Il ne revient nous voir que le lendemain. Je ne sais toujours pas quel moment de la journée, nous sommes, le temps semble comme suspendu sans réelle conscience.
– As-tu bien dormi princesse ?
Je frissonne à l'entente de ce surnom de sa bouche. La haine qui brûle en moi devient plus vive, une flamme ardente que je peine à contenir. Chaque fibre de mon être se révolte contre sa présence, mais je garde le silence, me contentant de le défier du regard. Il ne le sait pas, mais me garder ainsi prisonnière n'est pas un avantage pour lui. Jouer ainsi de mes terreurs, je ne saurais me retenir bien longtemps. Je ne réponds rien, le défiant du regard.
- Je vois que tu ne veux toujours pas me parler. Sache que ton cher Azrael a eu mon petit mot. J'espère qu'il est en colère. Mais je dois lui apporter une preuve autre que le sang, après tout, il doute encore que ce soit le tien... Il ne tient surement pas tant que ça à toi au final.
Je décide de rester silencieuse. Ce n'est pas le moment de lui répondre, cela serait rentrer dans son jeu et c'est bien trop simple. Je m'installe confortablement, le corps le plus détendu possible. Mon regard rivé sur lui alors qu'il me fixe d'un air enjoué. Heureux d'avoir rendu fou Azrael.
Je ne doute pas un instant que d'apprendre que je suis entre ses mains a dû faire entrer dans une colère noire. Mais je suis bien plus réservé quant à sa réelle réaction.
- Tu es bien silencieuse aujourd'hui. Pas grave, je parle pour deux. Une simple photo ne serait pas amusante, tu ne trouves pas ? Une mèche de cheveux, un doigt peut-être ? Ah, mais tu ne portes pas de bijoux... Dommage.
Il s'approche de moi afin de venir observer la blessure qu'il m'a fait la veille en me poignardant l'avant-bras. Un frisson de dégout parcours mon corps alors qu'un mouvement en arrière trahi mon inquiétude à son approche.
Un haussement de sourcil, il me fixe attentif. En effet, ma peau est redevenue comme avant, sans aucune cicatrice ni traces qu'il ait pu me blesser.
- Oh, mais que vois-je ? Absolument rien. Cela est tout à fait inhabituel. Même chez les loups, nous guérissons vite, mais pour une entaille pareille, il t'aurait fallu deux, trois jours avant de cicatriser et jamais entièrement au vu de la plaie. Mais c'est incroyable ! Je vais m'amuser avec toi ! Et tu crois que si je te coupe un doigt, il repoussera ?
Je me fige et frémis à ses mots. Son attitude, ses propos, ses mots sont les mêmes que ceux de ma tante. Elle me disait la même chose. Elle essaie la même chose. Tester les limites de mon corps, faire repousser les membres et voir comment guéri la bête de foire que je suis.
Je grogne en m'approchant vivement de lui comme si mes crocs allaient pousser afin que de le mordre. Il ne m'évite que d'un cheveu un sourire sur le visage de me voir réagir. Il joue avec moi, je le sais.
- Non, mes membres ne repousseront pas, je cicatrise. Vite. Sors-moi d'ici que je te montre en combat ce que je vaux. Histoire que je supprime définitivement ce sourire de ton visage.
Ma répartie sèche et agressive ne donne pas le rendu souhaité. En effet, Rémi loin de se sentir toucher ou même surpris me regarde simplement de manière inexpressive avant d'exploser de rire.
Il s'approche à nouveau de moi avec son couteau, me coupe une mèche de cheveux puis repart vers la sortie.
– Tu as raison, on va te faire sortir d'ici après tout. Ne t'inquiète pas, tu ne pourras t'enfuir de ma propriété. Et ce sera un plaisir de montrer à notre cher Azrael que tu es ici de ton plein gré, n'est-ce pas ?
Un sourire en coin ancré sur son visage, il ouvre la porte pour sortir, ma mèche de cheveux toujours dans sa main.
Je reste abasourdie, scrutant la porte désormais fermée et ne pouvant détacher mes pensées de cette mèche de cheveux désormais entre ces doigts. Preuve indéniable de ma présence ici. Mon esprit se met à tourner à toute vitesse, essayant de comprendre ses intentions, de deviner son prochain coup.
VOUS LISEZ
Enchaîné à son Destin
WerewolfPour notre espèce, la quête de l'âme sœur est une quête sacrée. C'est un principe immuable - sans notre moitié destinée, nous ne pouvons être entiers. Ainsi, nous consacrons nos vies à rechercher cette part de nous. Choisis par notre déesse la Lune...