Je rêve, j'hallucine ce que je viens d'entendre ? Cela doit être l'effet de la seringue qu'elle m'a injectée. Mon regard rempli de haine ne quitte pas ma tante. Elle, elle me sourit comme si elle venait de m'annoncer qu'elle était allée chercher du pain.
– Tu as tué mes parents ?, demandai-je d'une voix douce et contrôlée.
– Oui. Tuer ma sœur ne m'a fait ni chaud ni froid. C'est avec le temps que je me suis rendu compte que j'aurais dû faire comme avec toi.
Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans ma paume, mais je reste calme.
– Très bien, dis-je simplement. Je ne réponds rien de plus, laissant ma haine et ma rage grandir en moi.
Je retiens les larmes qui menacent de glisser sur mes joues, les enfouissant bien au fond de moi. Mon corps est encore engourdi, insensible, tandis que Mike continue de prélever des échantillons de mon abdomen.
Ma tante, satisfaite d'avoir enfin atteint son but, tourne autour de la table comme une lionne en cage. Elle reprend son monologue, heureuse de se confier sur les cauchemars qu'elle m'a fait subir.
- Puis tu sais, Lilya, ce ne fut pas facile ! Ce vieux loup voulait te garder pour lui, il voulait t'élever comme sa fille. J'ai dû user de mes relations au niveau de la loi pour obtenir ta garde. Ah, ce vieux loup, j'ai été ravie d'apprendre sa mort. Même s'il était mon oncle, il méritait de mourir comme tous ceux de votre espèce.
Mais de qui parle-t-elle ? Un grand-oncle qui aurait pu prendre soin de moi ? Intérieurement, des milliers de questions m'assaillent. Extérieurement, je ne laisse rien paraître. Je fais comme si je n'entendais rien, essayant à nouveau de bouger. Je veux la tuer, là, maintenant, et lui fermer sa grande gueule.
– Oh, mais oui, voilà, son nom me revient ! Réno !
Je tique et tourne mon regard vers elle à ce nom. Alors ce loup était un membre de ma famille ? J'aurais pu vivre heureuse parmi les miens. Je ravale ma haine et ma rage, les laissant fermenter pour mieux les exploiter plus tard.
Je reporte mon attention sur Mike, qui prélève désormais du sang. La scène qui se déroule devant moi est digne des pires films d'horreur, et je lutte contre une nausée montante. Mes doigts commencent à fourmiller. Enfin, je sens quelque chose. Bientôt, je pourrai agir.
Je reste immobile, inerte, feignant l'inconscience alors que je reprends lentement possession de mon corps. La douleur devient de plus en plus violente, mais je lutte pour ne pas crier. Mes organes se régénèrent sous leurs yeux, ma peau commence doucement à se refermer. Mike observe attentivement tandis que ma tante sourit, satisfaite.
- Bien, nous allons prélever encore deux litres de sang puis nous la laisserons là pour la nuit. Mike, une fois les prélèvements terminés, monte au laboratoire et termine le sérum. Demain matin à 8h, nous testerons ses effets sur sa peau. Si cela est concluant, nous lui administrerons et ce sera la fin. Oh ma Lilya, profite de ta soirée et de ta nuit. Ce sera ta dernière sur cette terre. Je t'envoie oncle Rob pour qu'il te fasse ses adieux. Mike, sédative-la à nouveau, je ne veux pas qu'elle nous échappe si elle reprend possession de son corps, ni qu'elle meure.
– Bien, madame. Puis-je moi aussi en profiter avant de monter ?
– Oh, Mike, je pensais que tu détestais les loups. Ne me dis pas que de la voir nue t'a donné envie !
– Disons que je n'aurai plus la chance de jouer avec une louve. Loin de moi l'idée de la violer, je préfèrerais mourir. Mais observer la vitesse de sa régénération pourrait m'aider à mieux les combattre.
– Soit, fais ce que bon te semble, son corps ne m'intéresse guère. Amuse-toi bien, mais après avoir terminé le sérum. Laisse son oncle jouer en premier.
– Bien, madame.
Je regarde cet échange comme une étrangère. Ils parlent de moi, de mon corps, comme si je n'étais rien d'autre qu'une poupée à manipuler. Je bouge lentement mes doigts, réprimant un sourire. Ma tante quitte la cave, me laissant seule avec Mike. Je ne dois en aucun cas le laisser me sédater à nouveau. C'est ma dernière chance. Je dois la saisir. J'attends patiemment qu'il finisse de prélever le sang.
