Chapitre 19: Arrivée

547 27 0
                                    

J'ouvre la porte et me retrouve face à Rémi. Vêtu d'un costume sombre, il me dévisage de haut en bas. Sans un mot, je sors de ma nouvelle prison, me dirigeant vers les escaliers. Mon corps est crispé, tendu, ne sachant pas à quoi m'attendre une fois arrivée en bas. J'avance lentement, chaque pas résonnant sur les marches.

Les talons hauts qu'on m'a donnés sont très beaux, mais pour le confort, c'est une autre histoire. Je dois avouer que je n'en ai jamais beaucoup porté, et ceux-ci sont particulièrement inconfortables.

Une fois la dernière marche passée, je relève les yeux pour observer ce qui m'entoure. Rémi, arrivé à mes côtés, me complimente sur ma tenue, mais je ne réponds pas à ses flatteries. De nombreuses personnes se trouvent dans l'entrée de sa demeure, circulant avant de se diriger vers un salon. Rémi me retient alors que je m'approche du salon.

– Pas encore, je veux que mes invités ne te voient qu'en dernier. Tu es mon trophée. Très élégante, mais peu agréable, mon trophée. Donc, tu accueilles avec moi et tu souris.

Son ton condescendant et odieux tranche avec le sourire charmeur qui barre son visage. Je hausse un sourcil, sans dire un mot. Un sourire factice sur les lèvres, je reste de marbre à ses côtés, attendant que la file d'invités soit entrée.

Finalement, le flot cesse et il ne reste plus personne entrant Le portier fait un signe à Rémi qui se dirige vers le salon. Je le suis de près, dans son dos. Il s'arrête à l'entrée, pose sa main dans mon dos et murmure à mon oreille.

– Je ne voudrais pas que tu t'enfuies. Ne reste jamais loin, tu es surveillée. Tu sais ce que tu risques si tu t'échappes. Ta vie.

Je ne réponds toujours rien. Mon silence fait foi de réponse. Nous avançons dans la salle bondée alors que les portes se ferment derrière nous. Les invités présents s'écartent tous sur notre passage, formant une ligne vers le fond de la salle où se dresse un siège. Il ne va tout de même pas nous faire le remake des rois. Et si, tel un chef de clan, il s'avance jusqu'à son trône pour prendre place. Mes yeux roulent dans leurs orbites, témoins de cette scène ridicule.

Toujours à ses côtés, je reste bien droite et debout alors qu'il lâche enfin mon dos. Mon corps se détend presque immédiatement, la chair de poule quittant ma peau. Ce serpent ne me touche plus, et je me sens reprendre possession de mon corps.

Face à la salle, j'en profite pour l'admirer. Comme à l'image du maître de maison, elle est démesurée avec une décoration très clichée. Très lumineuse, avec des baies vitrées quasiment sur tous les murs, elle pourrait être agréable si de nombreux tableaux d'hommes ne remplissait pas les pans de mur disponible. Telle une chronologie, on peut constater les années qui fusent sur ses clichés. L'arbre généalogique de mon geôlier s'étend sur les murs face à nous.

Un grand buffet présent de chaque côté de la salle permet de laisser une allée au centre, par là où nous sommes entrés. Mon attention vient se porter sur les invités. Tous élégants pour rendre hommage à leur chef. C'est exactement ce qu'ils sont, les membres de la meute de Rémi. Un frisson me parcourt le corps. Je suis entourée d'ennemies, de personnes qui me préfèrent morte. Je garde la tête haute continuant de dévisager la foule. Mon audience. Je ne dois en aucun cas laisser une once de peur apparaître sur mon visage ou transpirer par mes pores. Sinon, je serais fini.

Un mouvement attire mon attention. Les portes de la salle s'ouvrent et claquent contre le mur coupant ainsi toutes les conversations et le bruit ambiant. Il apparaît devant moi, il est là. Un soulagement traverse mon corps et je retiens les larmes de couler. Le voir ainsi face à moi me rempli d'une joie incomparable. Mon corps se remet à vivre et j'ai l'envie de courir pour sauter dans ses bras. Je l'observe, mon regard viens s'ancrer au sien et je peux apercevoir toute la douleur et la crainte que ma disparition a eu sur lui. Je lui transmets de mon côté la joie de le revoir, ma peur, mes craintes et m'ouvrent finalement à lui sans parole juste avec mon regard.

Enchaîné à son DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant