Les jours suivants filent à une vitesse surprenante, une certaine routine s'établi peu à peu.
Chaque matin, je partage mon petit déjeuner en compagnie de Louis. Passer un moment avec lui me permet de rester connectée à celle que j'étais avant tout cela. Après avoir terminé notre repas, nous consacrons environ une heure à discuter, au cours de laquelle j'en apprends davantage sur les loups. Grâce à ces séances, je commence à saisir les subtilités des hiérarchies dans une meute et le fonctionnement d'un territoire de loups-garous. J'en apprends également sur les guerres entre meutes ennemies.
Ces échanges avec Louis sont captivants, et le temps semble s'envoler. Je commence à comprendre plus en profondeur Azrael et son histoire. Après cette heure passée avec Louis, je me rends habituellement à la bibliothèque. Là-bas, je discute souvent avec le bibliothécaire, un vieux loup d'approximativement cent ans, qui partage avec moi les mythes et légendes de notre peuple. Une fois qu'il est occupé ailleurs, je parcours les rayons à la recherche de nouveaux livres traitant des différentes meutes ou de l'histoire des loups.
Le déjeuner se déroule dans une ambiance joyeuse, puis je me retire près du lac que m'a fait découvrir Azrael lors de notre première sortie. J'y reste généralement seule jusqu'au crépuscule, moment où je regagne la maison de la meute. Une fois, Azrael m'a rejoint restant ainsi près de moi essayant de briser mes barrières avec son charme. Le dîner est l'occasion de partager des moments avec d'autres membres de la meute, puis je me retrouve en tête-à-tête avec Azrael, continuant à apprendre à nous connaître. Pendant ces moments où nous sommes tous les deux, il me laisse voir un certaine fragilité. Envolé le masque d'alpha arrogant et bienvenu au masque du charmeur. Je crois qu'il s'est fait à ce lien et essaye de me charmer pour me faire tomber amoureuse de lui.
Après cinq jours, je dois admettre que je commence à apprécier sa présence de plus en plus. Il m'a confié de nombreuses choses, et je commence à me sentir attachée à lui. Malgré nos sourires complices, nos instants privilégiés et le vide que je ressens lorsqu'il n'est pas à mes côtés, je lutte pour abaisser mes défenses. Les blessures du passé sont encore trop vives. Il essaye de me faire craquer et je le rembarre à de nombreuses reprises. Je les vois ces petites remarques, petites attentions pour essayer de me faire flancher. La nuit dernière, il a essayé de faire tomber mes barrières. Je l'ai évité toute la journée, j'ai sauté le déjeuner et je me retrouve ici, au bord de ce petit lac, à contempler l'eau, un livre posé sur ma serviette, tandis que je m'emploie à arracher les herbes folles à mes pieds.
*Flashback*
Nous étions assis tous les deux sur la terrasse devant la maison. La nuit déjà bien avancée notre conversation était seulement coupée par les bruits des animaux nocturnes. Un vent frais passe entre nous alors que je serre le plaid contre moi.
– Aller, uniquement un et après, je te laisse tranquille crois de bois, crois de fer ! Me dit-il de son sourire espiègle.
Cela faisait maintenant de longues minutes qu'Azrael me réclamait un baiser.
– Tu sais aussi bien que moi qu'un baiser demandé comme ça, c'est nul. Tu ne veux pas laisser faire le temps ? Le réprimandais-je pour la énième fois.
– Certes, mais comment veux-tu que je puisse enfin voir ce qu'il se cache sous tes hauts si je n'ai pas le droit à un baiser.
Je ris à sa remarque. C'était la première fois qu'il me disait aussi ouvertement que je lui plaisais. Je rougis légèrement alors que je sentis mes joues se réchauffer doucement.
– Ah, mais ça mon cher cela se mérite ! Lien ou pas, je dois comprendre ce qu'il se passe dans mon cœur avant de le donner au premier venu. Lui dis-je avant de faiblement le repousser, ma main à plat sur son torse.
– Ah... Je suis le premier venu... Il garde ma main sur son torse, la chaleur de sa main sur la mienne me réchauffe instantanément alors que je sens les battements de son cœur sous mes doigts.
Je ne réponds rien, complétement hypnotisé par le moment pendant que mes yeux sont rivés aux siens. Je sens son odeur légère m'envelopper. Je ne peux pas nier l'évidence, près de lui, je suis apaisée. Il s'approche de moi tandis qu'une douche odeur de bois et d'herbe mouillés enveloppe mes sens. Je ne bouge pas, pendant que ses lèvres s'approchent dangereusement des miennes. C'est lorsque je sens leur chaleur contre les miennes que je sens ses lèvres se presser contre les miennes que je fonds. Mon cœur tombe à mes pieds tandis que je le sens tambouriner dans ma poitrine. Ses lèvres se font plus pressentent contre les miennes même si je n'ai toujours pas réagi.
Finalement, je ne sais pas ce qui me prend, mais je lui rends son baiser. Mes lèvres se pressent contre les siennes, s'entrouvrent légèrement tandis qu'il vient mordiller ma lèvre inférieure. Subitement, j'ai l'impression que ce n'est plus lui près de moi, ce n'est plus lui qui presse son corps contre moi. Une crise de panique me gagne, je le repousse ma main à plat sur son torse et je recule avant de disparaître en courant. Je pars m'enfermer dans ma chambre le cœur battant.
*Fin*
Je jette le livre plus loin. Je ne suis décidément pas dans l'optique de continuer à rattraper mon retard sur mes connaissances en notre espèce. Je me lève commençant à tourner en rond près du lac. Cet endroit qui me relaxe et me détend en règle générale n'arrive pas à faire son travail aujourd'hui.
Je n'en reviens pas que j'ai pu penser pendant quelques instants que c'étaient eux. Comme si son odeur, sa chaleur et ce qu'il me faisait ressentir était la même chose. Un cri de rage sort de ma gorge avant que je ne me rassois violemment sur la serviette. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à simplement supporter la présence d'un homme près de moi ? Ou alors juste me laisser aller sur le moment. Je suis une louve pas une pauvre petite fille fragile.
Kiara essaie de me rassurer. Elle ne m'en veut pas même si c'est ma faute si nous n'avons pas pu être plus proche de lui. Je m'en veux suffisamment pour deux. Elle qui attend depuis de nombreux jours de pouvoir se rapprocher de lui, je me suis braqué. Encore.
Pendant que je lutte avec mes pensées, m'allongeant sur l'herbe, je regarde le ciel bleu. Soudain, un bruit sourd dans les buissons attire mon attention. Instinctivement, je me fige, mes sens en alerte.
Sans crier gare, une silhouette sombre surgit de l'obscurité de la forêt, me saisissant par derrière. Un cri étouffé s'échappe de mes lèvres alors que je me débats, mes instincts de survie prenant le dessus. Mais l'agresseur est fort, trop fort. Il me maîtrise avec une facilité déconcertante, ses mains puissantes me maintenant fermement immobilisée pendant qu'un tissu vient recouvrir mon visage.
La peur m'envahit tandis que je réalise que nous sommes à la merci de cet inconnu.
« Qui es-tu ? » ma voix tremble, étouffée par le tissu sur ma bouche, mais je fais de mon mieux pour paraître forte. L'homme reste silencieux, son emprise sur moi ne faiblissant pas. Une lueur malsaine brille dans ses yeux, me glaçant jusqu'aux os. Je sens mon corps faiblir ayant du mal à me porter.
Sans un mot, il me jette sur son épaule comme un vulgaire sac à patate, une forte odeur encore présente dans mon nez. Ignorant mes protestations et mes tentatives désespérées de me libérer, en vain. Mon corps ne réagit presque plus à mon cerveau alors qu'il m'emmène vers la forêt. Il fait un geste, revenant poser le tissu humide sur mon visage et je sombre, inconsciente sur son épaule.
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Enchaîné à son Destin
WerewolfPour notre espèce, la quête de l'âme sœur est une quête sacrée. C'est un principe immuable - sans notre moitié destinée, nous ne pouvons être entiers. Ainsi, nous consacrons nos vies à rechercher cette part de nous. Choisis par notre déesse la Lune...