Chapitre 34 : Sang

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Je monte les escaliers un pas après l'autre. Les premières marches sont difficiles, mais plus je monte, plus je sens l'énergie revenir en moi. Une fois la dernière marche passée, je souffle longuement, remplissant mes poumons d'air. J'essaie de contacter Kiara et sens sa force envahir mon corps.

Même si nous ne pouvons pas encore communiquer, elle est là, prête à m'aider.

J'entrouvre la porte pour jeter un œil à l'intérieur de la maison. J'entends ma tante discuter avec Mike, leur dispute me parvient de façon indistincte. Je me décide à avancer dans le couloir, presque sur la pointe des pieds. Je redécouvre cette maison qui a vu ma jeunesse, accueillant mes pires cauchemars, n'évoquant en moi que de mauvais souvenirs. Peu de choses ont changé, mais je ne m'attarde pas sur l'environnement. Mon seul objectif est de sortir d'ici, trouver Azrael, puis détruire cette baraque et tous ceux qui y vivent.

Je tourne à droite au fond du couloir pour rejoindre la cuisine. Je sais qu'il y a une porte qui sera peut-être moins surveillée que la porte principale. Je passe la tête par l'entrebâillement et vois que la cuisine est vide. Intérieurement, je saute de joie avant de m'approcher de ma liberté. La main sur la poignée, je remarque la neige épaisse à l'extérieur. Peu sensible au froid, être presque nue reste une mauvaise idée. Tant pis, je préfère mourir de froid que de leurs mains.

Je tente de sortir, mais la porte est verrouillée. Je jure entre mes dents. Avec toute ma force, je tire pour la briser. Dans un élan de rage et de désespoir, je l'arrache de ses gonds. Poussant tant bien que mal, je me mets à courir dehors. J'ai fait trop de bruit, ils vont se ruer vers la cuisine.

Cela ne manque pas. Quelques instants plus tard, alors que je cours vers la forêt, j'entends le cri de rage de ma tante. Les oiseaux s'envolent tandis que je cours aussi vite que je peux. Heureusement que j'ai mes chaussures, le froid brûle ma peau à chaque pas, mais je ne faiblis pas. Un coup de feu me fait sursauter alors que j'atteins l'orée de la forêt. Sans regarder en arrière, je me précipite dans les bois. Le silence m'envahit et me réconforte tandis que je cours sans savoir où. Au loin, j'entends le rugissement d'un quad dans la neige.

Je fais appel à Kiara mentalement pour nous transformer. Un sourire naît sur mes lèvres alors que mon corps commence à se métamorphoser et que je l'entends dans mon esprit.

– On va s'en sortir, Lilya, je suis là.

– Je sais, à deux, nous sommes plus fortes.

Nous courons dans la neige, mon corps réchauffé par notre épaisse fourrure. Blanche dans la neige, je suis ainsi moins visible. Kiara se débarrasse des lambeaux de vêtements qui nous couvraient un peu avant de se tapir dans la neige. Nous n'arrivons pas à briser les chaînes qui enserrent mon cou et mes poignets. Je suis lacérée à chaque pas, à chaque mouvement, mais je n'y fais plus attention. Je reste sur mes gardes, observant les environs. Les bruits du quad résonnent dans la forêt et je ne peux déterminer avec précision leur position. Tout à coup, d'autres bruits se joignent au premier.

Merde, ils sont plusieurs. Je me mets à courir plus vite pour distancer leurs véhicules. Je ne connais pas la forêt et cours à l'instinct. J'atterris dans une clairière et regarde de chaque côté. Je dois choisir une direction pour leur échapper. D'un coup, un quad se fait entendre nettement derrière moi. Fait chier, ils ont trouvé mes traces. Je fonce droit devant moi sans réfléchir davantage. Le bruit du moteur devient de plus en plus fort à mes oreilles. Je jette un coup d'œil derrière moi et constate la présence de trois véhicules.

Je cours le plus vite possible, haletante sous l'effort et l'énergie que je mets dans ma course. Je n'ai pas mangé depuis un moment, je n'ai pas bu, et la torture que m'a infligée ma tante se fait encore sentir. Je fais de mon mieux. Je cours, je slalome, je leur fais des feintes pour les semer. Mais je perds du terrain. Malgré la route escarpée qui leur complique la tâche, je fatigue trop rapidement.

Enchaîné à son DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant