Enchaîné à son Destin

Chapitre 27 : Lendemain

Je me réveille doucement en même temps que le soleil. Les yeux encore fermés, je me tourne sur l'herbe profitant de la rosée du matin sur mes poils. J'ai dormi sous ma forme de louve.

J'ouvre les yeux et regarde le soleil se lever lentement sur le lac qui s'étend devant moi. La tête posée sur mes pattes, je profite des animaux qui se réveillent peu à peu.

Repenser à notre dispute de la veille me tord l'estomac. Je souffle longuement réveillant un crapaud en train de se réveiller près de l'eau. Je ne sais pas quelle heure, il est, mais je n'ai pas envie de retourner à la maison. Enfin, la demeure, ou sont installés mes affaires.

Je reste ainsi, allongé pendant un long moment mon esprit perdu, le regard sur l'eau bleu. Finalement, je me lève pour prendre la direction du retour. Je dois prendre une douche et manger quelque chose. Kiara chasserait bien, mais j'ai envie de prendre une bonne douche et même elle, en a envie.

Un détour me permet de me défouler. Galopant le plus vite que je peux, prenant appuie sur des rochers ou des arbres couchés pour sauter et dépenser un maximum d'énergie. Passer autant de temps à se défouler afin de rentrer à la maison de la meute, apaisée. Malgré les muscles et le corps fatigué par l'effort. La fourrure emmêlée et pleine de branchage mon cerveau tourne encore en boucle sur les paroles d'Azrael.

Je m'arrête de courir à la lisière du centre du village. Je sors de la forêt toujours sous ma forme de louve. La meute se réveille et quelques personnes sont déjà dehors en train de vaquer. Quelques enfants sur les jeux me regardent avec de grands yeux. Il est vrai que sous notre forme de loup, on est imposante. Kiara fière lève la tête marchant doucement pour montrer sa taille et son pelage blanc. Avec les yeux bleu clair, je sais que nous sommes des loups rares. Peu de loup ont le pelage blanc, il en existe presque plus. D'après les légendes, ils posséderaient des pouvoirs. Beaucoup ont ainsi voulu tuer les loups blancs afin de récupérer leur fourrure pour avoir de la chance ou réaliser des sorts.

J'arrive finalement devant la maison. Je ne peux pas me transformer et risquer de me retrouver nu devant les enfants. J'ouvre difficilement la porte avec mon museau et entre lentement à l'intérieur. Le silence m'accueille. A pas feutré, je monte les escaliers afin de monter jusqu'à ma chambre. Quasiment arrivé à la porte, je me stoppe. J'entends un bruit et me retourne. Je me retrouve face à Eve. Sans un mot, elle me fait signe de la suivre, ouvrant la porte de sa chambre à l'étage au-dessous.

Un coup d'œil vers ma porte, je décide de la suivre. Il est encore tôt et je ne veux pas me retrouver face à Azrael pour le moment.

Je descends les quelques marches qui nous séparent avant de me glisser dans sa chambre. Elle me tend un peignoir et je me transforme avant de l'enfiler. Debout fac à elle, je la regarde en silence.

Elle a voulu me faire entrer dans sa chambre, je pense qu'elle a une bonne raison. À moins qu'elle décide d'utiliser ma faiblesse pour me tuer.

– Assis toi, je me suis dit que tu préférais être ici au lieu de te retrouver aussi vite face à lui. Dit-elle avant de s'assoir sur le lit.

Je m'installe sur le sofa en face du lit avant de demander :
– Merci d'y avoir pensé. Mais que sais-tu exactement ?
Eve rit doucement avant de me sourire gentiment.

– J'ai tout entendu de votre dispute hier soir. Vous faisiez tellement de bruit que je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter.
– Ah, je vois. Donc, tu as écouté derrière la porte ?, dis-je, contrariée par son manque de respect pour notre vie privée.
– Pas besoin de m'approcher de la porte. J'étais assise dans le salon en face, et j'ai tout entendu.

Mon regard noir rivé sur elle, je ne trouve rien d'autre à dire que...

– Super.

Elle me sourit amusé avant de s'approcher un peu, s'essayant au bout du lit.

– Je te rassure, je suis d'accord avec toi. Je sais que nous sommes partis du mauvais pied toi et moi, mais ce qu'il t'a dit, ce n'est pas lui.

– Au contraire, c'est précisément ce qu'il pense. Il ne voulait qu'une âme sœur pour devenir fort voilà tout. Répondis-je la voix amère.

