Le soleil vient à peine de se lever, sa chaleur sur ma peau est agréable. Je ne saurais combien de jours que je ne suis pas sortis, mais cela fait réellement du bien.

L'air est si bon. Je m'apprête à partir en direction de...Je ne sais pas en réalité. Le simple fait de me balader me fait un bien fou. J'observe tout ce qui m'entoure, chaque habitation, chaque personne vivant cachées du monde extérieur.

- Hé toi là-bas !

Surpris d'entendre ma langue, je me retourne aussitôt. Je fais alors face à un autre individu. Un blond pétant à la mèche noire et des yeux à leur tour jaune soleil. Il me sourit à pleine dent avant de se rapprocher.

- Salut ! Dis, tu es bien l'humain qui reste toujours dans la tente de notre frère non ?

- Heu.. Sûrement...

- Oh trop bien ! J'avais trop envie de te rencontrer. À vrai dire, nous n'avons pas réellement la chance de vous côtoyer... Enfin, tu vois de quoi je veux parler hein...?

J'acquiesce d'un simple hochement de tête avant qu'il ne reprenne de plus belle.

- Mais finit mes exclamations. Le plus important, c'est que toi, tu ne devrais pas être ici. Notre frère nous a confiés de te surveiller pendant son absence alors tu devrais retourner dans sa hutte avant qu'il ne revienne. Sinon, c'est moi qu'il va mettre en charpie.

Même quand il n'est pas là, je ne peux pas être tranquille ? Je commence à réellement à perdre patience...

- Je sais que je ne devrais pas être dehors, mais s'il te plaît comprends moi... Je sais que mon état devient alarmant, mais...

Il me regarde attristé, comprenant sans doute mon mal-être intérieur. Nous restons ainsi plusieurs minutes, j'attends silencieusement qu'il choisisse sa décision finale. Il se gratte l'arrière de la tête, tapote du pied. La scène est assez drôle à voir.

- Bon d'accord ! Mais il va revenir dans pas longtemps alors je te laisse trente minutes pas plus.

Je le remercie de vive voix avec un grand sourire et part en direction des zones encore inconnues.

- Mais !

Je devais m'en douter que c'était trop beau pour être terminé.

- Je resterais avec toi. Si notre frère apprend que tu t'es blessé ou autre alors que nous n'étions pas là pour te protéger, nous finirons tous en viande d'agneau.

- D'accord. . .

Même si j'aurais préféré faire la découverte tout seul, je ne rechigne pas à cette décision.

Il m'a donc fait visiter tout le village, passant par chaque habitation, lieu de retrouvailles comme celui du banquer ou encore la hutte des blessés. Un genre d'hôpital assez rustique. J'ai par ailleurs aussi rencontré plusieurs autres personnes, telles qu'une jeune femme d'environ du même âge que Katchan, aux traits assez fermés au premier abord. Mais qui, après en avoir appris davantage sur elle, devient vraiment amicale et joviale. Elle possède de long cheveux noirs attachés en couette haute et de beaux yeux gris.

Elle s'occupe principalement des soins, concoctant diverses solutions et produits contre les blessures, les douleurs et j'en passe.

Elle m'a ainsi fabriqué une petite soupe pour essayer de dissiper mes douleurs aux jambes lorsque je marche et une autre pour renforcer mon métabolisme. Elles étaient toutes les deux très bonnes et goûtues en bouche.

L'effet est resté plusieurs heures avant que tous mes symptômes ne reviennent.

C'est ainsi qu'un rituel, c'est créé. Le blond, qui lui aussi ne possédait encore pas de prénom, venait me chercher pour m'en apprendre plus sur leur monde et me faire sortir dehors lorsque le soleil se levait à peine.