Il se retourne pour ranger ses instruments et préparer ce que je suppose être le sédatif. Je me redresse doucement pour ne pas faire de bruit avec les chaînes. Je descends de la table, le plus silencieusement possible, et frappe de toutes mes forces. Je manque ma cible de peu. Je ne sais pas s'il m'a sentie ou si c'est le bruit qui l'a fait se retourner, mais je me retrouve face à lui.
Je lui assène un coup sur la joue avant de reculer vers la porte. Seringue en main et une arme dans l'autre, il me regarde menaçant, je recule sans le quitter des yeux. Je suis plus proche de la porte, je peux l'ouvrir et sortir.
Je lui donne un coup de pied dans les genoux pour le déstabiliser en ouvrant la porte de la cave. À peine la porte ouverte, je suis tirée en arrière. Mes chaînes fermement tenues dans son poing, il enfonce les clous dans ma chair. Je grogne et tire dans le sens contraire.
Finalement, je me laisse tirer vers lui, me retourne et lui donne un coup de boule. Son nez se brise sous mon front, et il relâche mes chaînes.
- Sale chienne, tu vas me le payer !
Je ne réponds pas et me précipite vers la porte. Mais nous avons fait trop de bruit. À peine un pied dehors, un des hommes de main de Mike me bloque. Retenant mes bras dans mon dos et mes chaînes fortement dans une même prise, je suis complètement immobilisée.
– Fils de... Lâche-moi !, criai-je après l'armoire qui me ramène dans la cave.
Mike, le visage plein de haine et un sourire carnassier, me fait face, la seringue en main.
– Tu vas me le payer. Tu avais déjà une double dose de sédatif. Bon courage pour bouger avant demain. Je vais revenir, et accroche-toi. Matt, attache-la fermement au sol. Que personne ne vienne la détacher. Quoi qu'il arrive, je veux la voir enchaînée !
Je me débats de toutes mes forces, ignorant la douleur. Il s'approche de moi, me crache au visage avant de me piquer dans le bras. Il recharge la seringue pendant que son homme m'attache de nouveau à l'anneau au sol. La seringue met plus de temps à faire effet, mais je sens mes forces me quitter.
Je retiens les larmes qui menacent de couler sur mes joues alors que Mike revient vers moi avec une nouvelle seringue. Il me plante la cuisse avant de jeter la seringue et de se diriger vers la porte.
– Amuse-toi bien, murmure-t-il avec un sourire joyeux.
Je l'insulte, le menace, lui crie dessus tandis que je gis allongée sur le sol, la tête face à la porte. Une fois certaine que personne n'est derrière la porte ou dans les escaliers, je craque.
Je laisse les larmes que je retenais difficilement couler. Je ne sens plus mon corps et ne parviens plus à atteindre Kiara. Je suis à peine couverte, inerte sur un carrelage froid, attendant mon heure. Mon espoir m'a quittée. Je n'ai plus aucune motivation, aucune force en moi. Comment vais-je pouvoir m'en sortir ? Le temps qu'Azrael me retrouve, je serai déjà morte.
Je pleure sans cesse. Pour mon sort et celui de tous les loups de la meute. Pour Carmen, Eve, Azrael, Calel, Matthew et Louis. Toutes ces personnes que j'ai rencontrées et auxquelles je tiens. Tous ceux qui m'ont soutenue, encouragée et que j'aime.
Je pense à Azrael, qui doit être inquiet de ne pas savoir où je suis. Il risque de mourir par ma faute, par mon incompétence, mon manque d'entraînement.
Je ne manque pas de détermination, mais je n'ai pas les connaissances pour me battre. Même sous forme de louve, je n'ai su me sortir de ce pétrin.
Mes larmes cessent peu à peu alors que je ne ressens toujours rien. Je ne sais pas combien de temps passe, mais le soleil est moins présent dans la cave. Peut-être une ou deux heures se sont écoulées quand j'entends des pas dans les escaliers. Je n'ai toujours pas retrouvé de sensations, je suis encore paralysée. Qu'a-t-il fait pour que je ne bouge pas depuis deux heures ?
La porte s'ouvre et je ne veux qu'une chose, mourir. Mon cauchemar va recommencer et je ne peux absolument rien faire pour sortir d'ici.
– Coucou ma princesse, tu es prête à jouer avec tonton Rob ? Tu m'as tant manqué ma douce. Susurre mon oncle en refermant la porte derrière lui.
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Enchaîné à son Destin
WerewolfPour notre espèce, la quête de l'âme sœur est une quête sacrée. C'est un principe immuable - sans notre moitié destinée, nous ne pouvons être entiers. Ainsi, nous consacrons nos vies à rechercher cette part de nous. Choisis par notre déesse la Lune...