-Non. Je sais qu'il regrette chacun de ses mots, mais avec ce qu'il a vécu, tu peux le comprendre.

– Ce qu'il a vécu ?

- Il ne ta rien dit ?! Déclare-t-elle surprise.

- Je ne sais rien, je sais juste pour vos parents qui sont morts, mais rien de plus le concernant.

- Alors, tu ne sais pas pour Anae. Exprime-t-elle dans un souffle plus pour elle que pour moi.

- Non, je ne sais rien sur cette Anae ni ce que ça a à voir avec moi.

- Une fois que tu le sauras, tu comprendras sont points de vu et pourquoi il agit ainsi avec toi.

- Non, je ne comprends pas. Je ne comprendrai pas. J'ai dû faire un effort pour essayer de changer et mettre mes craintes de côté pour lui. Au final, il m'enlève à une vie que j'étais en train de construire pour m'emprisonner et ne me montrer aucun intérêt autre que celui d'une prisonnière de valeur.

Elle se met debout et souffle commençant à faire les cent pas dans la pièce. Je ronge mon frein, mes nerfs commençant à monter et ma colère à revenir. Je ferme les yeux quelques secondes prenant un peu de calme dans la réserve que j'ai fait en dormant dehors. D'un coup, Eve arrête de marcher et me fixe.

- Lilya, il faut que tu ailles lui parler. Il va pouvoir t'expliquer, mais je suis sûr qu'il ne veut pas te perdre et qu'il regrette ses propos.

- Cela ne les fera pas disparaître. Répliquais-je doucement.

- Je sais, mais cela te donnera une autre vision des choses et de ce qu'il a pu se passer dans sa vie.

- Mais est-ce qu'il se demande ce que cela peut faire sur la mienne ? Est-ce qu'il se rend compte de l'impact de ses propos ? Est-ce qu'il s'interroge sur ce que j'ai vécu ? Finis-je par dire presque dans un cri. Les larmes au bord des yeux, je les contiens. Je me lève à mon tour pour lui faire face. Étonnée tout d'abord, elle finit par adoucir son visage avant de poser sa main sur mon bras.

- Vous devez discuter tous les deux. Ce n'est pas possible de rester ainsi. Votre passé appartient certes à un autre moment de votre vie, mais vous devez en parler afin de connaître ces parties de vous. Je sais que notre relation a mal démarré, mais je t'apprécie. Je ne veux pas que vous vous blessiez avec mon frère.

- Il aurait dû m'en parler au lieu de me faire comprendre que je ne suis qu'un objet de pouvoir.

Je finis par reculer et m'approcher de la sortie. La main sur la poignée, je me retourne pour la regarder.

- Merci tout de même pour avoir essayé de me parler. Mais c'est à ton frère de venir faire le premier pas. C'est à lui de me prouver les choses. Ce qu'il m'a prouvé hier. C'est que je ne suis rien.

- Je sais, dit-elle. Mais il saura trouver les mots pour ne pas te perdre. Je serai là si tu as besoin de parler une fois votre discussion terminée.

- Merci Eve.

Je lui souris avant d'ouvrir la porte et la laisser dans sa chambre.

Je m'appuie sur le bois de la porte pour puiser un peu de courage. Finalement, je reprends mon ascension dans les escaliers. J'atteins la chambre et l'ouvre doucement. À ma surprise, la chambre est illuminée par la lumière du jour. Le lit est fait. La chambre est vide. Un sourire rassuré apparaît sur mes lèvres. J'ai un peu de répit avant notre discussion.

Je me dirige dans le dressing afin de prendre un jean et un pull avant de me diriger vers la salle de bain. Un bon bain va me détendre. Je sais que je ne fais que repousser le moment. Mais j'assume, je recule pour mieux sauter.

Je profite de la chaleur de l'eau, de la mousse sur ma peau et je ferme les yeux. Les cheveux remontés sur mon crâne en un chignon lâche ça fait bien une dizaine de minutes que je suis en train de cuire dans l'eau.

Je ne sors que vingt minutes plus tard lorsque l'eau commence à être trop tiède. Je prends le temps de me préparer, m'habiller avant de sortir de la salle de bain.

Une paire de basket plus tard, je suis à nouveau en train de descendre les escaliers.

Je cherche dans la maison puis me dirige vers le bureau et je toque.

– Entre.